Je souris en appuyant sur le mot « seule », juste pour la faire culpabiliser.

- Ça ne marche pas avec moi ma petite dame, la culpabilité ne vient pas si facilement, rigole t-elle.

- Nanana madame parfaite.

- Ah bah tu vois tu l'avoues enfin !

Je lève les yeux au ciel.

- Bon je vais laisser madame parfaite continuer à bronzer en paix parce que madame la looseuse doit se préparer un minimum pour sortir.

- T'es pas une looseuse.

- Je sais.

Je déglutis.

- Profite sans culpabiliser, il ne te mérite pas.

- Merci ... d'être là tout ça.

- Ça s'appelle être une amie.

Je souris en lui souhaitant une bonne journée et raccroche. Je contemple Shaun assis sur son coussin avant de me lever, bien décidée à finir cette maudite année dans l'alcool et la bonne humeur.

***

Mon courage m'a quitté deux rues après ma porte d'entrée et je me suis arrêtée dans le bar le plus proche, l'alcool est avec moi mais pas la bonne humeur. Je lisse ma jupe en contemplant les gens dans le bar qui semblent bien s'amuser et attrape mon verre de whisky que je finis d'un coup sec en grimaçant. Je ne pensais pas que j'aimais ça mais son goût puissant me donne l'impression de revivre.

D'un geste de la main je demande au barman de m'en remettre un et consulte mon téléphone. Suite à l'article de pure buzz les réseaux sociaux ce sont une nouvelles fois déchainés, ne cessant de m'envoyer des messages ou de me mentionner sur tout. Je ne sais sincèrement pas comment font les personnes connus mondialement, c'est un délire. Je le verrouille rapidement en le rangeant et attrape mon troisième verre de la soirée en remerciant le barman d'un sourire.

Tandis que je le sirote de mon coté, j'entends une voix m'appeler dans mon dos.

- Irwène !

La voix se rapproche et je me retourne sur ma chaise de bar pour me retrouver nez à nez avec Adam.

- Oh salut ! je m'exclame.

Il me sourit et me fait la bise en s'asseyant à mes côtés.

- Comment ça va ? me demande t-il avec un grand sourire.

J'ai l'impression qu'il est heureux de me revoir. J'hausse les épaules en buvant une gorgée d'alcool.

- Ça pourrait aller mieux et toi ?

- Ça va, j'ai appris pour toi et Benjamin, c'est vrai ?

J'hoche la tête en ricanant.

- Ouais c'est vrai.

- Nous voilà comme deux âmes qui se sont fait largués.

- Comment tu peux être sûr que ce n'est pas moi qui l'ai largué ?

- T'as pas la tête d'une fille qu'a largué mais plutôt la tête d'une fille qui s'est fait larguée, ricane t-il à son tour en me pointant du doigt.

Je tire la langue en finissant mon troisième verre de la soirée.

- Qu'est ce que tu fais là ? Ce n'est pas trop à côté de chez toi ...

- J'avais un rendez-vous avec une fille, mais elle s'est désistée au dernier moment ...

- Ah ...

- T'es toute seule ?

J'hoche la tête.

- Flora est en Guadeloupe.

- Ah oui son voyage ...

- Pardon j'avais oublié que ...

Il me coupe.

- Ce n'est pas grave, il y a prescription maintenant.

Il repose son verre vide, qu'il avait dans la main depuis tout à l'heure, sur le comptoir.

- Ça te dit on bouge ? Il y a une boîte de nuit pas très loin.

Je lui jette un coup d'œil considérant sa proposition. Ça fit très longtemps que je ne suis pas vraiment sortie et à la base j'étais partie pour m'éclater et finir cette fichue année. Je me lève.

- Je suis partante.

Je pose un billet sur le comptoir et sort du bar en compagnie d'Adam.

***

La musique pulse dans mes oreilles et j'ai du mal à rester maitresse de moi-même. Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine sous le coup de tous ces verres que je me suis enfilée. Je ne pensais pas aimer ça mais j'adore être collée à tous ses gens sous la lumière éclatante des trombinoscopes, leur visage disparaissant et apparaissant au fil des flashs. Ça fait bientôt une heure que je n'ai pas fais une seule pause, laissant mon âme se faire dévorer par l'alcool, noyant ma tristesse par la même occasion. Mes hanches se balancent à chaque basse raisonnant et je sais que si je m'arrête maintenant, je m'effondrerai.

Adam réapparais devant moi et je m'approche de lui en glissant mes bras autour de son cou, sentant ses mains se faufiler sur ma taille. Je ne l'empêche pas et on continue à danser entremêlé l'un à l'autre, j'ai bien l'impression qu'il est autant pété que moi mais c'est grisant. Ne plus avoir aucun contrôle, être enfin libre, m'extasie. Le visage d'Adam se floute devant moi et je ris à gorge déployée tandis qu'il redevient net sous mes yeux amusés.

- T'es beau, je murmure.

Je sais qu'il ne m'entend pas mais ce n'est pas grave.

- T'es tellement beau Ben, je répète.

Au bout de quelques minutes Adam attrape ma main et nous éloigne de la piste. Epuisés on décide de rentrer, se maintenant l'un à l'autre pour ne pas tomber. En quelques minutes nous arrivons à mon appartement et je sors mes clés pour déverrouiller la porte. Après multiples tentatives je réussis enfin à rentrer la clé sous nos ricanements et nous entrons morts de rire.

J'ai à peine le temps de refermer la porte derrière moi que je sens les lèvres d'Adam emprisonner les miennes. Je réponds à son baiser brusque en m'agrippant à ses cheveux qui ne sont pas bouclés. Il se recule un peu et je constate ses pupilles dilatés. Même bourrée, j'aperçois cette étincelle de désir, quelqu'un d'autre me désir et une douce chaleur se propage dans ma poitrine avant que je reparte à l'assaut de ses lèvres. Rapidement nous nous débarrassons de nos vestes en nous dirigeant tant bien que mal vers la chambre. Les lèvres d'Adam se mettent à parcourir mon corps brulant tandis que ses mains s'affairent à me dévêtir tandis que mes miennes se faufilent un passage vers son torse.

L'alcool se met à brouiller mes idées si bien que je me prête à imaginer que ce n'est pas Adam au-dessus de moi mais Benjamin, après tout c'est le seul qui a eu l'autorisation de connaitre mon corps, chaque recoin de mon âme. C'est Benjamin qui a eu ce seul droit et je pensais qu'il serait le seul à jamais. Adam ou Benjamin mordille mon cou et j'ouvre les yeux, des cheveux noirs et châtains se mêlant à ma vue.

- Benjamin ..., je murmure en tendant une main vers sa joue.

Il me fait taire d'un baiser et je décide de lâcher prise, mon cœur se réduisant en poussière.

| toxique | b.pavardWhere stories live. Discover now