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 Malgré tout, je tape quand même les dix chiffres suivants et les balles viennent se placer dans la réserve... maintenant, il ne manque plus que dix nombres et je pourrais tirer d'une simple pensée. Je compose les neuf numéros suivants, mais je garde le dernier en réserve et je ne le tape pas... Juste au cas où encore une fois, parce que normalement je tire avec la pensée, mais je ne préfère pas dégoupiller une arme chargée, simple mesure de précaution, si jamais j'ai des dysfonctionnements par rapport à ça, je ne préfère pas prendre le moindre risque.

Après une toute dernière inspiration, presque par réflexe, je me gare et sors de la voiture, avant de me frayer un chemin à travers la foule dans la rue et accéder à l'entrée de l'immeuble. J'hésite encore quelques instants avant de rentrer, ayant très bien conscience qu'une fois à l'intérieur, je n'aurais peut-être plus le moyen de faire demi-tour. Par sécurité, je plie légèrement le coude avec le poignet perpendiculaire au sol, ce n'est pas naturel, mais au moins c'est la position parfaite pour tirer et si jamais quelqu'un surveille les caméras de surveillances, il ne manquera pas d'être alerté. Je ne sais pas ce qu'ils interpréteront, mais j'espère qu'ils comprendront que je suis prête à tuer au besoin et que je n'hésiterais sans doute pas. Je considère presque ça comme un avertissement, peut-être mué et inutile, mais un avertissement quand même.

Si Cali a pris le risque de placer quelqu'un en surveillance des caméras, même si ça me fournirait un moyen d'avoir accès aux images. Soit, la personne n'a pas été débriefée complètement sur la situation et n'a donc pas conscience de l'importance de mon geste. Soit, elle n'a pas de moyens d'avertir les gardes et peut seulement prévenir le reste des personnes dans le bâtiment du danger, ce qui serait quand même un peu idiot. Ce qui est sûr, c'est que les vigiles postés près des ascenseurs et des escaliers sont surpris de me voir entrer et ne paraisse pas savoir quoi faire. Ils ne sont apparemment pas bien préparés et s'attendaient sans doute à me voir arriver un peu plus tard vu que je suis en avance par rapport à l'heure du rendez-vous.

Et en toute logique, ils ne sont pas non plus censés être ici, parce que là, question effet de surprise, c'est un peu nul et je pourrais très bien fuir en les voyant, ils ne pourraient alors rien faire. Enfin si c'était prévu comme ça, leur plan contre moi est légèrement foireux et clairement mal préparé, ce qui serait rassurant, même si ce serait aussi très étonnant. Sauf s'ils voulaient justement que je sois informée de tous en prévoyant ma ferme intention d'atteindre les bureaux... au fond, c'est possible aussi...

C'est compliqué de prédire leur véritable plan, ça me laisse complètement dans le flou du coup, c'est assez énervant. Je n'arrive même pas à savoir si je suis en train de me faire manipuler en suivant inconsciemment leur plan à la lettre ou si je suis en train de les prendre aux dépourvues en ne faisant rien ou presque comme ils l'avaient prévu...

Dans le doute, par sécurité, j'appuie sur le dernier chiffre, retirant ainsi la détente de mon arme, après tout, je ne compte pas fuir en faisant demi-tour, mais plutôt foncer dans le tas. Je ne veux pas la bagarre ni tuer qui que ce soit, mais s'il faut en arriver jusque-là pour atteindre mes objectifs, je le ferais sans hésiter, surtout si ça m'évite de me faire pirater. Malgré tout, avant de foncer tête baissée, j'analyse quand même rapidement la situation et les gardes du corps pour tenter de trouver des failles exploitables sans pour autant gaspiller des balles et des vies.

Comme je le savais déjà, il y a douze gardes, qui avancent d'un mouvement commun vers moi après s'être mis d'accord d'un coup d'œil. Ils sont presque en demi-cercle, protégeant ainsi les ascenseurs même s'ils n'ont pas trop l'air de savoir ce qu'ils doivent faire exactement. Et a priori, ils portent tous un gilet pare-balles, au moins Cali a eu la générosité de les protéger rien qu'un peu, c'est déjà ça. Mais, elle n'a pas dû les débriefer complètement puisque l'un d'entre eux sort son arme par peur quand il doit commencer à me trouver beaucoup trop proche de lui. Surtout que malgré le « mur » face à moi, je continue d'avancer sans même laisser paraître la moindre hésitation.

RONII (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant