- Très bien.

Ma voix sèche fend l'air, je sais qu'il n'est responsable de rien mais il faut bien que ma mauvaise humeur atteigne quelqu'un.

- Allez au boulot, je murmure.

***

Ce matin encore, comme depuis plus d'une semaine, un mal de crâne vient me réveiller. Chaque soir Léo nous emmène en soirée et je décide à chaque fois d'oublier ma misérable vie dans l'alcool et plus récemment dans le cannabis. Plus fort qu'une cigarette, sa composition me libère complètement.

J'ai fumé mon premier joint il y a quelques jours dans un bar du centre de Los Angeles. L'euphorie était au rendez-vous.

- Irwène ! Irwène ! Irwène ! Irwène !

J'ai contemplé la petite rangée de shoots alignés devant moi avant de me les enfiler en grimaçant, claquant le dernier verre sur le comptoir, sous les hurlements de mes camarades de boisson. Ce soir là, deux amis de Léo nous avaient rejoints et ils ont été bien plus intéressants que toute la bande à côté. Pour une fois, j'avais trouvé des adversaires à ma taille, qui ne s'écroulaient pas comme cette pétasse de Samantha au bout d'un verre d'alcool. Je me souviens avoir éclaté de rire à cette pensée, une vraie pétasse celle-là, fifille à son papa née avec une cuillère en argent dans la bouche, dommage qu'elle ne sache rien faire de ses dix doigts autre que taper sur son nouveau téléphone qui a couté plus chère qu'un mois de loyer en plein Paris.

La main de Luc, l'ami de Léo, s'était frayé un chemin sur ma taille en milieu de soirée et j'avais senti sa bouche se coller à mon oreille. Comme une demeurée j'avais gloussé.

- Irwène ma belle, j'ai un truc à te proposer.

- Ah ouais ?

Je me souviens avoir ris en me tournant vers lui, glissant une main sur sa joue.

- Et c'est quoi ? ai-je chuchoté dans son oreille, la bouche pâteuse.

- Suis-moi.

Il avait attrapé ma main pour me tirer parmi la foule de danseurs dans un recoin de la salle. En souriant il avait glissé une main dans la poche arrière de son jean et m'avait tendu une cigarette. Une cigarette moche mais une cigarette quand même. Ma consommation de cigarettes « exclusivement en soirée » était passée récemment à « aussi en journée » mais je la limite à cause de l'odeur infecte de la cigarette froide.

- Ça ma belle, c'est une cigarette très spéciale.

- Ah oui ?

J'avais gloussé une nouvelle fois en tentant de l'attraper mais il l'avait éloigné de moi, la rendant encore plus tentante.

- Tututut, qu'est ce que j'ai en échange moi ?

Je l'avais regard et m'étais penché vers lui, en embrassant sa joue comme une enfant. Il avait rit, amusé par mon comportement.

- C'est pas suffisant ma jolie.

Il avait caressé ma joue et s'était léché les lèvres avant de venir embrasser les miennes. Son baiser avait été doux mais rien d'extravagant, moi ce que je voulais c'était ce qu'il avait dans la main. Après quelques secondes il s'était détaché et avait attrapé un briquet dans sa poche. Il avait allumé la cigarette tirant une taffe avant de me la tendre.

- Vas-y doucement, m'avait-il prévenu.

Je m'étais exécutée et contre toute attente, mon cerveau avait explosé dans mon crâne, je me souviendrais de cette sensation. Je commençais à fatiguer depuis quelques minutes mais mon corps venait soudainement d'être galvanisé par toutes les sensations que me procurait cette première bouffée de substance illicite. La musique m'avait semblé plus pure, l'ambiance plus chaude, le monde plus beau.

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