Les larmes de Tranit - 4

CHAPITRE SOIXANTE-DIX-NEUF .2

Adacie et Suwane s'étaient assises à leur tout et le druide leur montra tout ce qui était autour d'eux.

— Je laisse les artisans préparer les armatures et les cuirasses des chariots. Ils préparent aussi les pièces métalliques d'après les dessins d'Erwan et mes essais. Nous, on va réaliser tout cela avec notre maquette. Je me suis dit qu'il allait falloir une machine pour entraîner les autres officiers. Le jouet sera à la bonne taille.

Tranit opina du chef, suivie par ses deux compagnes. Ce que disait le druide tombait sous le sens. Celui-ci montra les pièces métalliques.

— Je propose que nous nous mettions au travail ensemble pour réaliser le nouveau système de direction qu'Erwan a imaginé.

Il les interrogea du regard et voyant leur approbation se remit à lire à haute voix ce que Tranit avait écrit la veille sous la dictée. Cette première partie était relativement aisée puisqu'il suffisait d'adapter à la pièce de bois réalisée deux jours plus tôt et de lui ajouter deux excroissances pour que les pieds puissent prendre appui dessus et faire pivoter l'ensemble.

Après quelques essais pour choisir la forme la plus pratique et la matière la mieux adaptée, Tranit et Suwane fixèrent l'ensemble avec quatre écrous qu'elles boulonnèrent fermement.

Ensuite, il s'attaqua au système permettant de relever les caches couvrant les quartz flotteurs de la maquette. Les trois jeunes femmes le laissèrent faire, tentant de suivre ses explications, mais un Géhémias sobre parlait beaucoup plus vite que lorsqu'il était chargé.

Tranit eut même envie de le forcer à fumer une pipe plus forte pour le calmer. Elle se retint de la faire en voyant qu'il avait presque terminé. Il demanda à Adacie et Suwane d'installer la bouteille de Leyde qu'il coupla avec son système.

Il se recula, satisfait.

— On va tester seulement le système de direction à une toise du sol, pas plus. Vous allez pouvoir vous amuser dans l'autre hangar. Aujourd'hui les hommes y ont installé des piles de caisses de provisions. Mais il y a encore de la place.

Suwane s'était déjà installée sur la selle et mettait le jouet en œuvre. D'un geste assuré, elle avait tourné sa manivelle pour remonter les caches des quartz et flottait à une demi-toise du sol.

Elle n'eut besoin que d'augmenter d'un cran ou d'eux la puissance électrique pour gagner encore une demi-toise de hauteur. Adacie était montée sur des caisses et regardait au même niveau qu'elle. Voyant que tout était dégagé, elle lui fit signe d'y aller.

Suwane poussa le manche de dague et immédiatement, son chariot avança à la vitesse d'un homme au pas de course. Adacie lui conseilla de tester le système de pédalier dès le début, ce que la jeune écuyère fit avec une petite appréhension mais cela se déroula beaucoup plus aisément qu'avec leur propre système.

Malgré l'inertie, elle enchaîna les demi-tours puis des tours complets, d'abord à petite vitesse puis à plus vive allure.

Elle revint près de Tranit et écrivit sur son cahier.

— C'est beaucoup plus souple, plus facile. Avec un peu d'habitude il n'y aura aucune difficulté et ainsi on se concentre mieux sur ce qu'il y a autour de nous.

Adacie monta à son tour sur le jouet et fit les mêmes expériences que Suwane. Elle laissa éclater sa joie à plusieurs reprises et revint finalement se poser, ravie.

Tranit se précipita pour voler à son tour et ne put qu'être d'accord avec ses amies. C'était sans doute parfait. Moins fatiguant et permettait une meilleure concentration.

Il n'était que la troisième veille, vingt-deux heures pour les Montagnards, quand Tranit arrêta ses essais et qu'après quelques commentaires, elles tombèrent d'accord sur le fait que la chose à changer était le siège.

La selle était un beau progrès, mais guère suffisant. Il faudrait y penser par la suite.

Les trois jeunes femmes revinrent après de Géhémias qui sortait des pièces de bois de la caisse sur laquelle il était assis.

— C'était facile ce pédalier. Erwan avait tout expliqué, il suffisait de suivre les instructions. Moi, j'ai passé plus de temps sur les perches. Le rotor comme il dit.

Adacie et Suwane ayant lu les explications rédigées par Tranit, Géhémias savait qu'il n'avait pas d'autres choses à dire. Il monta délicatement l'ensemble réalisé au cours de la journée.

— Avec l'expérience d'hier et des calculs de Mousse, j'ai réalisé une pièce qui devrait convenir à notre jouet chariot. Le seul problème en fait, ce sont les perches. Je crois qu'elles doivent être un peu plus longues que l'ensemble du chariot. Ici, pour notre maquette, cela fait des perches d'une toise de long.

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Vixii