CHAPITRE 39

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Aujourd'hui,


Ma nuit a été très agitée. J'ai très peu dormi. J'avais l'esprit concentré sur Miguel et la date qu'il veut absolument que je me rappelle... Plus je m'approchais de mon but, et plus, ma mémoire rembobinait en arrière automatiquement sans que je puisse y faire quoique ce soit. C'était déroutant et très terrifiant à la fois ! J'ignore pourquoi, mais vouloir par tous les moyens me souvenir de cette date, me rend sans réaction aucune. Mon corps est lassé de tous ses va et vient dans ma tête. Quoi qu'il me reste à découvrir de mon passé, rien ne peut me faire autant perdre pieds que lorsque j'ai perdu mon bébé. Rien ne peut et ne pourra égaler la douleur, le vide, le manque qui est en moi depuis que j'ai découvert ce lourd secret qui était profondément, précieusement enfouis au fin fond de mon âme. Comme ci cela devait y rester à jamais ! Pourquoi vouloir tout déterrer de nouveau ? Ça ne fera pas revenir mon enfant à la vie !

Je commence à penser que si j'ai tout oublié, c'est que cela devait se passer ainsi et que je ne devrais pas à tout prix vouloir tout faire remonter à la surface, sous peine de souffrir encore plus ! Mais ai-je un autre choix, si je veux quitter ce lieu ?

Je tente de me lever de mon lit, ne pouvant plus supporter les positions allongées. Tous mes muscles sont engourdis et peinent à se redresser normalement. Je suis toute recroquevillée. J'essaye de corriger ma posture en levant les bras vers le plafond mais c'est mission impossible. Je suis immédiatement stoppée dans mes mouvements par une affreuse et déferlante douleur qui parcoure mon échine de haut en bas. Mais il est hors de question que je baisse les bras ! Hier, j'ai pu allé ouvrir la porte à mon homme, je compte bien réitérer aujourd'hui. Je ne peux peut-être pas m'étirer normalement, mais je vais tout de même tenter de faire quelques pas dans cette cellule que je veux fuir plus que tout. Voilà, pourquoi je m'aventure à vouloir connaître au plus vite ce qui s'est déroulé dans ma vie. Je veux à nouveau respirer un bon bol d'air frais, pouvoir m'endormir dans mon lit bien douillet, revoir ma pâtisserie et manger un merveilleux caramujo fait pas mes soins et pleins d'autres trucs dont j'ai envie... Vivre sans en être empêchée ! Ce qui n'est pas vraiment le cas pour l'instant. Je veux sortir d'ici !

Quand enfin, je parviens à me mettre sur mes jambes la porte de ma chambre s'ouvre. Jane pénètre à l'intérieur et court aussitôt vers moi pour m'aider à me maintenir debout.

— Vous ne devriez pas vous lever toute seule ! Votre crise de nerf a considérablement affaibli vos muscles. Vous devez reprendre des forces avant !

— Je veux seulement faire quelques pas ! Où est le mal ?

— Vous retrouver à terre sans personne pour vous aider ! Si vous voulez vraiment vous levez, appelez ! Quelqu'un viendra vous soutenir. Venez, allons faire quelques pas dans le couloir !

Je ne riposte pas et la suis tout naturellement accrochée à son bras vers ce qui me semble à ce moment précis, un premier pas vers la sortie.

Nous faisons des allers-retours depuis cinq petites minutes dans un long couloir capitonné de part et d'autre, ce qui le rend très sombre et intimidant. Je me sens encore plus enfermée que dans ma chambre. Je ne pourrais pas être seule dans un tel endroit. Je perdrais très vite le sens de la réalité, tellement je me sens mal. J'ai l'impression que les murs se rapprochent de moi et vont m'engloutir dans très peu de temps. Je ne pensais pas être claustrophobe, et pourtant, je crois que dans ce lieu j'en ressens tous les effets.

— Amélia, nous allons retourner dans votre chambre ! Je pense que vous avez assez fait assez d'exercices pour aujourd'hui. Vous devez garder des forces pour notre séance, met-elle fin à notre minuscule escapade.

PRENDRE MON ENVOLWhere stories live. Discover now