XVIII

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ATTENTION : Ce chapitre contient une scène de combat. Si vous êtes sensible à la violence et aux descriptions gores, je vous conseille de passer directement au chapitre suivant. Si vous voulez tout de même connaître le contenu de ce chapitre, je me ferais un plaisir de vous le résumer en commentaire ou par MP ! 


Le rugissement des moteurs brisait l'épais silence du désert.

Son regard sombre perçant l'horizon derrière ses lunettes de protection raillées, Lev accéléra. En tête du cortège, le Major savourait la sensation de puissance que lui donnait la vitesse. Aux aguets, il jeta un coup d'œil à son rétroviseur. Derrière lui, une vingtaine de bolides, escortés par cinq camions de ravitaillement blindés, émergeaient d'un épais nuage de fumé. C'était peu.

Les Falaises de Cinere. Lui qui s'était juré de ne jamais y retourner, il roulait à vive allure aux pieds des hauteurs rocheuses, menant son escouade composée d'une poignée de vétérans et de nouvelles recrues terrifiées aux portes de l'Enfer.

La mâchoire crispée sous son masque à gaz, Lev se concentra sur les falaises arides qui s'élevait devant lui. Ils rentreraient tous sains et saufs. Il ne pouvait en être autrement. Serrant les dents, le Major pesta contre la perversité de Messiah, dont les mots se répétaient en boucle dans un coin de sa tête. Nerveux, Lev réajusta son appareil respiratoire avant de lever sa main gantée, faisant signe à Luis et à ses soldats de changer de position.

Ils rentreraient tous. Sans exception.

Éblouie par l'immensité des plaines sauvages, Hansi dévorait des yeux le paysage qui défilait derrière le verre teinté de ses lunettes. Au cœur du cortège mécanique qui talonnait le Major, la jeune femme se laissait distraire par la beauté d'Extérieur. Elle ne savait pas vraiment où ils se rendaient. Luis les avait mis au courant des formalités avant qu'ils ne quittent le Camp pour réaliser une mission de repérage.

S'approcher des Falaises de Cinere, sécuriser les environs, protéger les Travailleurs lors de la mise en fonction de la base de niveau trois, recharger les canons automatiques avec l'escouade de Ravitaillement, puis rentrer au Camp. La routine, parait-il.

Hansi quitta des yeux le monticule de débris mécaniques qu'elle fixait depuis plusieurs minutes déjà pour observer le Major. À quelques mètres de là, il ralentissait progressivement pour se ranger au niveau de son caporal-chef. Luis désigna le flanc gauche des falaises d'un geste de la main. Hansi, intriguée, se perdit en conjecture.

Ils avaient l'air inquiets.

Lassée et légèrement agacée de ne pas pouvoir participer à leur échange, Hansi finit par jeter un coup d'œil au soldat qui voyageait à sa droite. Benedict. Les vétérans de leur escouade le surnommaient « Gueule d'Ange », à cause de ses yeux bleus, son épaisse chevelure blonde et ses traits de chérubin. Comme s'il avait accès à ses pensées, le jeune homme lui adressa un bref signe de tête. Et Hansi aperçut, suintant de ses iris transparentes, l'ombre d'une peur presque viscérale. Une terreur qui habitait tous les soldats qui avaient quitter Aeternum à ses côtés.

Tous, sauf elle.

Perplexe, Hansi détourna les yeux. Elle ne comprenait pas. La gorge nouée, elle se laissa porter par ce sentiment de solitude qui lui semblait si familier. Hansi était à part. Elle ne craignait pas l'Extérieur, au contraire. Plus ils avançaient dans cette immensité desséchée, plus elle se sentait confiante. C'était leur monde qui s'étalait là, devant eux. C'était leur Terre qui, à l'agonie, leur ouvrait encore les bras, avant de replonger dans ce funèbre sommeil dans lequel elle avait sombré.

Deus ex Machina [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant