CHAPITRE QUATRE-VINGT-TREIZE .3

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Suwane se retint de l'embrasser sauvagement, jamais devant les subordonnés disait Tranit, et grimpa à l'intérieur du kañv, tandis qu'Adacie faisait une seconde inspection visuelle et refermait la rampe d'accès et les portières latérales.

Suwane passa le gilet de liège bariolé qu'Erwan voulait les voir porter à chaque fois puis une fois qu'Adacie fut assise à ses côtés, elle relança la procédure bien établit maintenant.

Elle injecta un peu d'énergie et l'hélico se souleva doucement, à deux coudées du sol. Suwane connecta ensuite le circuit du rotor et vit dans son miroir de contrôle que les perches commençaient à tourner au-dessus d'elles et que les petites à l'arrière tournaient bien.

Comme Adacie confirmait d'un signe de tête que tout allait bien, elle injecta un peu plus d'énergie et le kañv grimpa souplement à une vingtaine de toises, avant que la jeune écuyère poussa son manche et ne parte vers l'avant à la vitesse d'un dorkis au petit galop.

Si elle ne dépassait pas les cent toises, elle devait être capable de maintenir cette vitesse six heures durant, ce qui était déjà impensable pour l'immense majorité des gens. Mais ce n'étaient pas ce qui était recherché.

Suwane tourna lentement au-dessus de la plaine située entre l'oisellerie, la maison forte et les installations souterraines des artisans.

Après un premier tour, elle grimpa progressivement à un peu plus de cent toises en augmentant la vitesse de ses perches et l'appareil restait bien stables contrairement à l'essai précédentท où les tremblements avaient commencé bien trop tôt.

Les deux jeunes femmes restaient bien concentrées, Adacie vérifiait un drôle d'appareil confié par Erwan, un altimètre, si Suwane avait bien entendu, avec lequel il était possible de savoir à quelle hauteur on se trouvait.

— Nous sommes à deux cents toises, Suwane. Refais encore un survol à cette hauteur mais va un peu plus vite. Ensuite, tu grimpes encore.

Suwane s'exécuta sans aucune difficulté. Elle augmenta la vitesse des perches avant de prendre plus d'altitude et écouta Adacie qui comptait.

— Deux cent cinquante... encore deux crans pour trois cents, s'il te plaît... Impec ! Comme dit Sa Seigneurie. C'est merveilleux !s'exclama la jeune femme.

Suwane s'autorisa un petit sourire et contempla le paysage crépusculaire. On voyait encore bien des choses comme les nombreuses lumières et lueurs des installations autour de la maison-forte.

Avec un tour supplémentaire, Suwane atteignit les quatre cents toises de hauteur et elle-même ressentit une certaine excitation. Bien entendu, elles volaient à vide, il n'y avait rien dans la grande soute, mais déjà c'était merveilleux.

En revenant vers la Barcusane, Suwane signala un point lumineux se déplaçant à vive allure au niveau de l'Adour.

— C'est Erwan ! s'exclama joyeusement Adacie.

Suwane donna alors plus de puissance pour entamer un nouveau tour et atteignit les six cents toises d'altitude puis elle montra l'Adour à Adacie et les désigna du doigt.

Le message était clair et la jeune capitaine approuva.

— Allons le chercher !

Suwane tourna doucement, puis fonça vers la rive du fleuve qu'elle atteignit un instant ridiculement court plus tard. Elle avait mis moins de deux cents pulsations pour parcourir la demi-lieue les séparant de la rive.

— Cent cinquante-huit, nota Adacie sur un petit calepin, ma respiration est plus régulière que la tienne.

Suwane grimaça comiquement en entendant ce que lui disait Adacie, mais elle ne pouvait pas lâcher son manche pour lui écrire que son cœur battait pour elles deux.

Elle envoya un petit baiser aérien à Adacie, puis cercla non loin de la rive pour se poser.

Adacie fixait le patrouilleur approchant et vit plusieurs personnes sur le pont. Elle s'empara de son TOP et demanda à Suwane de rester immobile quelques instants. Avec des années d'entraînement, d'habitude, elle visa immédiatement le transmetteur fixe du patrouilleur et ses doigts agiles tapotèrent un Barcus 4 Unité en 10-25 pour Aquitaine Unité.

Il y eut un moment silencieux, puis à travers l'ouverture dans le vitrage du cockpit de l'hélico un 10-04 lui fut envoyé.

Adacie laissa éclater sa joie et fit signe à Suwane de se poser, ce que la jeune écuyère fit en écoutant Adacie lui raconter qu'elle venait adresser à leur seigneur et maître le message habituel pour venir au rapport d'un supérieur.

Suwane hocha la tête, elle avait entendu ce 10-25 assez souvent pendant les dix jours qu'elle venait de passer avec ces incroyables gens.

Le kañv se posa un peu avant que le patrouilleur ne se rapproche de la rive et n'abaisse une rampe de laquelle quelques cavaliers surgirent au galop, des hussards et des enseignes. Adacie et Suwane avaient à peine posé le pied au sol qu'Erwan déboulait devant elles, sourire aux lèvres.

— Alors ? Ca y est ? demanda-t-il avec impatience.

Adacie s'arrangea pour le saluer avant de lui tendre son calepin.

— Six cents toises à dix lieues de l'heure confirmées. À vide, certes, mais nous pouvions monter plus haut. Suwane devait avoir encore deux cents ou trois cents toises d'altitude possible.

— Excellent, déclara le jeune prophète qui montra la Barcusane à son escorte.

— Attendez-moi tous là-bas, sur l'arrière des installations. Vous avez une minute d'avance ! Exécution !


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Vixii

Les larmes de Tranit - 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant