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 Nous continuons à jouer ainsi pendant trois périodes, profitant du beau temps. Fauve mène 93 à 84 depuis qu'elle a fait un splendide tir arrière à trois points qui lui auraient valu une ovation durant un match. J'ai de nouveau le ballon, ne criant pas encore défaite, il nous reste encore quelques minutes de jeu, tout peut arriver. Il faut juste que j'égalise, ce qui n'est pas gagné, ma sœur a encore progressé depuis la dernière fois que nous avons jouée l'une contre l'autre. Mais alors que j'allais tenter un panier à trois points, j'entends une voiture se rapprocher de chez nous, ce qui est plutôt rare, nous sommes isolées. Le truc, c'est que ce n'est pas tout à fait une voiture inconnue, je reconnais le moteur, c'est celle d'Elijah, je suis prête à le parier. Qu'est-ce qu'il vient faire ici au juste ?

Cette simple question suffit à me déconcentrer assez longtemps pour que Fauve récupère le ballon et l'avantage puisqu'elle n'a même pas dû entendre le moteur. Je m'empresse de me remettre dans le jeu, si c'est bien lui et qu'il veut venir, qu'il vienne, mais il verra bien qu'il dérange très sérieusement. Je réussis alors à récupérer le ballon avant que Fauve n'ait marqué, tenant tout de même à remonter mon score. Ayant une bonne occasion, je fais un tir à trois points réussi et l'instant d'après, ma sœur se fige en entendant une voiture s'engager dans l'allée.

— Qu'est-ce que c'est ? m'interroge-t-elle en ne comprenant pas la situation.

— Rien d'important, on joue, répliqué-je sans appel en rattrapant la balle qui rebondit avant qu'elle ne sorte du terrain.

Elle n'est plus tout à fait dans le match, mais son esprit de compétition l'empêche de me laisser faire une autre action sans intervenir. De mon côté non plus, je ne suis pas aussi concentrée que ce que je voudrai, j'écoute attentivement ce qu'il se passe et tandis que je dribble, j'entends Elijah sortir de sa voiture et avancer dans le sable. Fauve, étant attentive aux agissements d'Elijah elle aussi, me laisse faire un Free Throw Dunk. Et je la vois être à deux doigts de me féliciter, mais quelqu'un le fait avant.

— Jolie, remarque Elijah en ayant fait le tour de la maison.

— Temps mort, annoncé-je à Fauve qui avait repris le ballon à ma place.

Elle a déjà l'air bien décidée à mettre le jeu en pause, mais je préfère préciser tout de même. Elle vient se placer juste derrière moi, le ballon sous le bras et là, si Elijah ne comprend pas qu'il est de trop, je ne sais plus quoi faire pour lui. Toutes les deux comme ça, nous pouvons paraître très légèrement menaçantes entre moi qui n'aie pas du tout envie de voir Elijah et Fauve qui le dépasse presque d'une tête.

— Qu'est-ce que tu veux, Elijah ? l'interrogé-je insistant bien sur son prénom.

Dans d'autres circonstances, j'aurai sans doute été un peu plus aimable avec lui, mais là, vraiment, il me dérange. Je me doutais bien qu'il voulait me parler, ça se voyait, mais au point de venir jusque chez moi, c'est presque abuser. Surtout que par certain côté, la semaine dernière, je lui ai donné mon numéro de « téléphone », il aurait quand même pu avoir la décence de s'en servir au lieu de débarquer à l'improviste.

— Tu m'évites... et je voudrais te parler, alors je suis venu... explique-t-il en semblant beaucoup moins confiant qu'en temps normal. Ce n'était peut-être pas une si bonne idée que ça, mais au moins on est face-à-face.

— C'est certain même que ce n'était pas une si bonne idée que ça. Tu as conscience que nous sommes dans la même promo ? Ce n'est pas compliqué de me parler, affirmé-je en sachant bien que je ne lui ai pas vraiment laissé l'occasion de le faire.

— Tu as l'art de disparaître, je ne sais pas si tu en as conscience.

Wouah, grande nouvelle, je ne l'aurai jamais su sans toi. J'espère bien, par contre, que toi, tu as conscience que c'est volontaire et contre toi, ni plus ni moins.

RONII (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant