CHAPITRE SOIXANTE-SEIZE .4

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Tranit ôta sa veste qu'un marin vint prendre sur l'ordre de l'enseigne qui leur fit signe d'attendre près de la rambarde.

— Je vous fais apporter une petite collation pour le voyage.

Les deux jeunes femmes se retrouvèrent seules et isolées même dans l'agitation ambiante. Un marin leur apporta deux beignets et de quoi remplir leur chope de cuir de lait de noisettes avant de s'effacer aussi silencieusement qu'il était arrivé.

Tranit en profita pour rapporter à Suwane ce qu'Erwan lui avait dit. La jeune écuyère fronça les sourcils à l'évocation de la prépa TAP, sans doute partagée entre l'excitation de l'apprentissage et l'appréhension de la fatigue en résultant.

Moins d'une heure plus tard, alors que le trimaran venait de faire halte dans le lit du fleuve, des groupes d'oiseaux le survolèrent. Plusieurs d'entre eux vinrent se poser sur l'eau. Le retour à la Barcusane allait pouvoir commencer.

Les affaires des jeunes femmes furent réparties entre les différents goélands et Tranit et Suwane s'équipèrent pour le vol. Elles descendirent une échelle de corde partant du passavant jusqu'au dos de l'animal.

Le chevalier et son écuyer aidèrent Tranit à s'installer le plus confortablement possible entre eux et vérifièrent son harnachement. Sur son goéland, Suwane était en train de rire avec l'équipage.

Deux autres oiseaux montés par un chevalier et son écuyer manipulant un FLACA les accompagnaient, des sacs supplémentaires accrochés à la sellerie.

Les goélands restèrent groupés dans le courant, alors que le trimaran semblait s'éloigner un peu. Tranit vit l'istorlet sur le flotteur droit et Alwine monter dessus.

Dès qu'elle leva le bras, les deux oiseaux sans passagers supplémentaires semblèrent bondirent sur la surface de l'eau et marcher dessus alors que les grandes ailes se déployaient.

Quelques aboiements brefs, puis l'animal sur lequel Tranit avait pris place s'agita et se mit à suivre les autres. Ses ailes semblaient encore plus grandes et avec à peine quelques soubresauts, l'animal sembla cavaler à la suite de ses congénères et grimper derrière eux. En ces quelques mouvements, ils avaient pris l'air.

Si ces premiers instants en l'air semblaient assez étranges, les ailes ne battaient pas si vite que ça, le mouvement était plus puissant que rapide et la montée semblait freiner par le poids qu'il emportait.

Tranit sentit deux ou trois fois son estomac se contracter de la même façon lorsqu'elle sautait d'une hauteur, mais en quelques respirations, Tranit vit bien que le trimaran devenait plus petit et sa vision périphérique sembla s'élargir.

Elle grimpait et vit le quatrième goéland, celui de Suwane, apparaître un peu derrière elle sur sa gauche. Elle se souvint de ce qu'elle avait entendu, probablement par Glèm, que les oiseaux volaient en général entre six cents et mille toises de hauteur.

Elle se pencha vers l'écuyer qui dos au chevalier surveillait leurs arrières.

— On vole à combien ?

— Combien en hauteur ? Sept cents toises pas plus. Le vent nous pousse, c'est pratique.

Tranit le remercia d'une tape sur l'épaule et observa le sol. Les choses seraient presque aussi petites une fois sur le chemin de ronde des forteresses. Elle ne cherchait pas à savoir comment les hommes avaient pu réaliser un ouvrage aussi haut, mais comment se déroulerait le combat pour s'en emparer.

Elle se plongea dans ses souvenirs et se remit en mémoire l'image découverte dans le quartz d'Erwan. Elle se concentra et tenta, dans son esprit de s'y retrouver et d'imaginer ce qui allait produire.

Le plus clairement possible, Tranit imagina ses chariots volants, les chariots du ciel comme les avaient nommés Adacie, s'approcher des remparts au petit matin et vit, comme Erwan le lui avait expliqué, les rampes arrière s'abaisser et les pelotons d'assaut en surgir, près au combat.

Tranit refit défiler plusieurs fois la scène, comme un rêve qu'elle pouvait recommencer à loisir et peaufiner ce qu'elle voyait : l'espacement des chariots, le comportement des hommes, les flammèches que les équipages des chariots seraient peut-être contraints d'utiliser pour assommer un ennemi qui pourrait réagir bien plus rapidement que prévu.

Erwan avait noté des patrouilles régulières sur ce rempart et les deux abris d'angle et celui du milieu semblait contenir une garde permanente. Son remplacement se faisait par l'intérieur, les remparts étant assez épais pour contenir des couloirs et des escaliers.

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Vixii

Les larmes de Tranit - 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant