CHAPITRE 14

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— Amélia, m'appelle Danièla, de la salle, dans laquelle elle se trouve avec Miguel, notre seul client de la matinée.

Elle sait évidemment que je n'ai aucune envie de voir cet homme. Je ne sais pas si je peux lui faire confiance, oui, il m'a prévenu que se ne serait pas simple d'ouvrir ma pâtisserie dans cette rue, mais pourquoi l'a-t-il fait ? Pour m'avertir et m'aider, ou, au contraire, pour que je baisse les bras et que je parte d'ici ? Je n'en ai pas la moindre idée...

— Amélia, viens ! Il veut nous parler à toutes les deux, me dit mon amie qui se trouve dans l'entrebâillement de la porte qui mène à la cuisine.

— Je n'ai pas envie d'entendre ce qu'il a à nous dire !

— Il a des suggestions à nous faire !

— A quel sujet ? je demande, elle a éveillé ma curiosité.

— Pour nous aider à appâter plus de clients !

— Ok, j'arrive ! dis-je intéressée de savoir ce qu'il a à nous conseiller.

Je m'assieds face à lui sans le regarder dans les yeux, avec Daniéla entre nous. Je sais d'avance qu'il ne va pas nous faire de grandes révélations.

— Je vous écoute ! dis-je sèchement à son attention.

— D'abord, tu pourrais me tutoyer, me propose t-il.

— On verra ça après ! Parlez !

Il n'a pas aimé la manière avec laquelle je l'ai dit, il a fait une de ses grimaces. Mais cela ne l'empêche pas de nous énumérer ses idées.

— Vous pourriez faire une promotion comme deux achetés, le troisième gratuit, et également vous diversifiez dans le choix des pâtisseries...

— Non ! Comment vous voulez qu'on se diversifie alors qu'on n'arrive pas à vendre ce qu'on fait déjà ? On verra après pour la diversification, pour le moment, non ! je le coupe dans son élan.

— Pourtant, ça serait un bon moyen de faire entrer des gens terre à terre, comme sont la plupart des gens qui habitent ici, poursuit-il sans se démonter. Si vous revisitiez à la française des pâtisseries typiquement portugaises, telle que les caramujos, les pasteis de nata et d'autres encore, vous auriez plus de monde. Certains portugais, comme mon père, sont réfractaires à la cuisine d'un autre pays, mais si tu leurs proposes des gâteaux qu'ils connaissent déjà, alors peut-être qu'ils franchiront cette porte... m'annonce t-il en m'indiquant l'entrée de la boutique.

Ça m'embête de le dire, mais il a entièrement raison ! Déjà, je pense qu'on va faire une promotion sur les gâteaux, on verra ce que cela donne, et pour le reste, il faut encore que je cherche comment faire des revisites, ce n'est pas si simple.

C'était l'étape suivante à Daniéla et moi, mais vu la mauvaise surprise qu'on a eu ses derniers jours, on pensait s'en tenir à ce que l'on savait déjà faire.

— Peut-être ou peut-être pas... Je vais y réfléchir ! je m'engage à faire.

Je ne veux pas qu'il prenne la grosse tête car il a eu une bonne idée. Mais le simple fait que je lui dise que je vais y réfléchir, le fait sourire. Il est trop mignon ! Zut ! Je ne peux m'empêcher de sourire, moi aussi. Quelle bécasse je suis !

— Pourquoi tu refuses de dîner avec moi ?

Et le revoilà avec ses pourquoi, ses demandes, son dîner. Mais en quelle langue je dois lui dire ? Je ne suis pas intéressée ! Je veux bien devenir son amie, si je m'aperçois qu'il est sincère et qu'il ne veut pas nous faire de mal, mais rien de plus ! Ce n'est pas car je fais un pas vers lui, qu'il faut qu'il en fasse dix d'un coup. Pourquoi veut-il absolument dîner avec moi ?

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