CHAPITRE QUATRE-VINGT-DEUX .4

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Il y eut un petit moment de silence avant que des bruits de cavalcade ne se fassent entendre et qu'un chasseur en observation annonce un 10-25 de 10-14 pour Barcus Unité.

Patrouille au rapport : cela annonçait le retour des forestiers qui avaient reconnu le terrain avec les chasseurs de Caldurion. Celui-ci échangea un long regard avec Tranit, puis se leva et rendit le salut au cavalier arrivé le premier.

Tranit écouta le mélange de phrases et de code, toujours aussi abscons, tout en reconnaissant pourtant plusieurs. Apparemment, tout s'était bien passé.

Les forestiers avaient du mal à masquer leur contentement, au vu de ce qu'ils avaient découvert.

Tranit rangea sa pipe et se leva pour recevoir leurs visiteurs, tentant de puiser en elle toute la diplomatie, tout le calme dont elle était capable.

Sans être primordial, cet accord lui assurait le calme et la sécurité à moindre coût. Elle se doutait de l'importance que pouvait avoir le domaine pour le jeune seigneur prophète et si elle en exprimait le besoin, il lui apporterait les forces nécéssaires pour le sécuriser.

Cependant, cela signiferait un manque ailleurs. Elle venait de comprendre, en quelques jours passé à la maison forte qu'elle voyait renaître ou bien lors de ses diccussions avec le chevalier druide, que tout avait finalement un prix, que même le temps était a payer.

Raul, ses deux écuyers et une demi-douzaine d'hommes montés, ses chevaliers sans doute, arrivèrent entourés par autant de chasseurs du Barcus et deux enseignes. Le seigneur forestier mit pied à terre, plutôt souplement pour un homme de sa corpulence, et vint à la rencontre de Tranit et du druide devenu officier d'Erwan.

Il était de très bonne humeur, tout comme les siens, mais un éclair d'inquiétude parcourait ses yeux.

— Vous êtes déjà de retour, dame Tranit ? Avez-vous pu obtenir les informations que vous désiriez ? s'enquit-il d'un ton mesuré. Peut-être que Tranit ne pouvait dissimulé aussi bien ses sentimentsqu'elle l'aurait souhaité ?

— Tout à fait, seigneur Raul, s'efforça-t-elle de répondre avec tranquilité.

Comme le chevalier restait debout, quelque peu indécit, Tranit poursuivit.

— Asseyons-nous pour en parler, proposa la jeune femme en l'invitant à la rejoindre.

Caldurion lança des ordres à ses hommes : que des boissons fraîches soient apportées, que tout le monde se trouve une occupation.

Raul accepta l'invitation de Tranit et sortit sa pipe. La jeune femme lui offrit une nouvelle fois de son mélange de chanvre et sortit la liste qu'il lui avait donnée le matin même, puis celle rédigée au village.

Autant commencer avec ce qui fâcherait le moins.

— Tenez, chevalier. Les noms suivants sont ceux de vos gens faisant mieux d'éviter les miens.

Raul gloussa en découvrant la liste. Il ne semblait pas plus étonné que ça.

— Je suis surpris qu'il n'y en ait pas plus, en fait.

Il montra la liste à son neveu revenu à ses côtés.

— Beaucoup de gens ont été très contents d'apprendre que plusieurs de leurs amis étaient encore en vie et vous avaient rejoints, raconta Tranit. Des amis, de la famille éloignée. Leur passage chez nous sera le bienvenu et j'en suis vraiment contente.

Le chevalier hocha vigoureusement la tête, visiblement satisfait. Pourtant, son regard scrutateur ne quittait pas la jeune femme qui, après un rapide coup d'œil vers maître Caldurion, poursuivit d'un ton quel voulait égal.

Les larmes de Tranit - 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant