— Tu révisais ?

— Ouais. J'étais en train de réviser mais Martin m'a interrompu, il voulait que je l'aide à faire ses devoirs. Et ce stupide gamin ne sait pas ranger ses devoirs, visiblement. Je vais l'étrangler, ce sale morveux. Martin ! Ramène-toi !

Une petite voix fluette sembla lui répondre. Victor crut entendre de vagues protestations. Il ferma les yeux par réflexe, conscient que toute résistance était vaine avec son amie et que la tempête était sur le point de se déchaîner contre ce pauvre gosse.

— Martin, je te laisse dix secondes pour venir ranger ton bordel parce que sinon la console va avoir besoin d'ailes si tu veux qu'elle ne s'écrase pas en bas ! Et si tu viens toujours pas, c'est toi qui vas en avoir besoin, d'ailes !

Victor ouvrit de grands yeux. C'est qu'elle en serait capable, en plus ! se dit-il. Après tout, il la connaissait bien. Et même s'il savait aussi qu'elle ne ferait pas de mal à son cadet, elle pouvait en revanche se mettre terriblement en colère.

— J'arrive ! cria le gamin, visiblement un peu plus affolé par la menace.

Des petits pas précipités résonnèrent dans l'escalier, et un petit garçon, toujours dans un pyjama dinosaure, arriva dans la cuisine quelques secondes plus tard.

— Martin, je t'avais dit de ranger tes cahiers, dit Pauline en se passant la main contre le front. Regarde, sérieux, le bordel.

— Mais fallait que je sauvegarde !

— Je m'en fiche ! En plus, t'es pas cool de laisser traîner tes affaires, on peut pas s'installer tranquille avec Vic.

— Hein ?

Le petit se retourne enfin et comprit qu'un invité s'était glissé parmi eux. Il capta le regard du brun et se jetta dans ses bras, comme d'habitude. Et comme d'habitude, les deux garçons se firent un câlin. Le petit Martin s'éloigna après quelques secondes et tapa dans la main du plus grand.

— Victor ! Tu m'as manqué, dit le garçonnet.

L'adolescent passa une main dans les cheveux de l'enfant, qui ressemblait assez à sa soeur. Il avait les traits plus fins et enfantins, mais il avait les mêmes yeux pétillants que Pauline, bien que leur couleur soit différente ; ceux de Pauline rappelaient la couleur du chocolat, tandis que ceux de Martin évoquaient la couleur de l'électricité.

— Toi aussi, mon grand. Tu vas bien ?

— Niquel ! Eh, tu sais quoi ?

— Quoi ?

— J'arrive enfin à conjuguer au passé simple !

— C'est vrai ? demanda Victor, étonné. Fais voir ?

Pauline, amusée, regarda son frère réciter sa leçon devant les yeux admiratifs du plus grand, tout en préparant leur chocolat chaud.

— C'est super ! lui dit le brun quand le petit termina. Tu maîtrises presque tous les temps maintenant. Quand même, à ton âge... C'est génial !

L'enfant, fier de recevoir des compliments du meilleur ami de sa soeur, gonfla la poitrine en expliquant qu'il savait aussi faire des multiplications à trois chiffres et d'autres choses encore dont les enfants adorent parler.

— Dis, loulou, tu sais aussi ranger tes affaires ? lui rappela Pauline. Et n'oublie pas de finir ton exercice avant de reprendre ta partie.

— Mais...

— Martin, tu sais très bien ce que vont dire papa et maman si tu ne le fais pas.

Boudeur, le petit commença à obéir. Il passa devant Victor, silencieux. Ce dernier lui tapota l'épaule.

Lie tes raturesWhere stories live. Discover now