Confinement

Jeudi 2 avril 2020 (J+16) - Louis Tomlinson

   « Qu'est-ce que tu fais pour t'occuper ?

   - Oh bah tu sais, les choses habituelles : un peu de guitare, je lis, je regarde des trucs sur Netflix... »

Ce midi, pendant ma pause, Liam a pu m'appeler. Ça m'a fait beaucoup de bien d'entendre sa voix en décrochant. J'avais besoin de ça.

Je ne lui ai posé aucune question sur son boulot. Le pauvre, ses conditions de travail doivent tellement être compliquées... Je préfère ne pas l'emmerder avec ça. Et justement, discuter de tout et de rien avec lui, comme on a l'habitude de le faire, ça fait du bien. Ces derniers jours, mes angoisses se sont renforcées. Et ce n'est pas d'être au contact du public tous les jours que ça va arranger les choses. Mais j'essaie d'y penser le moins possible, bien que, parfois, ce ne soit pas facile. Pour le moment nous ne comptons aucun cas de cette fichue maladie parmi les employés. En revanche, nous ne pouvons connaître l'état de santé de nos clients et c'est ça qui est anxiogène.

   « Et le roman que tu as commencé, celui qui se passe en Ecosse... Tu as continué ?

   - Oh, ça... »

À vrai dire, j'étais étonné qu'il m'en parle. Je ne pensais pas que cette... chose avait retenu son attention.

Quelques mois en arrière, j'étais parti en Ecosse, seul. J'avais décidé ça un peu sur un coup de tête et j'en étais revenu ravi. Ce voyage m'avait fait grandir et, empli d'une force nouvelle, j'avais imaginé une histoire d'amour impossible entre une belle anglaise et un highlander durant la bataille de Culloden. Je m'étais cru possible d'écrire alors j'avais ouvert une page Word sur mon ordi et j'avais commencé mon petit truc. Truc dont je n'étais pas du tout fier, mais que j'avais quand même donné à lire à mon frère qui avait été très étonné de ma requête. Mais il avait pris son rôle de relecteur très à cœur et, seulement quelques jours après, je recevais par mail les trois premiers chapitres de l'histoire corrigés et avec quelques petites annotations de modifications à apporter.

Depuis, je n'avais jamais retouché à ce texte.

   « Oui, ça. Tu l'as continué ? Je crois que ça me ferait du bien de lire un peu...

   - Tu as une liseuse, tu peux avoir tous les bouquins que tu veux là-dessus. »

Je l'entendis soupirer.

   « Mais je m'en fous des autres livres, Louis. C'est ton histoire que je voudrais. Elle avait un chouette début et je suis certain que ça pourrait donner quelque chose de bien !

   - Pas au point de me faire éditer ! ricanais-je.

   - Non, effectivement, peut-être pas à ce point-là. Mais ça ne te ferait pas plaisir de te dire que tu as été capable d'écrire une histoire de A à Z ? Que c'est ton imagination qui l'a créée ? »

Ouais c'était carrément tentant. Mais je n'étais pas certain de pouvoir m'y remettre. Ma tête était embrumée avec toute cette situation. Je ne sais pas si j'allais être capable de me poser, de souffler assez longtemps pour être capable de me plonger sur cette histoire.

   « Tu sais quoi, dimanche soir j'ai intérêt à recevoir au minimum la moitié d'un chapitre par mail.

   - Sinon quoi ?

   - Sinon je te botte le cul dès qu'on pourra se revoir. »

Bon, et bien, il ne me laissait pas vraiment le choix...