Chapitre 35

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Retour en arrière,

Plus les jours défilent et plus je suis fatiguée. Mon dos me fait toujours un mal de chien, et quoi que je fasse, rien n'y fait. La douleur persiste de plus belle. Parfois je viens à penser qu'il vaudrait mieux tout arrêter, et mettre fin à tout ce qui m'entoure, tellement tout me dérange. Je m'énerve pour un oui ou un non. J'ai des montées de chaleur soudaines et les minutes d'après je meurs de froid. Rien ne me convient ! J'ai l'impression que la douleur a pris le dessus sur moi. Je ne contrôle rien, pas même mes envies de sexe. Par moment, il me semble même perdre la tête, tant je ne supporte plus ce qui m'arrive.

La fin d'année approche à grand pas et je n'ai pas le droit de baisser les bras, Miguel et Danièla comptent sur moi. Même si leur désire le plus cher est de me voir allongée dans mon lit, moi, je ne peux pas les abandonner. Qui ferait mes caramujos dont tout le monde raffole ? Et en plus de ça, je suis mieux dans ma cuisine avec l'esprit occupé que dans ma chambre à cogiter sur le fait qu'ils peuvent avoir besoin de renfort... Mais malheureusement, pour moi, je ne parviens pas à leur faire entendre raison.

Nous voici déjà début novembre, ça fait des semaines que je tente de reprendre ma vie d'avant. Mais ce n'est pas si simple. Si j'ai pardonné à Miguel, je ne parviens pas à m'excuser moi-même pour la perte de notre enfant. Je suis persuadée que si j'avais fait l'effort de me préoccuper plus de moi, au lieu de la boutique, rien de tout cela ne serait arrivé. Miguel quant à lui, n'exprime rien sur ce sujet, j'ai l'impression que ce terrible drame ne l'a pas affecté. C'est très dur pour moi de me dire que l'homme que j'aime, ne voulait pas de ce bébé. C'est ce que j'en ai déduis face à son détachement et à l'épreuve que je vis.

Je viens de finir la dernière fournée de caramujos au chocolat et caramel. Je vais pouvoir me reposer un peu devant un chocolat chaud.

Pour ne pas changer, ma douleur au dos s'est ranimée de plein fouet alors que je forçais un peu trop sur le lavage d'un gros saladier qui n'entre pas dans le lave-vaisselle. Ça me tire dans tous les sens, mais je dois tenir bon ! Je ne peux pas montrer que j'ai mal. Sinon, je vais encore avoir Danièla et Miguel sur le dos. On te l'avait bien dit ! Tu n'écoutes pas ! Rentre ! Vas te coucher !... Pire que ma mère, je vous jure ! Mais il est hors de question qu'ils se passent de moi ! Cette pâtisserie est la mienne ! Je ne veux en aucun cas être mise à l'écart. J'ai déjà trop perdu ! Je ne veux pas, en plus, perdre, ce dont je suis venue chercher ici, dans ce pays. Ça serait trop dur à supporter !

J'entre dans la grande salle et dépose mon dernier plateau de feuilletés près du présentoir, quand je découvre Miguel dans les bras d'une femme plutôt élégante que je ne connais de nulle part. Je regarde Danièla afin qu'elle m'aide à comprendre qui est cette dame, mais en réponse j'ai droit à un simple signe d'épaules pour m'indiquer qu'elle ignore qui s'est. Me voilà bien avancée !

Je m'avance doucement vers Miguel alors qu'il installe confortablement, à voir de plus près une femme qui pourrait être sa mère, quoique... elle semble un peu trop jeune tout de même, à ma table. Celle-là même où je me détends après une longue journée de labeur.

— Miguel ? je l'interpelle tandis qu'il est concentré sur ce que cette dame lui raconte.

Mais il a quand même la délicatesse de se retourner afin de me demander :

— Tu as fini les gâteaux, ma belle ?

— Oui !

— Tu vas pouvoir enfin te reposer comme je te l'ai recommandé il y a plus d'une heure ! me conseille t-il, non, à l'entendre c'est plus un ordre. Assieds toi avec nous ? me propose t-il en me dégageant une petite place sur la banquette.

PRENDRE MON ENVOLDär berättelser lever. Upptäck nu