Seize

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Je reste, comme paralysée, devant mon écran jusqu'à temps qu'il se verrouille. Je reprends mes esprits et déverrouille mon téléphone pour revenir sur l'application. Je n'arrive pas à croire qu'il veuille simplifier tout ce qui se passe avec un simple pile ou face. Et je n'arrive pas non plus à croire que je suis sur le point de lancer la pièce. Mais peu importe l'issue de la partie, je ne veux pas jouer virtuellement. Si on doit tout arrêter ce soir, alors je veux jouer avec lui, en face à face. La pièce ralentit tandis que je fixe mon écran comme une idiote, la boule au ventre. Tout se bouleverse trop rapidement depuis vingt-quatre heures, je n'arrive plus à suivre. Une migraine pointe le bout de son nez et je réalise à quel point la fatigue endolorit mes muscles. La sentence tombe et mon cœur s'emballe dans ma cage thoracique.

Pile.
Deke.


Une larme longe ma joue tandis que je ferme les yeux pour essayer de contrôler tous mes sentiments qui se bousculent dans ma tête et mon cœur, m'empêchant de réfléchir et penser de manière cohérente. Je ne suis pas sûre d'être prête à tout abandonner maintenant.

— Hey..., murmure Jesse.

Je relève la tête et réalise qu'il se trouve face à moi, je ne l'avais même pas entendu arriver dans la cuisine.

— Ivy et Duke viennent de partir et Deke a été se coucher, dit- il doucement.

Je le regarde attentivement, mémorisant chaque détail comme si nous étions sur le point de nous dire adieu.

— Tu devrais aller te coucher aussi, tu as l'air tellement épuisée.

— Je suis à bout de force, mes nerfs sont en train de lâcher, avoué-je.

— Tu as joué ? me demande-t-il.

Il me parle si calmement, il réfléchit avant de prononcer ses mots, il semble avoir peur de me brusquer en disant quelque chose de travers. J'hoche la tête lentement positivement, je sens les larmes redoubler au coin de mes yeux.

— Et alors ?

— Je ne veux pas jouer comme ça, soufflé-je.

— Je veux simplement te simplifier la tâche bébé, je ne veux pas que tu aies à choisir entre moi et ton frère.

— Je sais... mais s'il faut que le hasard choisisse alors je veux jouer avec une véritable pièce.

Il me sourit faiblement avant de sortir la pièce de sa poche. C'est fou comme il l'a toujours sur lui, en toutes circonstances. Il me la tend, et je m'y agrippe pendant de longues secondes avant de prendre la décision de la lancer en l'air.
Je la regarde tournoyer dans l'espace, je continue de me poser des centaines de questions, cherchant une échappatoire qui comblerait mes attentes.
Je capture la pièce en vol et la laisse emprisonner dans ma main, renonçant à ce stupide jeu.

— Je ne veux pas savoir, je ne veux lui donner raison.

— Et moi je ne veux pas être la cause de votre conflit, votre relation est beaucoup trop belle, c'est ce que j'ai toujours voulu avoir avec mon frère et ma sœur, alors je ne pourrais jamais supporter de vous voir en froid.

— Tu as lancé le jeu, mais au fond, tu voulais déjà tout arrêter.

— Oui... avoue-t-il.

J'abats la pièce contre le dos de ma main et me mords la lèvre inférieure en retirant lentement mon autre main.

Pile.
Deke.
Encore.

Mon regard se brouille par mes larmes, je lui rends la pièce sans dire un mot. Il capture la pièce en une fraction de seconde.
Je baisse la tête pour laisser à mes larmes le plaisir de défigurer mon visage. Si Deke pouvait voir à quel point il me brise le cœur, après tout il veut me préserver et me protéger de toutes les peines du monde alors qu'au final, si à cet instant je souffre, c'est tout simplement à cause de lui. Jesse se recule, prêt à quitter la cuisine.

Heads or Tails ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant