Chapitre 12 :

29.2K 4.4K 116
                                    

|• Cheikh Bilal •|
________________

- Que se passe t'il ? Questionnais je en essayant de pas montrer que j'étais un peu inquiet.
- Comment vas tu Bilal ? Demande t'elle à son tour me regardant droit dans les yeux.
- C'est moi qui suis en prison mais c'est toi qui maigrit.
- C'est pas comme si je t'avais pas dit et répèté que quoi que tu puisses faire seul, nous serons deux à subir les conséquences. En voilà la preuve !
- Je sais ! Soupirais je.
- C'est tout ce que tu as à me dire ?
- Que veux tu que je te dises d'autres ?
- Je sais pas, j'aimerais bien entendre des mots comme ''je suis désolé'' ''pardonnes moi''. Mais malheureusement qu'est-ce que t'en a à faire de ce que je veux ? Cela ne te regarde pas le moins du moindre, tu en a absolument rien à faire de ce que je veux, en fait.
- Je vois que tu es de très mauvaise humeur aujourd'hui. Et j'espère que tu sais que je ne serais la personne sur qui tu te défouleras, j'ai suffisamment de problèmes, suffisamment pour y penser tout le temps. Dis je levant les yeux vers le ciel.

Elle sourit, un sourire incrédule, l'air de dire ''c'est pas croyable'' mais je ne suis pas dupe alors je décidais de changer de sujet.

-Comment vas tu toi ? Moi je vais bien, je me sens auprès des miens. J'ai...j'ai l'impression qu'en fait c'est à ce monde carcéral que j'appartiens. Haussais je les épaules.
- Et moi dans tout ça ?
- Toi ? Toi ? Eh bien on est pas du même monde Ihsane, chacun sa vie.
- Je vois que même après tout ce temps, tu as du mal à prononcer le ''nous'', il y a toujours toi et puis de l'autre côté il y a moi. Tu n'arrives pas à faire la synthése.
- Ok. Tu veux vraiment m'énerver là ?
- À quoi t'attendais tu lorsque tu t'es fait incarcéré Bilal ? Que je continue de vivre comme si de rien était ? Que je sois rayonnante ? Débordante de joie ? Heureuse ? Excuse moi mais je suis pas comme toi.
- Oh arrêtes tu abuses ! Arrêtes de faire la victime ça m'énerve. J'en ai assez ! Tu prends toujours les choses au 1er degré et beaucoup trop à coeur.
- Bilal tu es sérieux ? L’impact de la douleur que nous inflige une personne n’a d’égale que l’importance que l’on accorde à cette personne.
- Bien-sûr que oui, tout ce que tu es capable de faire en fait c'est de faire la victime et de me faire culpabiliser sur des choses anodines. Tu passes ton temps à pleurer pour un oui ou pour un non et regarde toi maintenant, ce qui t'amuses c'est de montrer à tout le monde que tu souffres.
- Bilal tu es très dangereux, tu oses me regarder dans les yeux et essayer de retourner la situation pour qu'au final ce soit moi qui finit par avoir tord. Le pire c'est que...que...comme une idiote, chaque discussion après toi, je m'assois dans un coin et je remets toujours en question à savoir si je dois modifier mon comportement ou pas. Et pour une raison que j'ignore, je finis toujours par me dire que tout est de ma faute et que si j'avais fait mon rôle à merveille, nous n'en serions pas là.

Mais non ! Tu es parfaite, tu n'as rien fait. Pensais je.

- Je te le fais pas dire si t'avais été une bonne femme, nous n'en serions pas là.  
- Je trouve que t'es vraiment égoïste en fait. Comment veux-tu que je me comporte si tu n'as même pas du temps à passer avec ta femme ? Comment veux-tu que je sois si à chaque discussion, tu fuis de la maison, que tu me parles mal ? Comment veux-tu que je sois si depuis que je suis là, tu n'as jamais passé ne serait-ce que toute la journée avec moi ?
- Que veux tu que je fasse si je n'ai pas envie de te parler ou de passer du temps avec toi ? Questionnais je à mon tour.

Elle prend un long souffle avant de soupirer fortement.

-Bilal sais tu as à quel point je me fais violence pour endurer tout ceci sans défense ?
- Je m'en fou de ça en fait ! Croisais je les pieds.
-Je viens ici tous les jours de visites pour te voir, tantôt je suis accompagné de ta mère, tantôt de tes frères et à chaque fois, le gardien ressort et me dit : Désolée, il ne veut pas vous voir.'' Je ne te raconte pas la honte et le désespoir qui m'habite, si c'était moi seule il y aurait pas trop de soucis mais tu m'humilies  et me rabaisses devant ta propre famille Bilal. J'en viens a me demander comment ils arrivent à me respecter si toi même tu ne respectes pas ? Est-ce que tu te rends compte ?
- Bah viens plus avec eux alors, elle est passé où ton intelligence ? Souris je au coin en m'adossant sur la chaise.
- Bilal arrêtes de sourire. Je suis sérieuse ! Arrêtes ! Je rigole pas du tout là. Commença t'elle à s'énerver en me pointant du doigt.
- Je souris quand j'en ai envie ! Et puis je trouves que tu me ressembles beaucoup trop quand t'es énérvé. J'adore ça. Juste quelques retouches à faire et le tour est joué. Souris je de plus belle.

À Un Monde De Toi.Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt