Chapitre 4-2

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*Modifié le 24.03.22*


À l'entente de la musique aigrelette et désagréable que je n'avais jamais pris le temps de modifier, tout le monde se figea. Tout le monde sauf Worth qui décrocha au bout d'une demi-seconde et un bref regard à l'écran.

— Mademoiselle Moore est indisponible pour le moment. Elle aide la police dans une enquête en qualité de consultante, bonne journée ! et sur ces chaleureuses paroles il raccrocha.

Je sentis la tension dans la pièce redescendre d'un cran, tandis que Worth glissait mon portable dans la poche de son pantalon et se saisissait d'une veste en cuir posée sur le dossier de sa chaise.

— C'est son vrai nom « la chieuse » ou c'est de l'humour ? me demanda-t-il en récupérant son arme dans un tiroir fermé à clef.

— A ton avis ? Chacun se défoule comme il peut, lui rétorquai-je en observant son manège. On va quelque part ?

— Elle est au courant de son joli surnom ? me demanda-t-il sans répondre à ma question.

— Je ne sais pas et je m'en fiche. Je peux récupérer mon téléphone ?

— Non pas tout de suite, j'en ai encore besoin, me répondit-il avec un petit sourire narquois en tapotant sa poche. Vous êtes équipés ? demanda-t-il ensuite à ses collègues. On part en balade.

— On peut savoir où ? lui demandai-je alors qu'il me dépassait sans un regard.

— Tu dois bien t'en douter, me dit-il en ouvrant la porte du bureau d'un geste vif avant de faire signe aux deux inspecteurs de sortir. Tu viens ?

Dire qu'il me tapait sur les nerfs à cet instant précis aurait été un doux euphémisme ! Il me fallut donc tout mon sang froid pour m'approcher de lui et sortir de la pièce sans lui en coller une. J'étais assez fière de mon self contrôle. Il était en train de fermer la porte à clef lorsque mon portable se mit à sonner de nouveau.

— Tu vas vite te rendre compte que je ne lui ai pas donné ce surnom par hasard ! dis-je à Worth lorsque je le vis faire une grimace en lisant le nom qui apparaissait sur mon mobile.

Pendant qu'il refusait l'appel sans y répondre, je ne pus m'empêcher de pousser un soupir de soulagement. Je n'allais quand même pas stresser à chaque fois que ce foutu appareil allait sonner, maintenant. Je détestai ce que Kane faisait de moi ! Rien que de penser à lui, je sentais des frissons glacés me parcourir le dos. Je n'étais plus une gamine, je savais me défendre à présent, pourquoi avais-je encore aussi peur de cet homme ? Parce que tu sais de quoi il est capable, me susurra une petite voix perfide dans mon esprit. Mais je n'étais pas absolument certaine que ce ne soit que cela.

— Hannah, tu me suis ?

L'appel de l'inspecteur me ramena sur terre et c'est comme une automate que je le suivis de nouveau dans les tortueux couloirs du bâtiment.

— Où sont passer Allistaire et Monroe ? lui demandai-je pour meubler le silence qui s'épaississait et surtout pour savoir si j'allais devoir supporter de longues heures en tête à tête avec lui.

— Ils nous rejoignent au labo informatique, ils sont partis récupérer leurs armes et leurs manteaux à leurs bureaux.

J'eux à peine le temps de m'interroger sur le rôle exact de ce labo, même si j'en avais une petite idée, que nous étions déjà arrivés. La porte était ouverte et je compris pourquoi à la seconde où je pénétrai à l'intérieur... il devait au moins y faire trente degrés !

La pièce était petite et surchargée de serveurs, d'unités centrales et d'écran dans tous les coins. Au milieu de tout ce fouillis informatique, une petite brunette au cheveux court était en train de taper à toute vitesse sur un clavier d'un air concentré tout en mâchant du chewing-gum.

— Salut, Mag ! J'ai du travail pour toi, lui dit Worth en s'approchant du bureau en désordre.

— Évidemment, pourquoi viendrais-tu jusque-là sinon ! lui rétorqua-t-elle sans lever le nez de son clavier.

— Mais pour le plaisir de ta conversation bien sûr, lui répondit-il avec humour tandis qu'elle lui faisait un doigt d'honneur tout en rigolant doucement.

Vu l'ambiance détendue qui régnait dans la pièce, ce devait être un petit rituel amical entre eux, me dis-je tandis que j'essayai de retenir ma respiration pour ne pas éternuer dans cet endroit surchauffé qui sentait le renfermé.

— Il faudrait que tu me traces un appel reçu sur cet appareil, lui dit-il en sortant mon téléphone de sa poche pour le lui tendre.

Au moment où elle allait s'en saisir, il se remit à sonner.

— Bon sang mais ce n'est pas possible, qu'elle plait cette bonne femme ! bougonna l'inspecteur en appuyant rageusement sur le bouton de prise d'appel.

— Je vous ai déjà dit qu'elle collaborait avec la police...

— Haaaa... ça c'est bon à savoir, le coupa la voix moqueuse et implacable de Kane.

Mon cœur s'emballa en une fraction de seconde tandis que Worth, sa première surprise passée, se mettait à faire des gestes frénétiques à l'intention de Mag, certainement pour qu'elle essaye de tracer l'origine de l'appel.

— A qui ai-je l'honneur ? entendis-je Worth demander d'une voix froide tandis qu'il s'éloignait de Mag pour ne pas que Kane puisse l'entendre taper frénétiquement sur son clavier.

Ce qui ne servirait à rien. Kane était un métamorphe et pouvait entendre sans problème tout ce qui se passait dans cette pièce pour peu qu'il se concentre un peu. Worth aurait dû le savoir.

— Je pense que vous le savez parfaitement, inspecteur...Worth, c'est ça ?

En bon professionnel, il ne répondit pas malgré sa surprise évidente et se contenta de garder le silence.

— Dites à Hannah... oh et puis non c'est idiot, je suis certain qu'elle est avec vous dans la pièce. Sweetie, ma douce, tu m'as manqué, susurra-t-il avant de partir d'un grand rire froid et de raccrocher brutalement.

— Dis-moi que tu l'as eu ? demanda Worth à Mag d'une voix chargée de colère rentrée.

— J'ai dû me connecter à l'arrache... laisse-moi quelques minutes pour recouper les données, lui répondit-elle.

— Bordel, comment cette ordure peut-elle connaître mon nom ? me demanda Worth en tendant mon téléphone à Mag.

— Pourquoi as-tu répondu tout de suite ? Si tu m'avais laissé une ou deux secondes pour me connecter, j'aurais été plus efficace, râla la technicienne en prenant l'appareil.

— Parce que je croyais que c'était la secrétaire d'Hannah qui appelait.

— C'est son numéro qui est apparu ? lui demandai-je soudain alarmée.

— Bien sûr, sinon je n'aurais pas décroché comme ça ! Il a sûrement dû pirater la ligne de ton bureau pour te forcer à décrocher...

— Le 3403 Tempelton Road, ça vous dit quelque chose ? l'interrompit Mag d'une voix triomphante en tournant son écran vers nous pour nous montrer sa trouvaille.

Le nom qui paraissait clignoter devant mon regard, me brulait les rétines.

— Il n'a pas piraté son numéro... il... il appelait directement de son bureau, leur dis-je d'une voix atone au moment où Monroe et Allistaire nous rejoignaient en discutant, totalement ignorant de ce qui venait de se passer. 

Elémental - Transfiguration Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant