Chapitre 20 : 28 avril 1841 :

52 2 0
                                    

Mamie Anna soupira et se mordit la lèvre comme il m'arrivait de le faire. Toutefois elle ne dit rien. Trouvant son silence embarrassant, je me focalisai à nouveau sur ma sœur tandis qu'elle me regarda un peu fâchée et inquiète. Après un long moment, elle bredouilla doucement :

-Tu...Tu es sûre de toi, Anna ?

Hochant vigoureusement la tête, j'évitais ses yeux et murmurai :

-Oui je le sens depuis quelques temps... J'ai menti à Maman...Même en étant nulle dans mes calculs de cycle, je sais que je suis en retard de trois semaines. J'ai quelques symptômes... Des nausées, mal aux jambes...Les hanches larges...La poitrine extrêmement sensible... Ce qui m'étonne c'est que contrairement à toi où elle l'avait deviné depuis le départ, moi elle n'a rien repéré.

-...Oui...Il n'y a aucun doute donc, coupa Mamie Anna exténuée, toutefois...Puis-je me permettre de vérifier quand même ma petite Piceaerd ?!

Bien que gênée, j'étais déjà prête à baisser ma culotte pour qu'elle prenne contact avec mon chakra racine mais elle ne me laissa pas le temps de le faire. Sans aucune pudeur, elle plaça alors sa main contre mon bas-ventre et ferma les yeux. Par mimétisme, je fis pareil en ajoutant mes doigts et le souvenir de ma première fois le jour de mon anniversaire arriva en bribes dans ma mémoire.

-Alors Mamie ? Demandai-je avec impatience.

Sans répondre elle me guida et posa ma paume à l'endroit où elle avait mis la sienne quelques secondes plus tôt. Une petite fille d'une dizaine de millimètres dont le cœur battait à tout rompre apparut, me serrant la gorge d'émotions.

-Je vais avoir...Une fille ? Questionnai-je, très émue.

Ma grand-mère acquiesça en me prenant dans contre elle. Puis elle se tourna vers Elsa et reprit:

-Voudrais-tu savoir aussi ma grande Piceaerd ?

-Oh oui...Bien que je ne comprenne pas comment vous êtes capable de produire un tel exploit...Oui s'il te plaît, murmura-t-elle en hochant rapidement la tête.

Professionnelle, mon aïeule s'en chargea la première avant de m'inviter à poser les mains sur le bas ventre de ma sœur. Un souvenir d'elle et Kristoff, en plein milieu du barrage apparut, suivi d'un petit garçon qui était âgé d'un mois et demi de plus que l'enfant que je portais. Je lui annonçai toute heureuse. Elle fut plus réservée et ses larmes redoublèrent.

-Si...Si...Ça se trouve...Ce...Ce bébé ne verra ja...Jamais le jour, suffoqua-t-elle.

Sa remarque me broya l'estomac et je la calais contre moi avant de murmurer :

-Ne dis pas des atrocités pareilles s'il te plaît...On va trouver une solution.

-Vous ne me facilitez pas les choses toutes les deux en tous cas, nous gronda à nouveau Mamie, mais je suis de très loin la moins bonne personne pour vous juger...Et...Mes aïeux...Je donnerai n'importe quoi pour être en compagnie de votre grand-père en cet instant pour que nous-même succombions à une séance d'étreinte sulfureuse !

Un rire timide éclata de nos trois êtres. Puis je me raclai la gorge et m'enquis avec plus de sérieux :

-Ne t'en fais pas pour moi, je me chargerai d'en faire part à nos parents. Le plus important dans l'immédiat c'est la situation d'Elsa ! Je vais aller voir Père tout de suite pour la démêler !

D'une poigne de fer, ma grand-mère posa alors sa main sur mon épaule pour me stopper dans mon élan.

-Par pitié ma petite Piceaerd, si tu veux t'entretenir avec lui, ne mentionne surtout pas ta sœur, cela pourrait envenimer les choses ! Et puis, compte-tenu de vos états à toutes les deux, il vaut mieux lui rendre visite plutôt demain matin et dormir un peu.

Retour vers le passé : Croqué par le crocusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant