Chapitre 19 : Les malheureux :

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N'appréciant pas mes paroles, les yeux Kristoff me flamboyèrent. Pendant que nous nous confrontâmes tous les deux, j'essayais d'éteindre la peur réelle qui me poussait à être mauvaise envers eux. Je craignais le dénouement de cette histoire. Père était sanguin et n'aimait pas le montagnard. Je ne voulais pas qu'il leur fasse du mal. Semblant le comprendre aussi, les sourcils du jeune Bjorgman finirent par s'affaisser et il déclara bientôt d'une voix bourrue :

-Pardonnez-moi Anna, je suis allé trop loin... Nous sommes tous fatigués.

Je ne répondis rien mais approuvais du chef tout en observant l'horizon. Nous pouvions voir les premiers pavés d'Arendelle. Hans choisit ce moment-là pour se réveiller. Se relevant légèrement pour atteindre mon front, il me déposa un baiser et demanda :

-Sommes-nous arrivés ?

-Bientôt, murmurai-je.

-Tu as réussi à dormir un peu quand même ? Questionna-t-il encore avec tracas.

Je hochai la tête, toujours concentrée sur le paysage. Nous traversâmes le village dans le silence de l'aube. Plus nous nous approchions du château plus mes intestins se resserraient à l'idée d'avoir une nouvelle confrontation parentale. Mon prince me rapprocha de lui. Son teint était pâle aussi. Il allait sans doute se faire réprimander par ses vrais parents... Pourtant il me cacha son stress par un faible sourire. Nous nous serrâmes la main alors que le traîneau était presque arrivé devant les écuries.

Kristoff l'arrêta alors que je me sentis de plus en plus mal.

-Descendez ! Nous ordonna-t-il.

Veillant toujours sur ma sœur par le biais de son regard, il commença déjà à dételer les bêtes pour les mener vers l'étable. J'avais envie de le suivre mais Hans en décida autrement quand il me porta pour me déposer rapidement au sol avant d'enjamber à son tour le moyen de locomotion. Le montagnard revint à ce moment-là et réveilla Elsa et Mamie qui émergèrent quelques secondes avant de nous rejoindre au sol.

-Rentrez au château pendant que je vais ranger le traîneau, dit-il à nouveau.

Ma chère reine des neiges acquiesça. Sans nous prêter attention, elle et mon aïeule ouvrirent la marche. La fixant toujours avec un brin d'amertume, je sentais malgré tout que nous étions connectées. Oh oui...Je sentais nos auras décimées par la tension... Les minutes qui nous amenèrent jusque dans la cour du château semblèrent durer des heures. Chaque pas était un peu plus lourd si bien que j'avais l'impression de faire trembler la terre autour de nous.

A bout de souffles, nous nous redressâmes fièrement alors que Kay et Gerda venaient à notre rencontre dans le début du corridor.

-Seigneur ! Les voilà enfin ! S'exclamèrent-ils.

Ils accoururent, ne laissèrent rien transparaître, nous encadrèrent fermement par les épaules et nous amenèrent enfin dans le couloir de la mort. Nous arrivâmes dans la grande salle de bal où Papa et Maman assoupis sur les trônes, se tenaient dans les bras l'un de l'autre. Hans et moi retînmes notre respiration. Nos mains étaient moites. Nos cœurs battaient à cent à l'heure. Si seulement nous pouvions nous réveiller remplis d'amour dans notre petite maison de Kraberg!

Mais il n'en était rien. Kay se racla la gorge pour les réveiller. Ce fut l'ultimatum. Je manquai de faire une crise cardiaque au moment où ils ouvrirent les yeux tandis que le majordome annonça sobrement :

-Ses Altesses royales, les princesses Anna et Elsa d'Arendelle, le prince Hans d'Arendelle et Madame Anna Picéaerd !

J'eus soudain très mal au ventre mais à ma grande surprise, mes parents ne nous sautèrent pas dessus de suite.

Retour vers le passé : Croqué par le crocusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant