CHAPITRE SOIXANTE-DIX-HUIT .5

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Elles se forcèrent à donner le meilleur d'elles-mêmes pour ne pas faire perdre de temps aux autres. Les chansons furent chantées deux fois avant d'être retenues puis les simulacres de sauts furent entamés sur le champ.

Le plus difficile en fait était de sauter avec le canon de l'arme. Il était vraiment long et placé dans un tube de protection avec des accessoires. Il fallait le mettre sur le côté, en diagonale plus sur l'avant que l'arrière pour pouvoir sortir de la zone de saut.

Tranit et Suwane passèrent en dernière des deux groupes pour sauter directement à trente toises. Deux jours plus tôt, elles avaient commencé à dix. Mais cette fois-ci, Tranit vit qu'il n'y avait pas pression comme la première fois. Les instructeurs étaient toujours aussi sévères, mais expliquaient mieux et plus lentement.

Tranit vit que le premier élève s'approchait en fixant l'angle que faisait son canon afin qu'il puisse sortir sans encombre. Le dragon qui surveillait l'exercice lui fit prendre conscience de la distance avec la sortie et lui fit répéter deux dois les gestes avant qu'à la troisième il le poussât un peu plus fermement et qu'il passa par l'ouverture. Depuis le sol, un autre instructeur lui hurlait d'agir correctement sinon il allait le massacrer.

L'élève juste devant Tranit, le mousquetaire, se tourna vers elle en souriant.

— C'est beaucoup plus calme qu'hier, je crois que je vais y arriver aujourd'hui.

La jeune femme sourit et lui fit signe de regarder le second élève qui se mettait en position. En fait, tout était fait pour que les élèves aient le temps de s'imprégner des gestes de sécurité, des différences avec un saut normal.

Quand son tour arriva, Tranit se sentait tendue, mais confiante. Elle répéta deux fois le passage de la porte. Oui, ce long canon dans son étui était vraiment encombrant et quand elle répéta le mouvement une troisième fois et qu'elle sentit la poussée du dragon dans son dos, ses réflexes jouèrent

Elle garda les jambes serrées, leva la tête et voyant qu'elle avait bien bondit sur le côté, leva les mains pour s'emparer des suspentes. Déjà, elle revenait à la verticale et repliait les jambes.

L'instructeur lui ordonna de tractionner, de tirer sur les suspentes et de ne pas remonter les jambes trop haut. C'était pas l'étui qui devait amortir sa chute, elle devait le protéger comme son bien le plus précieux.

Tranit eut juste le temps de rectifier sa position que ses talons touchaient le sol. Elle pivota pour ne pas écraser son étui et se laissa rouler à terre avant de se déharnacher. L'instructeur lui faisait signe de remonter et de recommencer. Lowat avait annoncé trois sauts avec chaque partie de l'arme.

Tranit aperçut au loin un groupe de nouveaux élèves qui, terrorisés, les regardaient sauter dans le vide. Tranit s'en amusa avant de remonter l'escalier. Ils ne savaient pas encore le plaisir qu'il y avait à sauter. Ils ne pouvaient pas encore comprendre.

Tranit enchaîna les cinq autres sauts suivants avec plaisir. Sauter avec la culasse était bien plus facile. Même si elle pesait vraiment lourd, sa taille raisonnable de trois coudées rendait le saut moins problématique.

Elle retrouva Suwane avec plaisir mais vit que la jeune écuyère était toute écorchée sur sa joue. Deux autres élèves se tenaient les côtes. Apparemment, leurs sauts avec le canon n'avaient pas été aussi aisés que ceux avec la culasse.

Lowat les laissa ranger les harnais et se débarbouiller rapidement pendant qu'il observait les deux accidentés. Il toucha brièvement leurs blessures et leur fit faire certains mouvements avant de les secouer.

— Ça vous apprendra à oublier de pivoter à réception. Si vous m'aviez cassé le canon vous me l'auriez payé cher !

Il y eut quelques sourires mais Lowat remit tout le monde en formation et les entraîna derrière lui pour une nouvelle course. Ils ne prirent pas le chemin habituel mais s'enfoncèrent dans le roncier qui s'étendait vers l'est.

Au bout de vingt minutes à bonne allure, ils débouchèrent sur une petite plaine doucement pentue recouverte d'herbe rase ne dépassant pas le genou. Mais ils avaient une vue directe sur la tour du dragon que Tranit et Suwane avaient survolée en venant du village.

Les autres élèves n'avaient sans doute pas encore découvert cette installation à en voir leur réaction. Même à cette distance, sans doute une lieue, la tour était imposante.

Sans rien expliquer, Lowat leur fit faire leurs exercices d'assouplissement face à la construction, lui-même se contentant de l'observer au travers d'un TOP comme celui qu'Adacie utilisait parfois.

Il reçut un message dessus, un 10-04 cru deviner Tranit en reconnaissant les sonorités. Le caporal y répondit puis se tourna vers ses élèves.

— Rassemblez-vous sur moi !

Tout le monde obtempéra et le dragon leur montra la construction.

— Cette tour servira peut-être à vous former au parachutisme. Le temps et les impératifs de sa seigneurie en décideront. Cependant, nous vous avons parlé aussi des ailes, des parapentes.

Tout le monde opina en silence et Lowat poursuivit.

— Cette tour se trouve à une lieue un tiers de nous. Des fantassins à pied auraient besoin d'au moins trois heures pour franchir cette distance.

Maintenant, regardez-bien !

Lowat prit son transmetteur et Tranit devina ce qui allait se passer. Elle regretta de ne pas avoir sa montre avec elle, mais voyant que sa respiration était normale, elle se mit à compter dès qu'elle vit comme des ailes se déployer au-dessus de la tour. Six ailes finirent par apparaître et semblèrent flotter au-dessus du vide. Lowat commentait, indifférent au spectacle.

— Il y a à leur altitude un petit vent qui pousse vers le nord-ouest ce qui les ralentit quelque peu pourtant ils seront ici-avant que vous ne comptiez jusqu'à mille !

Et il avait raison ! Tranit en était aux environs de huit cents quand la première aile, sous laquelle deux hommes étaient harnachés, arriva à quelques toises d'eux, les autres suivants à quelques secondes près.

Le premier homme se dégageait le plus vite possible de son harnais, une étrange carabine courte à la main tandis que le second rassemblait l'aile le plus vite possible pour ne pas se faire repérer.

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Vixii

Les larmes de Tranit - 4Where stories live. Discover now