Chapitre 21

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Je toque à la porte d'Antoine. Pas de réponse. Je toque plus fort, il semble jeter quelque chose contre sa porte.

Antoine (hurlant)
« FOUTEZ-MOI LA PAIX »

Moi (murmurant presque)
« Antoine, ouvre-moi s'il te plaît. »

Antoine
« Ah c'est toi en plus ? Va te faire foutre. Et écoute-moi bien. VA BIEN TE FAIRE FOUTRE. »

Nouveau fracas dans la chambre. Il faut que j'entre. Même technique que la dernière fois, j'ai le double. Mais quelque chose d'autre bloque la porte.

Antoine
« Pas deux fois, non. Dégage de là. »

Moi
« Je veux juste te parler, je veux savoir ce qu'il t'arrive. Je ne veux pas que tu te fasses de mal. »

Antoine
« Et moi, je veux juste que tu partes. Laisse moi tranquille. Ignore-moi comme tu as su le faire des semaines et des mois durant. Casse-toi. »

Mais... Pourquoi ?

Moi
« C'est facile de blâmer les autres. Tu n'as rien fait non plus pour me parler, non ? Arrête de faire ton gamin, laisse-moi entrer, sinon je vais chercher Didier. »

Antoine
« Fous-moi la paix, je t'en supplie. (il pleure) »

Je ne comprends pas. Je tente donc le tout pour le tout. Je prends mon élan, fonce dans la porte et réussis à entrer. Il avait mis une porte pour me bloquer... Il est sérieux lui ?

Antoine (fou de rage)
« J'ai dit DEGAGE ! »

Il me fonce dessus. Je le maîtrise comme je peux, et le mets à terre.

Moi
« Tu peux te débattre tant que tu veux, je ne te lâche pas tant que tu ne t'es pas calmé. »

De là s'enchaînent insultes et menaces que je ne calcule plus. Puis je le sens se calmer lentement. D'abord au niveau de son rythme cardiaque : je lui maintiens ses mains dans le dos d'une main, et son torse plaqué au sol de l'autre. Je sens donc son cœur battre. Puis, après son déversement de haine et de larmes, je le sens fatigué. Il balbutie de plus en plus, ses phrases sont moins cohérentes et comportent plus de bégaiements. J'attends encore un peu. Quelques minutes suffisent, il est redevenu calme. Je le relâche, il ne bouge pas du sol. « Pourquoi tu me fais ça... ». Il répète cette phrase, en boucle, comme dans un murmure. On dirait qu'il délire, je dois le ramener calmement à la réalité. J'établis un premier contact en lui touchant l'épaule. Il sursaute, mais continue de répéter sa phrase. Je la descends dans son dos, et le lui caresse peu à peu, en réconfort. Puis il repart en sanglot. Sa poitrine se soulève rapidement, il a un hoquet visiblement. J'entends qu'il prononce tout doucement « Je perds toujours tout, de toute façon. »

C'est trop pour moi, je tente de le raisonner.

Moi
« Dis moi ce qui ne va pas Antoine... Je suis là pour t'aider, pas pour me battre contre toi. »

Pas de réponse.

Moi
« Je t'ai déjà aidé auparavant, je peux le refaire. Je ferai tout mon possible pour que tu te sentes mieux. »

Il se redresse, me regarde. Ses yeux sont gonflés, rouges, son visage aussi d'ailleurs. Il me fixe même, et se relève. Je ne me sens pas à l'aise, j'ai l'impression qu'il va m'en mettre une. Il s'approche de moi, ma main s'approche de son torse pour l'arrêter. Au moment où ma main touche ses pectoraux en s'apprêtant à le pousser, sa main agrippe mon cou, et il m'embrasse. Un baiser long. Un baiser puissant. Ma main transforme alors ce contact en caresse, descendant le long de ses abdos pour lui attraper la hanche. Ce baiser semble être infini, puis il se sépare de mes lèvres. Et il me pousse. Assez fort pour que je tombe, d'ailleurs.

Antoine (s'énervant à nouveau)
« C'est ça que tu voulais ? Me rendre fou ? Me changer ? Putain, qu'est-ce que je viens de faire... QU'EST-CE QUE J'AI FAIT ? C'est de ta faute... Tout est de ta faute. Pourquoi tu joues avec moi comme ça ? Pourquoi ? »

Moi (incompréhensif)
« De quoi tu parles Antoine ? Je ne joue à rien ! C'est toi qui m'as embr... »

Antoine
« Arrête de faire comme si tu ne comprenais pas, tu me rends fou... Pourquoi tu ne m'as jamais répondu ? Pourquoi tu te tapes l'autre traînée qui tente de se taper toute l'équipe en un mois ? »

Moi
« Ne parle pas d'Isa comme ça, tu ne sais rien de tout ce qui s'est passé. »

Antoine
« Je sais que tu l'as baisée. Vrai ou faux ? »

Ok, je ne réponds pas, il m'a eu.

Moi
« Antoine, je veux juste comprendre. Je suis complètement perdu là... »

Je tente de m'approcher, de poser ma main contre sa joue, mais il la repousse dans un coup assez violent. Il me pousse hors de sa chambre, à nouveau. 

Mais putain, qu'est-ce qui vient de se passer ?

Le 19/10/2017, 20h

Nous sommes à table. Les joueurs sont toujours aussi fous, et aussi bruyants. Je mange avec le staff cette fois, avec Isa d'ailleurs. Elle ne semble vraiment pas m'en vouloir pour tout à l'heure. Et ça me rassure. Antoine n'est pas là d'ailleurs, personne ne semble s'en inquiéter. Le repas se termine, je lui prépare une assiette et la lui monte.

J'entre directement dans sa chambre, il dort, tout habillé. Sa chambre est un bordel monstre, une chaise traîne dans l'entrée, ses affaires sont éparpillées, un fauteuil est renversé contre son lit. Lui-même semble en pagaille, avec ses cheveux ébouriffés, sa bouche à moitié ouverte, son corps en travers du lit, habillé, comme s'il s'était écroulé après une semaine sans dormir.

Je m'assois au bord du lit et pose ma main dans ses cheveux. Je l'appelle gentiment, en chuchotant, et en lui faisant des papouilles dans les cheveux.

Moi (chuchotant)
« Antoine, il est l'heure de se réveiller. Il faut que tu manges un peu. »

Il se redresse, s'étire dans un grand bâillement, et me prend l'assiette des mains. « Merci » marmonne-t-il. Il dévore son assiette, et semble avoir encore faim. Je lui propose de descendre, j'allais aller fumer de toute manière. Il me suit.

Il trouve quelques fruits en cuisine, et les prend avec lui. Il mange sa pomme, et continue de me suivre jusqu'à la véranda.

Antoine
« Le procès est encore reporté. Ta copine est très forte, mais les avocats d'Erika sont atroces. Aucune pitié. Je n'ai quasiment pas vu Mia de l'année... Je n'en peux plus. »

Je lui fais une tape dans le dos, il se rebiffe.

Antoine
« Désolé, il va falloir oublier ce qui s'est passé dans ma chambre. »

Je ne lui dis rien, j'acquiesce simplement en tirant une nouvelle bouffée. 

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