Chapitre 10

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15/11/2016, 00h10

Je me rapproche doucement et prudemment de la personne. Je vois rien, je ne sais pas qui cela peut être. En tout cas, il/elle pleure beaucoup, en essayant de se retenir. 

Je reconnais Antoine de dos. Je ne sais pas vraiment quoi faire à cet instant. Je décide de repartir, silencieux. J'aurais aimé l'aider, mais je ne crois pas qu'il apprécierait mon coup de main. Je fais demi-tour, et crac. Une branche craque sous mon pied. Quel con, putain.

Antoine (sèchement)
« Y'a que toi qui fume ici, tu ferais mieux de dégager avant que je t'encastre gros PD. »

Il sait manier les mots quand il s'y met... 

Moi
« De loin, j'ai juste vu quelqu'un pleurer. Je voulais apporter mon soutien, mais quand je t'ai reconnu, je voulais partir discrètement. »

Antoine
« Discrètement? Avec une clope à la main? »

Touché, je devais être repéré depuis quelques instants... Merde.

Antoine
« Je mérite même pas la pitié d'une pédale? Putain, je suis tombé bien bas. Casse-toi. »

Moi
« Si t'essayais de m'écouter, tu pourrais comprendre Antoine. Ce n'est pas ce.. »

Antoine
« Ta gueule Marco, tu crois que l'on ne sait pas? D'abord le FaceTime à poil dans la piscine devant ton mec, ensuite le nombre de mecs que tu suis sur Instagram, ça va, je suis pas con. »

Moi
« Ce mec, c'est mon meilleur ami, mon frère. J'ai pas envie de me justifier, ni de te raconter ma vie. »

Antoine (de plus en plus énervé)
« Mais t'as surtout osé mentir pour te cacher, t'as peur de sortir du placard ou quoi? »

Moi
« Déjà, calme-toi. Je ne t'ai pas menti, j'ai bien perdu ma copine pour ce travail. Mais... »

Antoine (me faisant face)
« Tu es.. bi? Mais comment c'est possible? On ne peut pas aimer les deux, c'est complètement con. Faut faire des choix dans la vie. Et les bons. Allez, dégage. J'ai besoin d'être seul. »

Moi
« Un jour, tu comprendras j'espère. Sinon, ta vie est bien triste pour être aussi fermé d'esprit. »

Antoine (se levant de colère)
« Je t'interdis de juger quoique ce soit de ma vie. » (Il m'attrape par le col du t-shirt) « Tu ne connais rien, et tu ne connaîtras jamais rien de moi. » (Il me met un coup de tête et s'en va) 
« Vieille fiotte. »

Je suis un peu sonné. Mon front me fait mal, mon crâne résonne. Je m'attendais sûrement pas à ça, quel enfoiré. Mais ça ne me fait pas peur, bien au contraire. Je rentre rapidement, et vais à ma chambre. Je trouve des glaçons dans le mini-frigo, je mets le tout dans une serviette et l'applique sur mon front. Il ne faut pas que j'ai une quelconque trace de ça demain. 

Je repense à la discussion avant de m'endormir. Il a donc stalké mon Instagram, mes followers et mes abonnements?! Complètement fou ce mec. Il a l'air tellement renfermé, de la vieille école, alors qu'il est super jeune et dynamique. Je comprends rien. 

7h

Je galère à me réveiller, j'ai une petite migraine à cause de ce coup de tête. Je vais dans ma salle de bain choper un doliprane, pas de bosse apparente, juste quelques cernes. J'ai 2h devant moi, je fonce prendre un petit-déjeuner. Dans le couloir, je tombe sur Antoine, les yeux bouffis et rouges. 

Moi
« Antoine, t'es sûr que ça..  »

Antoine (soupirant)
« Ecoute, je suis désolé pour hier soir. J'aurais pas dû te taper, c'est contraire à mes valeurs. Pour répondre à ta question, non ça ne va pas, mais j'ai pas besoin de toi. Tu peux continuer ta vie. »

Je le laisse. Il finira par se calmer? Je l'espère en tout cas. Je mange, vais faire un petit footing d'une trentaine de minutes (la clope, ça tue), et pars me préparer. 

La séance se passe, toujours dans la même ambiance que la veille. Adrien et Antoine ne font aucune remarque déplacée, sont à l'écoute. Je suis assez surpris par ce professionnalisme. L'entraînement se termine, tous ont les cuisses et les mollets détruits. Je suis fier du résultat. 

Les joueurs partent à la douche. Griezmann reste à l'écart du groupe. Son regard parait si vide. Je décide de le laisser. 

13h30

Je refais un débriefing avec Didier après le repas. J'en profite pour lui parler de mon inquiétude pour Antoine. Il l'enverra voir la psychologue du groupe afin de le soulager un peu. 

Je continue de préparer mes entraînements pendant l'après-midi et profite de mon avance pour faire une séance de musculation. La salle est équipée à la perfection, machines neuves, sophistiquées, tout ce qu'il me faut. Je me vide la tête, je me défonce sur chaque exercice. Je sors de là, mort, mais totalement libéré. 

17h

Je remonte, Antoine est encore dans le couloir, au téléphone. Je le regarde à peine et le laisse tranquille. Depuis l'Euro, il est devenu le chouchou des Français comme ils aiment dire. Qui dit chouchou dit forte exposition : tout le monde sait qu'ils se sont quittés, sa copine et lui. Mais cela remonte à quelques temps maintenant. Pourquoi autant de tristesse d'un coup? Après tout, ce sont ses histoires personnelles. 

Arrivé à ma porte, j'aperçois Kylian, en mode espion. Je le regarde, amusé, et celui-ci me fait un petit clin d'oeil signifiant poliment « Ferme ta bouche Marco ». Je lui réponds par le même geste, et m'en vais me doucher. 

18h

Il me reste une heure à tuer. Puis quelqu'un frappa à ma porte. Je m'approche de la porte, l'ouvre, et le regarde d'un air interrogateur. 

Dans tes yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant