Chapitre 19 : Les malheureux :

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Hans me berçait en me caressant le dos. A bout de nerfs, je finis par m'endormir, le visage crispé par les larmes. Quand je rouvris les yeux, le soleil était déjà bien haut dans le ciel. Elsa nous avait rejoints à l'arrière et logeait dans les bras de Mamie qui était toujours dans la même position depuis que nous avions quitté Kraberg. Elle me soutenait du regard cherchant à obtenir mon attention. A jamais vexée par son comportement de lâche, je tournai la tête complètement distante et me l'enfouis plutôt dans le creux du cou de mon beau prince. Sa respiration était lente tandis qu'il dormait la bouche ouverte. Je la lui refermai gentiment et observai le devant du traineau. Mes proches se rendormirent sauf Kristoff qui continuait de faire claquer les rênes. Pas une cerne ne siégeait sous ses yeux noisette alors que le soleil naissant reluisait sur ses cheveux mordorés... J'aurais pu retomber amoureuse tout de suite mais je m'étais attachée à mon amant depuis et j'avais fini par faire la part des choses. Être seule avec Hans m'avait ouvert un autre monde de l'amour tout aussi passionnel et inattendu. Pressentant que je l'observais le montagnard finit par répliquer assez brutalement :

-Nous sommes bientôt arrivés...Si sa Majesté veut bien se tenir tranquille.

-Et alors ? Qu'est-ce que vous voulez que ça me fasse ? Répliquai-je agacée, mon fiancé et moi, ne serons plus en paix à partir de maintenant...

Ma remarque le fit soupirer et il déclara encore d'une voix froide :

-Vous êtes décidément trop égoïste et immature pour que je vous raconte le nombre de fois où j'ai séché les larmes d'Elsa au cours de ces deux dernières semaines.

Un peu surprise, je ne répondis rien et jetai un coup d'œil à ma sœur. En cet instant, j'avais toujours énormément de rancœur envers elle et ma grand-mère. Elles m'arrachaient à des jours heureux où je m'étais enfin sentie utile en me mettant sur le même pied d'égalité que le reste de la population. Je savais que j'étais de très mauvaise foi et que notre fuite n'aurait pas tenu sur la durée mais j'aurais aimé que ce soit Hans et moi qui choisissions à quel moment nous allions revenir...

-Elle vous aime Anna... Même s'il y a eu cette dispute ma Déesse vous a pardonné l'erreur que vous avez commise, expliqua-t-il, j'ai cru qu'elle allait perdre le bébé quand elle a appris que vous étiez introuvable...Et pour le coup, c'est moi qui me serais fâché s'il leur était arrivé malheur.

Cela me fit drôle d'avoir oublié ce détail si bien que je parvins à articuler sans complètement y croire :

-Quand comptez-vous mettre mes parents au courant pour votre enfant ? Vous savez que ça va finir par se voir...

Ne s'attendant pas à cela, Kristoff blanchit immédiatement avant de maugréer à mon égard :

-Vous allez peut être vous en charger par esprit de vengeance... Il y a une chose que vous devez comprendre ce n'est pas un jeu. Quand votre tour viendra, aimeriez-vous que quelqu'un se charge de le dire pour vous ? Imaginez-vous un seul instant dans notre situation.

Posant sans m'en rendre compte mes doigts sur mon bas ventre, je songeais tout de suite que l'idée de porter un bébé ne me déplaisait pas, bien au contraire !

Après tout Hans et moi n'avions pas vraiment fait attention dans nos rapports depuis cette dernière partie du cycle... Il y a une chance sur deux Anna, pensai-je presque avec espoir tout en ne me faisant pas d'illusion. Tomber enceinte aussi vite et aussi facilement n'était bon que pour les romans de la Duchesse de Funningur ! Me perçant toujours du regard pour attendre une réaction de ma part, je lui rétorquai bientôt avec hargne :

-Croyez ce que vous voulez...Reconsidérez toute cette histoire en me faisant passer pour l'unique responsable...Je m'en fiche...Il n'empêche... C'est surtout vous qui avez votre part de responsabilité, il fallait penser à prendre vos précautions avant de faire tomber le barrage !

Retour vers le passé : Croqué par le crocusWhere stories live. Discover now