Heads or Tails ?

Vingt-deux

Je papillonne des yeux et cherche à tâtons mon téléphone, je réalise qu'il n'est pas sur ma table de chevet, pour la simple et bonne raison que je me trouve aucunement dans ma propre chambre. Je suis sous les draps du lit de Jesse.

La nuit précédente me revient en mémoire et je sens mes joues s'empourprer instantanément. Je ne devrais pas être gênée après ce que nous avons fait — je ne l'étais guère cette nuit en tout cas — mais pourtant je ne peux m'empêcher de rougir en me remémorant tous les événements de la nuit.

Je me relève et attrape mon téléphone qui traîne sur le sol, bien entendu il ne me reste que peu de batterie, n'ayant pas pris le temps de le mettre en charge en rentrant.

Il faut dire que nous n'avons pas pris le temps de grand chose en rentrant hier, nous étions plus occupé à nous embrasser passionnément.

J'écarquille les yeux en relisant l'heure qu'indique mon écran de téléphone. Je me relève à la hâte en poussant plusieurs jurons silencieusement. J'ai déjà plus d'une heure de retard, et j'étais supposée recevoir la note pour mon catastrophique dossier en cours de Photographie aujourd'hui à la première heure.

Je n'ai pas pris le temps de mettre mon réveil en route, à quoi ça sert voyons ? pensé-je ironiquement

Je quitte le lit et la chambre de Jesse précipitamment, j'ai juste le temps de l'entendre légèrement grogner tandis que je referme la porte derrière moi. Je me précipite dans ma chambre pour me préparer en quatrième vitesse. Je fais un aller-retour dans la salle de bain pour me débarbouiller, me brosser les dents et mettre mes lentilles bleues, une journée sans elles d'accord, mais pas deux !

Je me cogne le petit orteil contre le pied de mon lit tandis que j'étais en train d'enfiler mes collants : je sens d'avance que cette journée va être terriblement merdique ! Je sautille sur place en tentant de ne pas crier de douleur, satané lit !

Je tente désespérément de démêler mes cheveux, sans succès, je suis à deux doigts de pleurer tant ils sont emmêlés et à présent mon cuir-chevelus me fait un mal de chien. J'enfouis ma brosse dans mon sac et m'attache les cheveux en un chignon désordonné, cela fera parfaitement l'affaire pour le moment. Avant de quitter ma chambre je pense à prendre mon chargeur, n'ayant que quinze pour-cent de batterie, cela me sera d'une grande utilité.

Je sors en trombe de ma chambre et dévale les escaliers à toutes allures pour rapidement enfiler mes chaussures et ma veste. Je heurte le torse de Jesse qui sort de la cuisine, je ne lui prête pas réellement attention, beaucoup trop préoccupée par mon retard.

— Esmée... commence-t-il.

J'appréhende ce qu'il s'apprête à me dire, je sais parfaitement qu'il va faire référence à cette nuit intense que nous venons de vivre et qu'il va probablement ruiner mes espoirs.

— J'ai pas le temps Jay, je suis super en retard... le coupé-je, on en parle ce soir ? m'enquiers-je d'une voix cassée.

Super il ne manquait plus que cela, j'ai la voix cassée ? Je l'avais dit que j'allais tomber malade après le coup que cet irrésistible idiot m'a tendu, mais je ne pensais pas que cela serait aussi rapide.

J'attrape les clés de ma Jeep — enfin celle de Deke pour le peu qu'il l'utilise depuis que je suis à L.A., et dévale les quatre étages. Je suis arrêtée dans mon élan arrivé au rez-de-chaussée en voyant trois hommes qui bloquent la porte pour faire entrer un miroir gigantesque. Je constate alors qu'il s'agit des réparateurs apparement ici pour -enfin- réparer l'ascenseur.

Ils s'excusent et je leur souris en attendant d'avoir à nouveau le champ libre pour m'élancer en courant vers ma voiture.

J'ai peur de ce qu'il va encore m'arriver avant que je ne parvienne à atteindre mon amphithéâtre.