Chapitre 32

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Benjamin

J'entends les tonalités résonner une fois qu'elle a raccroché. Je baisse ma main et pose mon téléphone sur le lit en regardant le mur en face de moi.

J'ai fais une connerie, je le sais mais après tout je l'ai bien voulu non ?

Louisa ne m'a pas sauté dessus le deuxième soir, ça s'est passé de fil en aiguille et on ne peut pas dire que je me suis senti traqué, oui j'étais tout à fait d'accord avec ce que j'ai fais.

Alors pourquoi maintenant ça ne va plus ?

Peut être parce que j'ai refais cette erreur en revenant du week-end. C'est con mais le train est bien arrivé à l'heure, je n'ai même pas vu Irwène devant la gare et j'ai réitéré mon erreur dans la voiture de Louisa, sous son nez.

Je serre mon poing. Je sais qu'Irwène s'est sentie blessée pendant deux jours mais je ne pouvais pas la regarder dans les yeux et lui dire que je l'aimais alors que je venais de la tromper, peut être que pour certains c'est possible mais pas pour moi.

Revenir à Stuttgart était une sorte de fuite. J'avais pas prévu de revoir Louisa et pas prévu de continuer sur cette lancée de connerie. Je voulais juste me poser et me reprendre pour m'assurer que tout ça reste derrière moi et m'occuper de ma petite amie.

Voici une grosse désillusion.

Louisa est très jolie, effectivement elle est plus grande qu'Irwène et elle est blonde. En fait elle n'a rien en commun avec Irwène. Son rire n'est pas le même, ses idées non plus, autant sur le physique que sur le mental il n'y a rien de comparable mais elle me plaît. Ça me plaît de savoir que oui je peux encore draguer, oui je peux plaire à des filles différentes.

Je n'avais pas compris que je commençais à prendre peur au fond de moi, et pourtant je n'avais pas à prendre peur, Irwène est la meilleure fille de ce monde, j'avais une vie parfaite. Peut être trop parfaite. J'avais besoin de tout péter, voir si je peux me reconstruire.

C'est sûrement mieux comme ça, même pour Irwène, ça va lui apprendre à ne plus compter sur moi. Je pense que pour tout le monde cette erreur sera bénéfique.

Je soupire. Je ne sais pas si j'essaye de me convaincre mais il faut que j'y arrive. Je me lève et attrape ma veste à côté de moi avant de me diriger vers la porte d'entrée, j'ai besoin de faire un tour. Je sors, laissant mon téléphone sur le lit.

Irwène

Dire que mon monde s'est effondré serait un euphémisme. Benjamin s'est effondré et Benjamin était mon monde. Alors je me suis effondrée avec lui.

Je regarde le plafond en comptant les étoiles qui brillent dans le noir. Je suis mieux dans la pénombre. Je ne veux pas voir cette neige qui me rappelle inéluctablement la fin de mon monde.

Ça fait trois jours que je squatte chez Nicolas, il n'a pas vraiment posé de questions et m'a accueilli dans son appartement bourgeois dans le quartier de la tour Eiffel, après tout les chambres libres chez lui ce n'est pas ce qu'il manque. Je crois que je fais une sorte de déni et je n'ai aucune envie de revenir dans cet appartement qui me rappellerait Benjamin encore et toujours, il y a déjà tant de chose autour de moi qui me font penser à lui, ce n'est pas pour me le rappeler encore avec un environnement toxique. Flora va tout de même tous les jours nourrir Shaun qui n'a rien demandé, même lui j'ai la hantise de le revoir.

Flora gère, elle gère pour deux et ça me fait encore plus culpabiliser sur le fait que je ne l'ai pas autant soutenu après sa rupture avec Adrien, trop occupée par mon idylle.

Ce jour là je ne suis pas revenue au cinéma et je me suis perdue dans Paris sous la neige. Flora m'a retrouvé quelques heures plus tard et j'ai pleuré une seconde fois dans ses bras. Depuis aucunes larmes n'a été versé.

Si je refuse de revenir dans mon appartement je n'ai néanmoins rien supprimé de ce qui me lie à Benjamin, vu de l'extérieur il ne s'est rien passé. Son collier est toujours autour de mon cou, mes réseaux sociaux son intacts, la voiture est sur le parking de Nicolas, rien n'a bougé.

