Chapitre 36

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Aujourd'hui,


Ça fait près d'un quart d'heure que je pleure. Je ne parviens pas à me calmer. Mes yeux ne quittent pas ma main gauche, comme s'ils attendaient qu'elle réapparaisse par magie. Je ne porte pas ma bague de fiançailles. Je ne parviens pas savoir où elle peut être... Depuis que Miguel me la mise au doigt, je n'ai aucun souvenir de l'avoir enlevé. Non ! Je dormais et me lavais même avec, afin de ne pas perdre de vu mon amour pour lui. Est-ce que j'ai tout inventé ?

Et là, tout mon univers s'écroule ! Je suis à me demander si Miguel est bien réel, si j'ai bien ouvert ma propre boutique, si je suis bien au Portugal, si je suis encore vierge, ce qui voudrait dire que je n'ai pas perdu mon bébé... et si tout ce que je raconte n'était en réalité que le fruit de mon imagination. Tout ce que j'ai vécu l'année dernière me semble si insensé, que je me questionne vraiment sur le sujet. Tourmentée par cette interrogation qui ne trouve aucune réponse plausible, je m'agite dans tous les sens.

Plus je me remémore mon histoire, et plus j'ai l'impression que rien ne s'emboîte correctement, comme si mon récit n'avait ni queue ni tête. Tout me paraît si improbable, incertain,... C'est trop ! Et en même temps, j'ai vraiment la sensation de revivre chaque instant que je raconte au moment où je m'en rappelle. C'est déroutant ! Je ne sais plus quoi penser...

Je vis dans un brouillard si épais en permanence que rien ne parvient à éclaircir, sauf peut-être... mon amour pour cet homme. Je ne peux pas tout avoir imaginer... Non ! Il faut absolument que Miguel soit réel !

— Amélia ? Que se passe t-il enfin ? me demande Jane depuis de longues minutes ne comprenant certainement pas pourquoi je suis si affolée.

Entre deux de mes histoires, j'ai retrouvé ma cellule. Ma psy pense que mon état de santé le permettait et qu'il valait mieux que je sois à l'abri de tout objet dangereux quand je me rappellerais de tout. Je ne vous dis pas à quel point j'ai paniqué quand elle m'a dit ça ! J'ai eu comme un vide entre moi et le sol. J'avais la perception étrange de flotter dans les airs. Je ne parvenais plus à dissocier le songe du réel. Comme maintenant d'ailleurs !

— Amélia ? tente à nouveau ma psy de me faire revenir à la réalité.

— Je ne sais plus... Je ne sais plus ce que je dois croire... Et si tout ce que je vous racontais n'était pas vrai ?

— C'est ce que vous croyez ?

— Je ne sais plus ce que je dois croire... Je ne sais plus ce que je dois croire... je répète une infinie de fois.

— Regardez-moi ! me force t-elle à la fixer du regard. Vous êtes tourmentée ! Quelque chose vous a fait perdre les pédales à l'instant. On va essayer de comprendre... Quelle est la dernière image dont vous vous souvenez ?

— Ma bague ? je réponds sans réfléchir à la question.

— Votre bague de fiançailles ? Dois-je en conclure que vous avez dit oui ?

— Bien sûr ! J'aime Miguel !

Et je me remets à pleurer comme une madeleine. Je ne peux retenir mes larmes. Je pense n'avoir jamais autant pleuré de toute ma vie que ces derniers mois. Je n'ai pas arrêté de pleurnicher ces deniers temps mais ce n'est rien comparé à l'année dernière, où un petit rien pouvait me faire rire aux larmes ou bien me faire fondre de tristesse. Je me revois pleurer devant un gâteau car celui-ci n'était pas ce que j'attendais. Sans parler des fois où je versais une petite larmichette, seulement car l'homme que j'aime me rappelait à quel point il m'aimait. J'ai beau repoussé, loin, dans mon esprit, cette idée farfelue que tout cela ne soit qu'un rêve, elle resurgit au galop lorsque mes yeux se posent à nouveau sur mon annulaire gauche.

PRENDRE MON ENVOLWhere stories live. Discover now