Chapitre 50

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Suite du flashback, 09/03/2018, 23h50,

Le bouton de mon étage s'allume. Sachant que je suis au-dessus du sien, soit il le sélectionnera, soit il me suivra dans ma chambre. Les secondes passent, les portes se ferment, toujours rien. Le silence est pesant, je ne le sens pas à l'aise. Même si je voulais le laisser faire, je ne peux pas m'en empêcher.

Moi
"Du coup, tu viens à mon étage ?"

Antoine (pensif)
"Pourquoi, ça te dérange ?"

Moi
"Calme-toi, je ne sais pas comment agir exactement. Je sais que tu es énervé donc je ne ..."

Antoine (sèchement)
"Ouais ok, je vais dans ma chambre."

Moi
"Non Antoine, je n'ai pas dit que c'était ce que je voulais ?"

Antoine
"Non, mais tes réactions le laissent comprendre."

Moi
"Viens en parler dans ma chambre. Je ne veux pas te laisser rentrer sur ça."

Antoine
"A peine retrouvés qu'on se retrouve déjà dans cette situation ... Tu vois, c'est ça qui m'énerve."

Moi
"Euh ... Explique ?"

Antoine
"Toujours, ça sera toujours comme ça. Toujours à se cacher, toujours à nier, toujours à être coincé ..."

Moi
"Et donc ne jamais assumer ?"

Antoine
"Pour toi c'est simple d'assumer. Tu ne vas pas te manger une pression internationale. Personne ne va arriver et te dire que tu es contre-nature, que tu n'as pas ta place là où tu es, que tu devrais mourir... Je connais les fans, la fédé, même les joueurs ! Tout le monde est comme ça."

Je ris nerveusement. Je sens un oeil se remplir d'une pauvre larme. Je l'essuie discrètement avant de me mettre face à lui. 

Moi
"Donc parce que je ne suis pas célèbre, mon coming-out est plus facile ? Tu as une idée de ce qui s'est passé à ce moment là dans ma vie ? De ce que j'ai subi pendant des années ? Tu n'en sais rien. Tu ne peux pas comparer ta situation à la mienne, ni ta gestion d'un coming-out à la mienne. Tu ne te sens pas prêt à le faire ? Très bien ! Prends ton temps. Trouve le moment où tu le seras. Mais ne viens pas parler de choses que tu ne connais pas."

Il reste bouche-bé, il comprend très vite qu'il a dit une bêtise. 

Antoine
"Marco, vraiment je suis désolé, je ne voulais pas que ..."

L'ascenseur arrive à son étage.

Moi
"Laisse tomber. Bonne nuit Antoine."

Je fixe le sol, je n'ai nullement envie de croiser son regard. Un silence se fait, il répond d'un timide bonne nuit et sort de la cabine. J'arrive à mon étage, prends une bonne douche, et pars me coucher. 

Une heure plus tard, mon téléphone vibre. Un message d'Antoine. Je soupire et finis par le lire. 

"Marco, je ne savais pas que ton coming-out ne s'était pas bien passé. Je n'aurais même pas dû l'insinuer. Je ne voulais pas te porter atteinte, ni te faire du mal. J'ai réagi à chaud, j'ai réagi avec de la peur. Je ne suis pas prêt, je ne sais pas si je le serai un jour. Je sais juste que ce que je ressens, c'est fort. Et je veux le vivre avec toi, même si ça me terrifie putain. Je ne sais pas où ça peut mener, ce que ça pourrait me coûter, te coûter aussi, je ne sais pas. Je n'ai pas peur de l'inconnu, j'ai peur de tout perdre, et de te perdre toi. Que tout ça te fasse du mal. Et tu ne le mérites pas. Si tu acceptes de me suivre, tout ne sera pas rose. Cette relation n'aura rien à voir avec celles que tu as pu connaître. Il y aura forcément du bonheur, je t'en couvrirai, autant que d'amour. Mais il y aura des mauvaises passes, et je ne peux pas les nier."

Dans tes yeuxWhere stories live. Discover now