Chapitre 33

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Irwène

Debout dans la chambre j'ai retiré mon manteau depuis une bonne heure et trie les affaires qui passent sous mon nez. J'ai réussi à trouver des vieux cartons qu'on a utilisé lors de notre déménagement et y entrepose maintenant les vêtements de Benjamin ainsi que toutes ses petits choses que je ne voyais pas forcément : son réveil qui était devenu le mien, ses figurines de supers héros, ses magazines de foot sous le lit, ses innombrables crampons qu'il gardait précieusement, toute trace de lui disparait consciencieusement de la chambre au fil de l'heure qui passe. C'est ensuite au tour de la salle de bain d'être passée au peigne fin et de nouvelles choses s'entreposent au fond d'un nouveau carton, commençant par sa brosse à dent pour finir par les serviettes brodées par sa grand mère en passant par ses bracelets porte bonheur de vacances qui chez lui ont déjà cassé alors que les miens étaient toujours à mon poignet.

En traversant le couloir je récupère les quelques photos de lui enfant qui traînent et cette bougie senteur vanille que je déteste tant. Le salon est plus dur à trier étant donné que la plupart des objets sont à nous deux, je choisis donc plus par goût. Ce que j'aime particulièrement je garde et le reste sera pour lui. Pour ce qui est de toutes ces photos de nous deux, je les décroche toutes de leur cadre pour les ranger dans mon propre carton post-rupture. Je ne peux pas balayer presque un quart de ma vie comme ça, c'est impensable.

Je réunis enfin les quatre cartons sur la table à manger et les contemple un instant. J'ai trié mécaniquement sans vraiment réfléchir mais maintenant que je regarde ces cartons ça me semble trois fois plus concret. Secrètement je pense que j'espère que tout s'arrangera, que tout finira par revenir à la normale mais on est pas dans un bouquin.

En réalité je ne comprends pas pourquoi. Pourquoi il a fait ça. Comment a t'il fait pour casser notre bonheur ? Je ne pensais pas qu'il était triste avec moi, qu'il ne sentait plus bien. J'aurais aimé qu'il me dise plutôt qu'il fasse ce qu'il a fait parce peut être que je suis responsable de son malheur au sein de notre couple mais lui est responsable de ce trou béant dans ma poitrine.

Je ne pensais pas qu'un chagrin d'amour pouvait faire aussi mal mais je peux témoigner de la douleur qui me vrille la poitrine à chaque instant et de ce constant mal de crâne qui m'enferme avec mes pensées donnant l'impression d'être tout le temps dans du coton. Je déteste cette sensation nouvelle pour moi. J'ai eu quelques moments "chagrin d'amour" quand j'étais plus petite mais rien de fou. Je ne pensais pas dire ça mais le après Benjamin est aussi violent que toute ma relation avec lui.

D'un geste je glisse une main derrière ma nuque et attrape le fermoir de ce collier qui renferme une histoire. Je l'ouvre, le collier se désolidarisant de mon cou en tombant dans ma main. Je le regarde au creux de ma paume, cette chaîne qui me retenait à Benjamin. J'attrape une enveloppe sur le comptoir et glisse le collier. La bague à mon doigt suit le même chemin avant de poser l'enveloppe sur le dessus du dernier carton. Rapidement je les referme et attrape le scotch orange, spécial déménagement. Je ligote les cartons et tapotent dessus. Simplement des cartons mais toute une partie de moi qui s'en va.

Benjamin

-C'est une blague ?

Je serre les dents en tapotant du bout des doigts la table.

-Mais t'es sérieux ?

-Oui !

-Mais pourquoi ? Irwène c'était la femme de ta vie.

Emile me regarde depuis tout à l'heure avec de grands yeux.

-Il faut croire que ça ne l'était plus.

-Mon dieu ... J'ai l'impression d'être en deuil, tu me brises le cœur Ben.

Il boit une gorgée de sa bière.

-C'est pour ça qu'elle a retiré les photos de toi sur Instagram ?

Je relève la tête et fronce les sourcils.

-Ah ouais ?

-Ouais regarde.

Il me tend son téléphone sur lequel il pianotait et je regarde toutes ses photos. Il faut bien avouer que sur ce réseau social, je n'existe plus.

-Elle a été rapide, je constate.

-Bah si vous êtes plus ensembles, en plus tu ne m'as toujours pas dis pourquoi.

-Tu le sauras bien assez tôt.

-Elle t'a trompé ?

Je déglutis.

-Non.

-Alors c'est toi ? plaisante t-il.

Mine de rien je fuis son regard et il s'arrête de rire.

-Tu l'as trompé ? demande t-il complètement sérieux.

Je ne réponds pas mais mon silence est limpide.

-Non mais t'as complètement déconné là Benjamin, t'as trompé la plus jolie fille au monde, la plus gentille, la plus amoureuse, il te manque une case mon pote c'est pas possible.

-Et Angela ?

-Parle pas d'Angela s'il te plait, Irwène c'était une fille en or. T'es un gros con.

Je frappe du plat de la main sur la table en métal.

-Arrête avec ça putain, arrête ! Ouais Irwène c'est une fille en or patati patata mais merde putain j'ai le droit d'aller voir ailleurs non ? Toute ma vie faut que je reste avec elle tout ça parce que c'est une fille bien c'est ça ? Et si j'en ai marre je ferme ma gueule ? Et bah figure toi que j'ai sauté Louisa et je suis content de m'être échappé d'une vie chiante avec une fille parfaite.

Je me lève en sortant un billet de dix euros sous le regard choqué d'Emile. Je n'attends même pas sa réponse et m'éloigne en me prenant la tête. Je regrette ce que je viens de dire, je me dégoûte de dire de tels choses, c'est honteux de tenir de tels propos envers une personne qu'on a aimé et qu'on aime toujours un peu. Mais j'en ai marre de toutes ces remontrances, de tous ces jugements et je crois que le pire c'est que je sais très bien que je n'en suis qu'au début. L'étape de mes parents va être la plus dure étant donné qu'Irwène est leur belle-fille depuis bien longtemps. Ils ont eu qu'un enfant et par extension, Irwène est presque comme leur fille. Ça sera violent mais ça aura le mérité d'être court, tout le contraire de l'opinion publique. Les journalistes vont adorer se mettre ce scandale sous la dent, c'est une opportunité de faire du papier et du chiffre, une opportunité qui serait difficile de refuser et ceux qui vont en pâtir sont les principaux concernés.

Au fond de moi je m'inquiète pour Irwène puisqu'après tout, tout ça est de ma faute et elle va y être confrontée seule mais je ne peux plus m'inquiéter pour elle, je n'ai plus ce droit depuis que je l'ai brisé.

J'arrive chez moi et claque la porte, m'avançant d'un pas trainant vers le canapé. Je sors en même temps mon téléphone et regarde fixement l'écran noir en réfléchissant. Je finis par capituler et le déverrouiller. Je cherche dans mes contacts à la lettre L et appelle Louisa.

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après une semaine de votes le choix a été fait donc voici une nouvelle couverture, un nouveau résumé, un nouveau titre et un nouveau chapitre :)
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a m'a fait plaisir de voir des gens prendre part au choix, je vous remercie de suivre cette histoire :)

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