CHAPITRE 42 Suite

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Aujourd'hui, Dimanche 5 février, 5h32...

Miguel me serre tout contre lui alors que je suis sans réaction face à ce que je viens de raconter. C'est comme si j'étais totalement étrangère à tous ces souvenirs. Comme si rien n'était réel, du moins, c'est comme si je ne l'avais pas réellement vécu. Je ne sais pas comment le décrire, c'est si déroutant ! Pourtant, tout mon organisme, hormis mon esprit, semble bien affecté par ces événements. Je suis consternée et complètement sous le choc ! Tous mes membres sont engourdis, mon cœur parait s'être arrêté, je me sens soudainement en lévitation... Autant pour moi, ce n'est que Miguel qui me porte dans ses bras. Où m'emmène t-il ainsi ?

— Tu as besoin de prendre l'air ! me murmure t-il.

— Oui... dis-je dans un chuchotement.

Après de longues minutes passées au froid dans un silence religieux, Miguel me ramène dans ma cellule. Il me rallonge sur le lit, me couvre de mon drap. Tout mon corps frissonne. Puis, il prend de nouveau place près de moi, me réchauffant un peu plus par la chaleur de son corps. On me laisse un peu de temps pour me remettre avant que l'interrogatoire se poursuive.

— Suite à votre accouchement, vous avez fait une hémorragie très importante... m'informe tout d'abord Jane qui n'a pas bougé de place.

— Oui ! Je suis au courant. On me l'a dit quand je me suis réveillée quelques heures plus tard.

— Tu veux certainement dire deux jours plus tard. Car il t'a fallu plus de quarante huit heures pour revenir à toi. Les deux jours les plus abominables de toute ma vie ! m'alerte Miguel.

— Je suis désolée ! Je ne voulais pas te faire peur ! je m'excuse en me blottissant dans ses bras.

— Je ne te reproche rien, mon cœur ! Je dis seulement ce qui est vrai, c'est tout !

Et il m'embrasse sur le front, comme il a pris l'habitude de le faire ces derniers temps.

— Amélia, je comprends à présent pourquoi votre cerveau a effacé de votre mémoire les derniers mois de votre vie, commence par débiter ma psychologue avant de m'avouer la vraie raison de mon amnésie. Il vous a protégé de la souffrance. Cette même souffrance qui règle votre existence depuis toujours, la peur de l'avenir !

— Vous croyez... que je suis incapable de surmonter la perte de... je m'arrête ne pouvant pas parler de ma petite fille dans ces termes.

Il m'est encore très difficile de prendre conscience qu'elle ne fait plus partie de ma vie, moi, qui l'ait porté pendant des mois, qui me suis tordue de douleurs pendant des semaines, moi, qui l'aimait déjà plus que ma propre vie. Elle m'a quitté sans se battre, après tout ce que j'ai fait pour elle ! Je me suis donnée corps et âme dans ma grossesse. Pourquoi n'a-t-elle pas survécu ? Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? Je m'en veux terriblement ! Je lui en veux même si je sais qu'elle n'y est pour rien ! J'en veux à Miguel qui m'a convaincu que c'était le meilleur choix à faire ! J'en veux à ma foutue vie qui ne cesse de me décevoir en tous points ! Pourquoi ? Pourquoi toute cette haine ? Je suis l'unique responsable ! J'aurais du le sentir ! J'aurais du le savoir ! J'aurais du savoir comment cela allait se terminer ! Généralement on dit après la pluie vient le beau temps, en ce qui concerne mon existence, c'est plutôt, le beau temps apporte la pluie, même l'orage, le tempête, le typhon... Pour quelques jours de bien-être, survient très vite une grosse période de désarroi, de souffrance, de mal-être. Ça toujours été ainsi et ce n'est pas prêt de s'arrêter.

— Vous avez certainement raison ! je finis par répondre à Jane. Je ne suis pas en état d'accepter ce qui m'arrive ! Comment accepter cette fatalité ? Je veux rejoindre mon bébé ! Je veux mourir à mon tour !

PRENDRE MON ENVOLWhere stories live. Discover now