Chapitre 16

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Je me réveille, un peu déstabilisé. L'odeur ne m'est pas familière, j'ai du mal à ouvrir les yeux. La lumière me brûle la rétine, je préfère donc garder mes paupières fermées. J'entends un "bip" singulier, récurent. Je suis à l'hôpital? Je bouge faiblement les bras, je sens une perfusion, un tuyau dans mon nez. Effectivement, je suis bien hospitalisé... Pourquoi? J'essaie de me passer la scène qui m'a envoyé ici. 

Je suis sur un terrain. J'ai une discussion avec quelqu'un. Il me frappe. Quelqu'un me sauve. Argh. Mon crâne résonne, c'est pire que ma dernière gueule de bois. J'ouvre les yeux, en grand cette fois, bien décidé à revenir. J'essaie de me relever. Mes cotes me font mal. Ma respiration a l'air de siffler. Quelqu'un se tient dans l'embrasure de la porte, et s'enfuit en me voyant bouger. « Appelez un docteur, il est réveillé! » dit cette même personne. L'individu rentre alors dans la chambre. C'est un homme, la vingtaine, plutôt charmant et bien habillé. 

Inconnu
« Putain enfin. Tu m'as fait tellement peur Marco... »

Il me fait un sourire maladroit, mais assez craquant. Donc, je m'appelle Marco. Au moins une information que je n'ai pas à demander comme un abruti. 

Moi (hésitant)
« Désolé mais... Je me souviens de rien. Je ne sais pas qui tu es. »

Inconnu
« Merde... C'est pas vrai.. Tu me reconnais même pas? C'est Alex, mec! »

Moi
« Putain, ça me dit vaguement quelque chose... J'essaierai de me rappeler mais là j'ai trop mal au crâne, désolé. »

Alex
« Prends le temps qu'il te faut. Je suis là pour... »

Médecin (l'interrompant)
« Bonjour messieurs. Puis-je me retrouver seul avec le patient? »

Alex (quittant la pièce)
« Bien entendu. »

S'en suit alors un dialogue assez banal. Il me demande ce dont je me rappelle concernant mon "accident", à propos de mon identité, de ma situation familiale. Je ne me rappelle de rien. Sauf de ce combat. 

Médecin
« Très bien. Vous avez eu un grave traumatisme crânien. Vous êtes restés trois jours dans le coma. Vous avez quelques côtes fêlées. Etant donné que votre accident est lié à une bagarre, la justice s'est emparée de l'affaire. Pourriez-vous distinguer l'auteur des coups? »

Moi
« Vaguement. Ses traits ne me seront pas inconnus en tout cas. »

Médecin
« Parfait. M'autorisez-vous à les contacter pour leur enquête? Ils devraient passer d'ici demain. »

Moi
« Oui, ne vous inquiétez pas. »

Médecin
« Je les contacterai alors. D'ici là, reposez-vous. Vous avez aussi quelques visiteurs qui devraient passer, mais vous devrez parler d'abord à la police. »

Moi
« D'accord, merci Monsieur. »

Il quitta alors la pièce. Alex revient. En me racontant sa vie, il m'est de plus en plus familier, c'est si frustrant! Il me donna mon téléphone, mon doigt le déverrouilla, et mon fond d'écran est apparu. Je suis avec Alex, devant la Tour Eiffel. Cette soirée me revient, c'était pour la finale de l'Euro 2016. Mais oui! Alex est comme mon frère! Je me rappelle de lui! Il m'a beaucoup aidé, en particulier pour une rupture... Une rupture avec... Comment elle s'appelle déjà... Elise! Elise, que j'ai quittée pour aller travailler chez les Bleus. Tout s'enchaîne! Ma rupture avec Elise, mon nouveau travail, ma bisexualité qui a causé problème, mais tout s'est arrangé avec un des beaux footballeurs qui est même parfois ambiguë avec moi. Merde. Ce travail. J'étais stagiaire. Alex ne put pas rester longtemps du fait de l'enquête, il avait déjà beaucoup négocié avec le médecin qui accepta de garder le secret. 

Je m'endormais rapidement, et fus réveillé par un agent de police. Ils étaient très sympathiques. Ils prirent ma déposition, je réussissais à identifier mon agresseur. Il s'appelle Adrien visiblement. Oui, ça me dit quelque chose; Adrien Rabiot! Ils prirent ma déposition et s'en allèrent en me souhaitant un bon rétablissement. 

Alors que je m'endormais à nouveau, je sentis un contact délicat sur mon avant-bras. Mes yeux restèrent fermés sur le coup, j'appréciais ce sentiment, cette douceur, cette chaleur...

?
« Ah non, non. J'attends ça depuis trois jours, tu vas pas te rendormir quand j'arrive. »

Je reconnais cette voix. Je sentais l'homme sourire dans son intonation. 

Moi
« Mes yeux sont trop lourds, je crois que je vais rester encore un peu comme ça. »

J'ai vraiment dit ça à voix haute?

?
« Prends le temps qu'il te faudra pour les ouvrir. »

C'est moi ou il me fait des papouilles sur l'avant-bras? Je dois avouer que c'est mon point faible, je m'endors instantanément. Lorsque j'ouvre les yeux, j'aperçois, assis sur une chaise, un homme d'un certain âge. Ce n'est pas quelqu'un de ma famille. Je crois que je n'ai plus de famille... Il me regarde et me fait un grand sourire. 

?
« Dis moi, ça faisait longtemps! Comment tu te sens, Marco? »

Moi
« Je vais bien, merci. Je suis désolé, mais je ne vous reconnais pas Monsieur. »

? (souriant)
« Effectivement, tu as déjà oublié les règles que je t'ai données lors de ton premier jour de travail.»

Moi
« Didier! C'est bien ça? »

Didier
« Effectivement. Tu nous as fait bien peur. »

Moi
« Je suis sincèrement désolé. Je suppose que mon stage a pris fin avec cet incident. »

Didier
« Pas exactement. Ton travail est très propre, et surtout, tu as pris de l'avance. J'ai assuré les séances à ta place. Je n'avais aucune raison de te remplacer aussi rapidement. »

Moi
« Merci beaucoup... Mais j'ai détruit l'harmonie de l'équipe, je ne mérite pas vraiment ma place. »

Didier
« Bien au contraire, il n'y a qu'un élément que tu as éliminé. Les autres sont restés soudés face à cette épreuve, ils tiennent déjà à toi apparemment. Lorsque tu iras mieux, et que tu sortiras, tu devrais passer dans mon bureau. Je te laisse, il y en a d'autres qui veulent te voir! »

Il s'en alla, et je reconnus instantanément Paul. Grand sourire aux lèvres, un énorme ourson dans les mains.

Paul
« Je sais, c'est cliché, mais au moins tu seras jamais seul avec ça! On l'a appelé Grizzli. Tu peux le renommer si tu le souhaites, mais il pourrait ne pas aimer ça. » (il rigole)

Moi (rigolant aussi)
« Merci les gars, c'est vraiment gentil. Mais c'est pas parce que j'aime aussi les mecs qu'il faut me faire les mêmes cadeaux qu'à une meuf, hein! »

On rigola alors. On parla pas mal, il s'excusait pour tout ça, ils s'en voulaient tous de ne pas être restés, mais je me rappelle avoir insisté pour gérer ça seul. Les visites passèrent, des joueurs de l'équipe, des membres du staff, Alex, enfin bref, un joli petit monde!

Je crois juste ne pas avoir vu ce fameux joueur avec qui je m'entendais bien, il doit penser que ça fait trop PD de venir me voir. Après cette longue journée, je m'endormais tranquillement.

22/11/2016, 15h

Je ne suis pas resté suffisamment longtemps dans le coma pour avoir de lourds dégâts. Je n'ai pas besoin d'une grosse rééducation, je sortirai d'ici 2-3 jours. Je suis normalement en arrêt, mais j'ai préféré faire ma convalescence à Clairefontaine. Didier est d'accord avec ça, je n'ai pas besoin de soins mais simplement de me "reposer". Impossible pour moi de faire tout ça. J'étais dans mes pensées, quand on toqua à ma porte.

?
« T'as enfin décidé d'arrêter de jouer à la Belle au bois dormant? »

C'est lui! Pourquoi son prénom ne me revient pas? C'est peut être le seul, d'ailleurs. Il a un sourire ravageur, une bouille d'ange, et un regard.. perçant? Troublant? Profond? Un peu de tout ça à la fois...

Dans tes yeuxWhere stories live. Discover now