- Irwène ? Faut qu'on aille à l'école je te rappelle que tu n'as pas rendu ton dossier hier !

Je vois Nicolas passer la tête dans la chambre en allumant la lumière.

- Arrête de t'enfermer dans le noir on a l'impression que tu fais une veillée funèbre, tente t'il de plaisanter.

Je me redresse sur les coudes en le regardant et lui sourit le plus sincèrement possible, je suis tellement reconnaissante de ce qu'il fait pour moi.

- J'arrive tout de suite.

Je m'assis et attrape mon dossier sur le bureau en bois vernis. Je l'ouvre et scrute les vœux avant d'attraper mon effaceur. Je supprime le deuxième vœu et remonte tous les autres, l'Allemagne était un choix personnel mais maintenant il ne rime plus à rien, autant favoriser ce que je préfère. Je referme le dossier et pousse un léger soupir, sentant un poids s'alléger, peut être qu'il faut que je commence à faire un tri dans ma vie, c'est peut-être le moment.

***

Je sors de l'école et regarde le ciel. L'administration ne m'en a pas voulu de mon retard étant donné qu'ils envoient les dossiers seulement lundi matin.

- Tu rentres ou tu fais un tour ? me demande Nicolas en me jetant un coup d'œil.

Je scrute l'arrêt de bus en face de moi, il m'amènerait chez Flora et Flora a les clés de mon appartement.

- Je ... Je vais rester là ne t'inquiète pas, je te tiens au courant.

Sans attendre sa réponse je me mets à courir en voyant que le bus vient d'arriver, il est hors de question que je le loupe, je n'aurais peut-être pas ce courage une nouvelle fois. Je rentre dans le bus et envoie un message à mon amie pour lui prévenu de mon arrivée, j'ai eu trois jours de divergence mais maintenant il faut que je reprenne ma vie en main.

***

Je regarde la porte de mon appartement, clés en main. Toujours la même. L'appartement aussi doit être le même que quand je l'ai quitté, encore emprunt du passage de Benjamin, de son odeur. Je souffle pour me donner du courage et rentre la clé dans la porte avant de tourner deux fois vers la gauche. Je retire la clé et rentre sans me poser de questions avant de refermer la porte derrière moi.

Comme prévu, rien a changé. Nos chaussures sont toujours en bordel sous le porte-manteau, une photo de nous traine sur l'étagère à côté du miroir où un vieux message au rouge à lèvres et inscrit dessus et Shaun est assis face à moi, me regardant de ses petits yeux gris. L'appartement est figé dans le temps et je peux très bien m'imaginer Benjamin débarquer de la salle de bain d'une minute à l'autre. Mais ça n'arrivera plus jamais.

Je retire mon manteau doucement ainsi que mon sac à main que je pose au sol. Shaun s'approche de moi et je l'attrape.

- Coucou toi.

Il miaule en ronronnant et je le garde contre moi avant d'inspecter l'appartement de fond en comble. Je ne touche à rien mais je regarde, je constate. Mon objectif est de tirer un trait sur tout ça. Peut-être est ce trop précipité, à vrai dire cela fait seulement trois jours que ça s'est passé et on ne sait pas reparler, on en a même pas vraiment parlé en réalité. Après 4 ans de relation c'est peut-être trop soudain mais sincèrement je ne me vois pas lui pardonner ce qu'il semble être plus qu'une erreur et je ne pense pas qu'il veuille encore de moi. Après tout, quand on va voir ailleurs c'est qu'il y a un problème et le problème, c'est moi. Je repense dans un coin de ma tête à la conversation qu'on a eu le jeudi soir, ce jeudi où tout était parfait. Trop parfait, j'aurais du m'en douter.

Je secoue la tête et reporte mon attention sur la chambre où j'ai échoué.

Maintenant il ne reste plus qu'à travailler pour ne pas sombrer.

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chapitre sans aucunes actions ah ah mais au moins vous avez un petit pdv de ben

je compte changer le prénom d'Adrien en Adam et le titre et la couverture risque une nouvelle fois de changer ^^'

| toxique | b.pavardWhere stories live. Discover now