Chapitre 45

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Irwène

Il est 10 heures du matin et j'attends déjà de pied ferme, tout le reste de l'équipe pour leur dire au revoir. A midi ils ont leur avion pour repartir en Amérique, mettant définitivement fin au stage. J'aurais de mon côté une semaine pour me remettre de mes émotions et faire le bilan de mon stage avant de faire la deuxième partie à Paris. C'est bizarre à dire mais je me sens vide. J'ai l'impression d'être abandonné à mon triste sort, peut-être est ce dû au fait que j'ai créé une certaine amitié avec eux et ça s'est passé directement après ma rupture avec Benjamin, ils ont comblé un manque mais maintenant qu'ils vont partir je vais être définitivement seule.

-Irwène ! s'exclame Léo en s'approchant de moi, les bras grands ouverts.

Je ne peux m'empêcher de l'enlacer fortement.

-Tu étais où hier ? On t'a cherché partout.

Je fais une moue en me détachant, c'est vrai que je suis partie comme une voleuse après mon altercation avec Benjamin et je n'ai prévenu personne.

-J'avais mal à la tête, je suis désolée de n'avoir rien dis, je me suis endormie comme une masse.

Faux, je n'ai pas dormi de la nuit à cause de Benjamin. Léo semble le deviner à mes cernes mais il ne dit rien, se contentant d'hocher la tête. Je le remercie silencieusement.

-Prêt à partir ? je demande.

-Et oui, ta petite bouille va me manquer, et toi prête à reprendre ta vie très française.

Je souris. Non clairement pas. Je ne dis pas que j'étais prête à continuer une vie « so américaine » mais je ne suis vraiment pas prête à reprendre ma vue ici, si proche de Benjamin. Surtout que quand je suis partie, plus rien ne me retenait.

-Et oui, les cours, les amis, les sorties, les projets, ne t'inquiète pas je suis prête comme jamais.

Il me sourit et pose sa main sur mon bras avant de prendre un air sérieux.

-Irwène je voulais ... enfin, pour tes problèmes avec ... l'alcool et la drogue, ne dis rien tu sais très bien que j'ai raison, enchaine t-il avant de reprendre, n'hésite pas à te faire aider, accepte l'aide des autres d'accord ?

Pour le rassurer j'hoche la tête mais je vais très bien m'aider toute seule, je gère.

-Irwène tiens voici la lettre pour ton école, nous interrompt Steven.

Je la prends et la mets dans ma poche tandis qu'il me regarde avec un grand sourire. Il attrape mes épaules.

-Tu es une bonne élève Irwène, et une bonne stagiaire, j'ai aimé travailler avec toi, ne change pas. Pour ton aide sur la réalisation du deuxième volet tu recevras un cachet et des nouvelles. Je ne compte pas te lâcher de si tôt.

Il me fait un clin d'œil avant de m'embrasser la joue comme le fait mon père et une vague de tristesse me percute de plein fouet. L'ambiance des tournages va me manquer, je réalise que tout ça c'est vraiment mon univers, le job de mes rêves.

-Merci beaucoup Monsieur Paperclips.

-Tu peux m'appeler Adams.

A la mention de ce nom je jette un coup d'œil à Léo qui me sourit, je me rappelle de cette petite histoire sur sa grand-mère, son père et les trombones et j'ai l'impression d'être acceptée dans une nouvelle famille.

Des au revoir courts s'ensuivent et en quelques minutes je me retrouve seule dans le grand hall du Ritz. Fatiguée je récupère ma valise à mes côtés et sort de l'hôtel. Je décide de marcher un peu parce que j'estime que ça me fera du bien de reprendre corps avec Paris et puis mon appartement n'est pas si loin. En trainant ma valise je repense encore et toujours à hier soir. A cette soudaine rencontre avec Benjamin, à ces mots que l'on s'est échangé. D'après lui il regrette, il avait l'air sincère mais comment avoir confiance en lui, comment croire un homme qui trompe et ment, même par omission ? Mon corps et mon cœur veulent le croire, ils ne demandent que ça mais ma tête réfléchit et me montre que c'est déraisonnable et qu'il ne mérite aucun pardon. Alors pourquoi cette altercation m'a tant retourné ? Pourquoi ai-je tant envie de l'embrasser et de retourner dans ses bras comme la dernière des idiote. L'amour est injuste et débile. Secrètement j'espère qu'il crève envie de me revoir mais je veux aussi qu'il me lâche et m'oublie, très paradoxal comme pensées.

| toxique | b.pavardWhere stories live. Discover now