Je rentre dans mon immeuble perturbée par toutes ces émotions qui me traversent et me dirige vers les escaliers en pierre. Tout en pestant contre mes mains qui tremblent suite au manque de tout et n'importe quoi je démarre l'ascension de ma valise jusqu'en haut. Depuis plusieurs jours j'ai remarqué mes mains qui tremblaient par intermittence et c'est dérangeant, je me suis retrouvée quelques fois à ne rien pouvoir faire tellement ma stabilité était incertaine. Après quelques recherches sur Internet, j'ai trouvé que l'addiction était à l'origine de ces tremblements et mes addictions ces derniers temps, avaient été nombreuses.

Au bout de ce qui me parut des heures je réussie à hisser ma valise en haut, toute essoufflée et agacée par ces tremblements qui ne cessent visiblement pas. Je cherche frénétiquement mes clés dans les poches mon trench et récupère un trousseau tintant. D'un pas las je me poste devant ma porte et tente de rentrer la clé en vain. Mon trousseau tombe suite au mouvement de mes mains et je serre violemment mes poings pour arrêter cette foutue marque de manque. Je me penche pour récupérer mes clés et tente une nouvelle fois d'ouvrir ma porte sans succès. Alors que je vais y retourner une troisième fois, passablement énervée, la porte s'ouvre d'elle-même devant moi sous mes yeux stupéfaits.

Dans mon cerveau, un message d'erreur semble s'afficher en grand tandis que je contemple la vieille femme devant moi.

-Excusez-moi, il y a un problème ?

Et je comprends.

Je comprends en blanchissant, mes tremblements redoublant. J'avais vendu mon appartement avant de venir aux Etats Unis. Et j'ai oublié.

-Pardon ! Je ... je suis désolée !

J'attrape ma valise derrière moi et m'enfuis dans le long couloir avant de tourner à l'angle. J'entends la porte se refermer derrière moi et il ne m'en faut pas plus pour m'effondrer sur le parquet, éclatant en sanglots. Mon dieu j'ai oublié.

J'ai oublié, j'ai oublié, j'ai oublié.

Et mes mains tremblent encore et encore et encore.

Je retiens un cri de frustration parmi mes sanglots. Je crois que revoir Benjamin a été la goutte d'eau, le petit plus qui m'a fait craquer, la cerise sur le gâteau. J'attrape mon téléphone et compose le numéro de ma mère, j'ai besoin de lui parler, là maintenant sur le sol de mon ancien immeuble.

-Allô Irwène ?

-Maman ...

Je lâche un gémissement implorant.

-Que se passe t-il ma puce, tu vas bien ?

-J'ai oublié ...

Je grimace avant de recommencer lamentablement à pleurer, mon cerveau s'emmêle.

-Irwène qu'est ce que tu as oublié ?

J'ai oublié tellement de choses si tu savais maman, j'ai oublié ma dignité, ma confiance, mon honneur, mon envie, mon sérieux, mon amour, ma famille, mes amis et mon appartement.

-Maman ...Je suis nulle, j'hoquète, je veux plus continuer ... je, j'ai ou-oublié ...

Puis je me rappelle la raison de tout ça, le pourquoi du comment, le commencement de la fin.

-Benjamin, j'ai v-vu Ben-jamin ...

Je referme compulsivement mes mains en tentant de calmer mes sanglots qui monte crescendo, faisant de mon corps le simple terrain de jeu de mes émotions.

-Calme-toi mon ange ...

Je sens sa panique dans sa voix et je suis aussi paniquée qu'elle mais je refuse qu'elle me dise de me calmer, je me suis calmée et retenue trop longtemps, maintenant tout veut sortir d'un coup et je me sens prête à me libérer. Mes yeux se brouillent tandis qu'une question me vient.

-Maman tu crois que je vais mourir ? je chuchote en ricanant nerveusement.

Je me suis toujours demandé si l'amour tue. Après tout Roméo et Juliette sont bien morts par amour, Tristan et Yseult aussi, ils sont tous des victimes de l'amour. Depuis ma rupture je me demande si moi aussi je peux être une de ces victimes de cette émotion perverse et malsaine. L'amour n'a rien de beau. L'amour est destructeur. L'amour est toxique. L'amour est morbide voir mortel.

-Comment ça ? Irwène non tu ne vas pas mourir qu'est ce qu'il se passe ? s'écrie t-elle enfin réellement inquiète.

Il t'a fallu tout ce temps maman pour te dire que ta fille ne va vraiment pas bien. As-tu hésité une fois sur son état ? Ou as-tu estimé qu'elle devait s'en sortir seule ?

-J'ai froid, je continue en chuchotant, et je tremble aussi, maman je suis une droguée.

Ça fait du bien de le dire. Ouais je suis une droguée, une alcoolique et occasionnellement je suis folle. Je suis droguée d'amour, et folle de tristesse.

-Ir...

-Non ! je hurle, je veux que tu viennes tout de suite ! Je veux te voir tout de suite maintenant !

Je suis persuadée que mon cri a résonné dans tout l'immeuble mais je m'en fous, à cause de Benjamin cet immeuble n'est plus le mien, tout est à cause de lui. Un silence se fait et je crois entendre ma mère pleurer mais je m'en fous, je veux la voir maintenant.

-Tu m'aimes pas c'est ça ? T'es jamais là quand j'ai besoin de toi, comme Benjamin.

Et pour la deuxième fois je fonds en larmes, signe de mon impuissance et de ma fatigue. J'en ai marre de faire comme si tout va bien, comme si la vie est belle et continue. Je veux ma mère.

-Je vais venir, j'entends à l'autre bout du fil.

-Quand ?

-J'arrive, je vais t'envoyer quelqu'un on arrive tous ... dit-elle d'une voix douce

J'aime pas quand elle parle comme ça, j'ai l'impression d'avoir deux ans.

-Ne bouge pas ma puce.

Je retiens un rire, de toute façon même si je le veux, je ne peux plus bouger.

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hello
chapitre triste tout ça, le dénouement arrive il doit rester max 5 chapitres snif
avez vous marché pour le climat vendredi ?
moi oui avec deux potes et c'était vachement cool eh eh :)

| toxique | b.pavardWhere stories live. Discover now