CHAPITRE QUATRE-VINGTS .4

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Les chasseurs postés dans les fourrés firent sonner une trompette et lancèrent le signal de visite que Tranit connaissait si bien. Quelques instants plus tard, une troupe d'une vingtaine de cavaliers débouchait au petit trot dans la clairière.

La plus grande partie des hommes se dirigeaient directement vers l'abreuvoir pour y mener leur dorkis, tandis que quelques-uns s'approchaient du feu pour y déposer des morceaux de viande.

Ils agissaient tous comme s'ils étaient seuls ici, affichant une certaine prétention.

Un homme d'une bonne trentaine d'années, escorté de deux écuyers, s'avança vers eux, mais eut finalement la politesse de mettre pied à terre à quelques toises de Tranit et de Caldurion. Il les salua de manière classique, posant sa main droite sur son cœur avant de la tendre vers eux, paume ouverte.

— Que les dieux vous soient favorables. Je suis content de vous revoir si tôt, lança-t-il d'une voix assurée.

Tranit et Caldurion lui tendirent son salut puis le chevalier druide fit un pas en avant et désigna Tranit.

— Chevalier, je suis fier de vous présenter la chevalière Tranit de la Barcusane à qui mon seigneur fait entièrement confiance. Nous sommes tous les deux ravis de pouvoir vous rencontrer aussi rapidement.

Raul, le chevalier forestier, dont Tranit avait lu le nom le matin même, regarda la jeune femme avec une lueur d'étonnement dans les yeux.

— Si jeune et déjà comblée. Les dieux vous soutiennent damoiselle, affirma-t-il d'un ton respectueux mais aussi méfiant.

Tranit lui serra l'avant-bras qu'il lui tendait.

— Les dieux sont joueurs, chevalier. Ils ne m'ont comblée en rien et seulement donnée plus de tâches à effectuer que je ne puisse en remplir. Une guerre à mener, un domaine à relever. De quoi remplir une vie alors que je n'ai presque plus de temps. Seul le renfort d'hommes de valeurs tels que vous permettra d'y parvenir.

Le chevalier apprécia d'une signe de tête le compliment et montra le dais que les chasseurs de Caldurion terminaient de monter, alors que les forestiers apportaient des chaises et une table pliante.

— Asseyons-nous et buvons quelque chose de chaud tout en bavardant. Il fait encore frais. Vous n'avez pas eu froid en voyageant de nuit dame Tranit ?

La jeune femme eut un sourire rassurant.

— Notre voyage s'est très bien passé malgré l'orage et les pluies. Mais accordons-nous quelques boissons chaudes supplémentaires, elles seront les bienvenues.

Le trio se dirigea calmement vers la table, alors qu'on y apportait des morceaux de viande juste cuits et quelques pains. Tranit laissait ses yeux vagabonder et réalisa à quel point les tenues de forestiers laissaient à désirer. Pas qu'elles soient usées ou pas, mais la saleté était flagrante alors que quelques semaines plus tôt elle n'aurait rien vu.

L'hygiène enseignée par Adacie, la fréquentation des Montagnards l'avaient changée bien plus profondément qu'elle ne le pensait.

Une fois assise, Tranit proposa de son chanvre au chevalier qui accepta avec joie, ce genre de produit devant être assez difficile à se procurer pour lui. Caldurion lança la conversation en revenant sur certains points déjà discutés avec le chevalier et y apportant quelques précisions.

Raul écoutait attentivement. C'était un homme d'action, cela se voyait à sa musculature, son attitude, mais il avait appris à écouter et à réfléchir. Il fit signe à un de ses écuyers de venir s'asseoir à la table.

Les larmes de Tranit - 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant