CHAPITRE QUATRE-VINGT-TROIS .2

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Tranit se laissa convaincre. Erwan lui donna quelques explications supplémentaires, puis ils se mirent à terminer le nouveau modèle. Comme l'avait dit le jeune homme, il s'agissait surtout de le remonter, les pièces étant déjà prêtes et s'insérant aisément les unes avec les autres.

Seul l'avant était différent. Erwan avait fait venir de son domaine des morceaux de verre, cette matière que Tranit avait d'abord prise pour du cristal.

Les pièces, presque toutes identiques, étaient fixées à un cadre de bois et reliées entre elles par du plomb fondu. Cela permettait de piloter l'hélico avec une bonne visibilité tout en étant protégé du vent, de la pluie.

Malheureusement, ce verre étant fragile, il pouvait éclater au moindre impact avec une flammèche, un trait de scorpion où un oiseau.

— Mais c'est un risque à prendre, décréta Erwan. Je pense que les avantages qu'il apporte valent le risque.

Tranit et Suwane, qui avait terminé de travailler sur le modèle original, suivirent les indications du jeune homme pour installer ce qu'Erwan avait appelé le cockpit. Moins d'une heure après son arrivée, Tranit se retrouvait devant un modèle identique à celui qu'elle avait réalisé avec ses deux comparses et le druide en plusieurs jours de travail harassant.

D'apparence très calme, Erwan tournait autour de l'engin et Tranit était persuadé qu'il jubilait. Cela se voyait à la flamme dansant dans ses immenses yeux bleus. Même Suwane le regardait avec admiration. Il finit par reculer, puis le montra à Tranit.

— À toi l'honneur. J'aimerais simplement que tu refasses ce que tu as fait la nuit dernière. Rien de plus. Je veux que tu t'habitues au cockpit. Le poids est identique à ton modèle, simplement il est répartit différemment. Te sens-tu prête ?

— Oh oui. Suwane sera avec moi. Voulez-vous volez avec nous seigneur ?

Le jeune homme refusa d'un geste de la main en montrant les deux dragons qui montaient la garde un peu plus loin.

— J'aimerai tellement le faire dès maintenant, mais eux m'en empêcheraient, ordre d'Awèl, d'Alioz... de tous ceux qui sont censés m'obéir, mais refusent de me voir faire la moindre chose risquée. Quand tu auras volé, je pourrais le faire à mon tour. Et je ne m'en gênerai pas, gloussa-t-il. Vas-y !

Tranit et Suwane s'installèrent dans le modèle, Tranit aux commandes, Suwane juste derrière elle. Adacie fit approcher ses élèves qui semblèrent apprécier cette pause dans leur instruction et observèrent avec étonnement Tranit qui effectuait les mêmes gestes dont ils venaient d'entendre parler pendant les trois dernières heures.

Répondant à une supplique silencieuse d'Adacie, Tranit enchaîna des gestes lents et raconta à voix haute ce qu'elle faisait, comme cela s'était passé les nuits précédentes. La présence de Suwane lui offrait une certaine confiance en elle et Tranit se sentait plutôt sereine.

Personne ne réagit lorsque le modèle flotta à une demi-toise au-dessus du sol, même les écuyers semblaient avoir déjà vu des chariots flottant sur quartz.

Lorsque les perches se mirent à tourner, cela n'éveilla qu'une surprise amusée, même si Adacie demandait à une enseigne à quoi elle servait.

Lorsque Tranit annonça les phases suivantes et que son chariot monta à deux toises du sol, cela souleva un petit intérêt, surtout quand Adacie leur rappela qu'avec un modèle à taille réelle, cela correspondait à plus de cinquante toises.

Puis, devant la petite vingtaine d'élèves, Tranit poussa simplement son manche et un tonnerre d'exclamation se fit entendre lorsque le modèle avança à vive allure vers le côté opposé.

Les larmes de Tranit - 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant