Chapitre 45-2

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— Les autres sont arrivés sans encombre ?

Ma voix claqua comme un coup de fouet dans l'air sec de la cage d'escalier dans laquelle nous venions de pénétrer. Notre guide s'arrêta aussitôt et je vis un infime tremblement agiter sa main.

— Apparemment ça a bien roulé, car ils sont arrivés avec plusieurs heures d'avances sur l'estimation la plus optimiste de Terence, me répondit-il d'un ton qu'il essayait inutilement de rendre enjoué et naturel.

Le cœur me remonta dans la gorge alors que les deux informations erronées s'infiltraient jusqu'à mon cerveau. Il essayait de nous prévenir. Quoi qu'il se soit passé, il ne pouvait pas être dans le coup. Cette nouvelle était importante mais ne m'aidait pas beaucoup quant à la suite des évènements, me dis-je alors que nous reprenions notre chemin.

— Aaurie n'était pas trop désagréable après avoir fait tant de route ? lui demandai-je nonchalamment, risquant un coup d'œil à ma compagne qui eut l'air de saisir le message, renforçant sa prise sur son arme.

— Un peu agressive, en effet.

— Il n'y a pas eu de blessés au moins ? demandai-je en rigolant, la main de plus en plus moite sur le manche de mon poignard.

— Rien d'irréparable, heureusement. J'espère que sa petite sieste lui aura fait du bien.

J'accusai le coup, l'air de rien, du moins je l'espérais. En résumé, il y avait au moins un blessé et une personne sans connaissance. Comme je ne savais pas exactement combien de personne nous devions rejoindre, l'info ne m'était pas d'un grand secours. Nous tournâmes dans un nouveau couloir et George s'arrêta devant une porte munie d'une serrure magnétique. Il sortit une carte plastifiée de sa poche et d'une main tremblante l'approcha de la fente du lecteur.

Sans un bruit et à pas de loup, je fis les quelques pas qui me séparait de lui et arrêtait son geste d'une main sur son bras. Toujours silencieuse, je lui fis signe de me passer la carte et lui tendis mon arme en échange. Les yeux écarquillés, il la fixa durant quelques secondes avant de s'en emparer d'un geste hésitant.

« Ils sont juste derrière cette porte ? » lui demandai-je en silence, espérant qu'il parviendrait à lire sur mes lèvres et à comprendre mes gestes succincts.

Il y eu un petit temps de latence puis il se contenta d'acquiescer d'un signe de tête. Sans plus hésiter, je tendis la carte à Aaurie et lui fit signe d'ouvrir la porte tandis que je me positionnais juste en face. Je fermai les yeux un bref instant essayant de calmer les battements désordonnés de mon cœur, puis lui fit signe d'ouvrir au moment où je relevais mes paupières. A l'instant où le bip électronique d'ouverture retentit j'amorçais ma transformation. Cette dernière fut si rapide que je ressentis à peine la transition et faillis m'écraser au sol. Heureusement Ivy prit instinctivement les rênes et nous rétablit à quelques centimètres à peine des dalles carrelées, avant de remonter aussitôt et de s'engouffrer dans l'interstice de la porte en train de s'ouvrir.

Il y eu un instant de flottement au moment où je pénétrai dans la pièce en rase-motte, puis les tirs commencèrent.

— C'est elle, bande de crétin ! cria une voix vulgaire et désagréable que je ne connaissais pas. Kane la veut vivante.

J'esquivai assez facilement montant vers le plafond pour avoir une vue d'ensemble. Le temps que j'effectue ma manœuvre, deux corps gisaient déjà sur le sol, une balle entre les deux yeux et un troisième ne tarda pas à les rejoindre. Aaurie, bien campée sur ses jambes à l'entrée de la pièce était en train de faire un carton, la main sûre et le regard déterminé. Nous ne nous étions pas concertées, pourtant je n'aurais pu rêver meilleure réaction de sa part.

Ne voulant pas m'attarder sur le corps inanimé de Worth, avachi dans un coin de la pièce, je me focalisai sur Monroe. Elle se tenait debout au centre de la pièce, menottée et tenue en respect par l'homme qui avait parlé. Un grand gaillard à la mine patibulaire, qui la tenait d'une poigne de fer et venait de forcer Aaurie à battre en retraite derrière le mur à l'aide de son fusil mitrailleur qu'il maniait d'une seule main ! Un métamorphe donc, et sacrément costaud avec ça ! jugeai-je en passant rapidement mes options en revues.

Dans un cri à déchirer les tympans, je me laissai tomber en piqué. Arrivée pile devant l'homme, je me métamorphosai, atterrie accroupie sur le sol avant de me saisir de mon ultime dague dissimulée près de ma cheville, de me relever et de la lui planter dans le cœur dans un même mouvement. Je sentis le sang chaud et visqueux inonder mes doigts, tandis qu'un dernier coup de feu résonnait et que mon esprit glissait dans les ténèbres.

***

Je reviens à moi presque aussitôt, comme si ma conscience n'avait fait que glisser un bref instant dans le néant. J'étais toujours accrochée à ma dague, avachie sur le corps encore chaud du métamorphe que je venais de poignarder, son sang imbibant mes vêtements. Vaguement dégoutée par la sensation et par l'odeur cuivré de plus en plus prégnante, je tentai de me dégager mais ne parvins qu'à me soulever de quelques millimètres avant de retomber lourdement, dans un bruit spongieux écœurant.

— Il... il y en a d'autres ? parvins-je à annoner difficilement en tournant lentement la tête vers Monroe qui me fixait d'un regard incrédule.

— Ceux de cette pièce sont tous mort, me répondit Aaurie en s'approchant de nous, néanmoins toujours sur le qui-vive.

— Ce sont les seuls que nous ayons vu, renchérit Monroe en fouillant les poches du mort à la recherche des clés des menottes. Attendez, je vais vous aider, me dit-elle en se débarrassant des bracelets d'aciers, avant de m'écarter enfin du corps et de m'aider à m'assoir sur le sol.

— Comment va... Gabriel ?

— Il va bien, il est seulement endormi. Fléchettes tranquillisantes. C'est comme cela qu'ils nous ont eu, m'expliqua-t-elle en allant s'agenouiller à ses côtés.

— Alors pourquoi êtes-vous parfaitement réveillée ? lui demanda Aaurie d'un ton suspicieux à peine voilé.

— Parce qu'ils avaient besoin que George et moi soyons conscients. George pour vous piéger et moi pour servir d'otage. Quant à Worth, ils lui renvoyaient une fléchette à chaque fois qu'il s'agitait. Ils avaient peur de lui.

— Pourquoi ne l'ont-ils pas tué dans ce cas-là ?

La question d'Aaurie me prit aux trippes et je sentis un grognement sourd commencer à s'élever de ma gorge. Très vite suivi d'un grondement bien réel, lui, qui l'espace d'un instant fit trembler le sol.

— C'était quoi, ça ? Un séisme ? s'inquiéta George d'une voix tremblante, toujours debout dans l'encadrement de la porte.

— Non, je ne crois pas, lui répondit Aaurie en me lançant un regard scrutateur et pensif, avant de s'approcher de moi et de m'aider à me relever d'une prise ferme et stable. C'est ici la zone sécurisée ? enchaîna-t-elle aussitôt. Je n'en ai pas senti les vibrations magiques.

— Non, c'est de l'autre côté du bâtiment, lui répondit-il d'une voix toujours chevrotante qui commençait à me taper sur les nerfs.

— Vous avez de la nourriture là-bas ?

— Oui, bien sûr...

— Alors vous attendez quoi pour nous y conduire ? aboya-t-elle en faisant signe à Monroe d'approcher.

Elle me confia à elle, me laissant m'appuyer sur son épaule, avant de s'écarter avec une lenteur délibérée.

— Je ne lui fais pas confiance, nous devons sortir de ce piège à rat tout de suite, me murmura-t-elle. Toute cette mascarade n'était qu'un piège pour vous affaiblir, le véritable round va commencer, maintenant. 

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Chers amis(es) auteurs(es), je profite de ce nouveau chapitre pour vous informer que la page de soumissions de manuscrit de Beta Publisher rouvrira le 06 novembre :-) Si vous êtes prêts à vous lancer dans l'aventure de l'édition, n'hésitez pas à tenter votre chance et envoyez votre manuscrit ^.^ 

Bonne chance à toutes et à tous :-) 

Des bisous <3 

Elémental - Transfiguration Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant