Chapitre 21 : Le plan des Picéaerd :

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Je fus réveillée en sursaut au beau milieu de la nuit, collée contre le torse nu d'Hans alors que j'étais moi-même en tenue d'Eve. Toute la journée d'hier me revint alors en mémoire et je me levai donc le plus silencieusement possible pour espérer voir Kristoff une dernière fois. Pas parce que je l'aimais encore mais pour être à l'écoute d'Elsa et l'accompagner dans sa douleur. M'enroulant uniquement d'une de mes capelines violettes, je sortis enfin de la chambre...Et percutai de plein fouet...Ylva qui s'était à moitié endormie.

-Je vois que vous n'avez pas perdu votre temps Madame Nordlys, chuchotai-je un peu fâchée en voyant les dessins de nos derniers moments d'intimité.

-Que veux-tu jeune fille ! On ne se refait pas à mon âge ! S'exclama-t-elle alors que je plaquais rapidement ma main contre sa bouche.

-Chut... Vous allez réveiller tout le château, maugréai-je.

Ne m'attardant pas à ses côtés, je la laissais ensuite en plan et me fondai dans le corridor alors qu'elle me courut après.

-Attends demoiselle...Où vas-tu ?! Questionna-t-elle, perturbée.

A cause de son boucan, je préférais presser plus vite le pas par peur de me faire prendre. La lumière reflétait des ombres sur les murs du couloir et la mienne se faufila ainsi jusqu'aux écuries. Seule Mamie Anna et Elsa se tenaient avec Kristoff. Soucieuse, mon aïeule lui donnait les dernières recommandations pour qu'il soit bien prudent. Puis elle leur laissa un peu d'intimité et se cala juste devant la grange en détournant le regard. Prise de sueurs froides car c'était en plein dans ma direction, je priai pour ne pas me faire prendre et fus même surprise qu'Ylva soit redevenue silencieuse. Ma grand-mère se retourna soudain dans ma direction alors que je bloquai ma respiration. J'attendis plusieurs secondes avant qu'elle ne se penche vers l'écurie et dise à nouveau :

-Kristoff...Je ne sais que trop ce que sait que ce sentiment de déchirure...Mais malheureusement, il est temps pour toi de partir !

La mort dans l'âme, le montagnard se détacha bientôt de ma sœur et son enfant avant d'être accompagné par Sven. Par précaution le traineau resterait là pour ne pas éveiller les soupçons. Elsa, elle-même au bord des larmes, tenait fermement la main de Mamie. Elle croyait pouvoir résister à une dernière envie de se fondre contre lui mais elle n'arriva pas à tenir dès qu'il passa la porte de l'étable. Laissant vite les doigts de notre aïeule en suspens, elle se rua une fois encore contre lui et ils se délivrèrent un autre baiser plein de fougue.

-Je...Je ne peux pas...Comment rester sans nouvelles de toi...Comment savoir lorsque tu seras bien arrivé ?! Lui demanda-t-elle en pleurs.

-J'ai un excellent moyen répondit aussitôt notre grand-mère avec un sourire malicieux.

Puis avant que je ne puisse bouger, elle se tourna dans ma direction et ajouta :

-Ma petite Piceaerd ! Sors de là !

Je me raidis immédiatement tandis que tous les regards se braquèrent vers moi. Je me dévoilai enfin, telle une petite souris alors que le rouge me monta aux joues.

-Je voulais dire « au revoir » aussi, me justifiai-je bien qu'elles n'avaient rien demandé.

Elsa et Mamie observèrent ma tenue mais ne firent aucun commentaire.

-Inutile de préciser ma petite Piceaerd ! J'espère juste que tu n'as pas laissé ce pauvre Hans tout seul juste après votre ébat, ajouta mon aïeule avec un sourire moqueur, une bonne épouse ne ferait pas ça ! Cela le vexerait fortement !

-Non ma Belle ! Il y a eu trois rounds avant cela ! C'est qu'il tient la route en fait le rouquin ! Nota bientôt Ylva qui se montra aussi par la même occasion.

Retour vers le passé : Croqué par le crocusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant