Deuxième Partie - 1

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Linguère Dial Diop

« C'est par la blessure que la lumière entre en toi. » Jalal Adin Rûmi

19h15. C'est l'heure qu'affichait mon téléphone alors que j'admirais, cloitrée dans ma voiture, ce coucher de soleil que m'offrait la plage de Soumbédioune. La beauté que l'on retrouvait dans toute création du Seigneur me laissait toujours en extase, des choses simples, mais pures. Un coucher de Soleil, le son de la pluie, l'odeur du sable mouillé, un ciel aux couleurs changeantes, le sourire d'un enfant, un Papillon... Avez-vous déjà regardé de près un Papillon ? Lepidopteria. La symétrie parfaite de ses ailes, ses couleurs diverses, agencées dans une harmonie silencieuse, couleurs qui ne sont pas faites juste pour la beauté de nos yeux, mais qui lui servent, entre autres, de camouflage. Le doux son inaudible de ses ailes déployées, un Papillon sautillant de fleur en fleur, comme son nom latin l'indique d'ailleurs Papilio « aller, vaciller », aller de fleur en fleur, aller chercher son nectar. Les papillons sont sur Terre depuis l'époque des premiers dinosaures. Ils ont toujours été là. On ne les voit pas tous les jours, mais ils sont toujours là, quelque part, peut-être qu'une fleur les a enivrés de son nectar. Ou deviennent-il rares ? Oui, ils le sont. Comme l'abeille, le Papillon disparaît, victime des effets de l'Homme sur cette planète qui l'a vu naître et lui a donné tout ce qu'elle avait dans ses entrailles. L'Homme a-t-il osé ? Qui oserait faire du mal à un Papillon volontairement. Qui ? Mais le Papillon disparaît. Il s'en va.

Mon téléphone vibra dans mes bras. « Alors ? » C'était Zeyna qui venait aux nouvelles. Elle ne lâchait jamais le morceau. Mais la couleur du ciel n'était pas joyeuse ce jour-là. Que dis-je, les étoiles avaient décidé de jouer à cache-cache. Je vis que j'avais reçu des tonnes d'appels manqués, de Habib bien sûr. Il s'était résolu à m'envoyer un message, finalement, une heure avant. Je devais sûrement être en train de regarder deux adolescents se défier à la lutte traditionnelle. « Je suis parti chercher les enfants. ». Il voulait que je réponde quoi à ça. Waouh merci Papa d'avoir fait ton boulot de père en allant chercher tes enfants après avoir trompé sans une once de retenue leur maman. Ou plutôt, merci mon amour, d'aider ta pauvre petite femme chérie en allant chercher ses gosses. Pendant tout ce temps que j'ai passé dans ma voiture, aucune goutte de larme n'était sortie. Je n'avais pas pleuré, invraisemblablement. Je ne pouvais pas. J'ai plus regardé que pensé. Je me suis laissée transporter par le groove routinier de cette magnifique société sénégalaise. Certes, je regardais sans voir, mais c'était ce qu'il me fallait. Une pause, une évasion.

Je sortis de ma voiture et allai prendre une grande respiration, sous cette brise vacillant avec le bruit des vagues, puis direction la Dibiterie. Après tout, j'étais sortie acheter le dîner.

« Car les rêveries sont comme les parapluies, arrive toujours le moment où il faut affronter la couleur du ciel. » Fatou Diome

Linguère  -  (Terminée) Where stories live. Discover now