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— Ronii ! Qu'est-ce que tu fais ! s'écrit-il à la fois étonné et paniqué, ne paraissant pas comprendre ce qu'il se passe.

— La ferme.

Dans le doute, même si je sais déjà que ce n'est pas une sortie envisageable, j'analyse plus en détail la porte, peut-être après tout qu'il y a une faiblesse qui m'aurait échappé, c'est possible. Mais non, le montant est en iridium, ce n'est peut-être pas un iridium aussi solide que celui que je contiens, mais il le sera largement assez pour me faire perdre du temps et laisser aux informaticiens présents l'occasion de me pirater pendant que ma garde est abaissée. Le verre est évidemment blindé, dix centimètres de masse solide, presque incassable et qui me demanderaient une impulsion monumentale pour le briser du premier coup. Et quand bien même Elijah ne soit pas vraiment de mon côté, je n'ai tout de même pas envie de le sacrifier.

Même la sécurité de la porte me gêne, c'est vrai que ce n'est qu'un simple blocage informatique facile à défaire, un véritable jeu d'enfant qui est à la limite d'être une insulte pour tous les programmateurs du monde. Mais le problème ne se pose pas là, le problème, c'est que derrière ce blocage peut se cacher n'importe quelle menace, dont Bill Gates ou un virus qui peut avoir pour utilité de supprimer tout mon disque dur ou alors mon programme. Ce qui rend le risque beaucoup trop élevé pour que je tente de me connecter au circuit, je pourrais signer mon arrêt de mort en agissant de la sorte.

Ma dernière chance réside donc sur le terrain glissant de la menace qui, en plus, a de fortes chances d'échouer, mais qui a au moins le mérité d'être l'option la moins risquer, avec la menace, je ne risque presque rien, les autres par contre... Je n'ai plus qu'à espérer que je n'aie pas à aller aussi loin...

— Ouvrez cette porte ou je tue toutes les personnes présentes dans ce bâtiment, en terminant par toi, Cali.

Je sais très bien que c'est dangereux à sa manière comme jeu, surtout avec un pistolet appuyé sur le front d'Elijah. En faisant ça, je sais très bien qu'elle peut me forcer à lui tirer dessus en premier, mais ai-je vraiment d'autres choix dans la situation actuelle ? Je sais bien que non et même si c'est risqué, c'est la dernière option viable pour me sortir de là. Dans tous les cas une chose est sûre, c'est que même si Elijah est un menteur, un abruti ou n'importe quoi du même type, je ne compte pas le tuer, je ne suis même pas certaine d'être capable de lui tirer dessus. Lui par contre semble penser le contraire vu comme il tremble. Je n'ai pas encore déterminé comment j'allais me débrouiller pour faire croire que je l'ai tué, mais je vais trouver un moyen, je n'ai pas le choix de toute façon.

— Si dans cinq secondes je n'ai pas de réponse, je tire.

C'est un peu horrible, mais cinq secondes, c'est approximativement le temps qu'il me suffit pour analyser le profil des douze gardes et déterminer lequel tuer en premier en évitant au maximum de faire du mal à ses proches... Quand le temps est écoulé, je laisse une seconde de plus passer, juste au cas où, en plus là-haut, ils n'y verront que du feu, puis j'enlève mon arme du crâne d'Elijah pour viser vers le garde que j'ai choisi. Presque par pitié, je lui tire dans la tête, comme ça, il n'aura pas le temps de souffrir. Il tient à peine quelques centièmes de secondes debout avant de s'effondrer au sol telle une poupée de chiffon, le crâne exploser... Je pensais que ça ne me ferait presque rien de tuer quelqu'un, mais j'avais tort, j'ai horriblement honte... J'ai l'impression d'être un monstre, je commence même à m'en vouloir... Le pire, c'est le regard d'Elijah que je sens sur moi, non seulement il a peur, mais je me rends bien compte que je suis en train de perdre la confiance qu'il avait en moi.

— Je n'hésiterai pas à tous vous tuer. Trois secondes avant le prochain, rappelé-je.

Bien sûr que j'hésite, je ne vois même pas comment ce serait possible autrement, je ne suis même pas sûre d'avoir la force de tuer le suivant... Aller, il faut que je me reprenne en main, je suis capable de le faire, il ne faut juste pas que je me pose trop de questions... il faut que je le fasse...

Surtout que même si pour l'instant ce n'est pas encore certain, je sens déjà que la négociation ne va même pas être possible. Si je veux avoir une chance de sortir de ce bunker déguisé en immeuble, je vais être obligée de me couvrir les mains de sang, au moins suffisamment pour que personne ne puisse me pirater manuellement pendant que je détruis la porte. Je n'ai pas le choix, ce n'est pas possible autrement, rien que le fait que personne n'ait parlé ou bougé avant ou après le premier mort prouve que mes chances sont inexistantes. Je vais devoir tuer, que ça me plaise ou non, mon avis n'a presque plus rien à faire là actuellement.

Dès les trois secondes écoulées, je tire sur le garde suivant presque résigné à devoir me battre et commettre des meurtres gratuits pour sortir de là. Pour l'instant, personne ne bouge ni ne réagit à ce que je suis en train de faire. Après tout, j'aurais peut-être dû commencer par celui qui avait le plus de proches vu que je vais être contrainte de tous les tuer, comme ça, sa famille aurait pu se réconforter en se disant qu'au moins, il n'avait pas vu ces collègues mourir...

— Vais-je devoir en tuer un troisième ? demandé-je sachant très bien que je vais devoir le faire, que je le veuille ou non...

— Si tu veux en tuer un troisième, tire sur Elijah, affirme Cali depuis un haut-parleur.

RONII (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant