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18 | de la sincérité et des questions

LE TPE S'EST BIEN PASSÉ. Les mois qui ont suivi n'ont pas été de tout repos niveau taffe et Ina a dû se bouger un peu plus le cul. Elle doit avouer qu'avec Florence sur les épaules, personne ne peut rater son année.

— Donc ton père est d'accord pour Cannes ? Ma mère veut que chacun confirme pour acheter les billets, demande Mathilde.

Au café, Ina se tourne les pouces. Elle n'a pas encore demandé, pour tout avouer.

— Ina... gronde Florence.

— Tu peux appeler ma mère ? Elle a besoin de toutes les infos possibles, informe Théodore.

La brune regarde autour d'elle. Mélissa n'est pas là, encore. Ça fait des mois qu'elle ne traîne plus avec toute la bande. Mais Ina sait très bien pourquoi. Pour fuir. Elle ne fait que bosser, étudier ou voir Issa en douce. Ina est au courant de tout mais à chaque fois qu'elle veut en parler, Mél' pose des barrières en avouant qu'elle n'est pas prête à l'écouter. Du côté d'Issa, ça fait un mois et demi qu'il est paumé.

— Edgar et Issa peuvent venir aussi, mais ils dormiraient dans le jardin, propose la blonde.

Mathilde a de la place chez sa grand-mère à Cannes. De quoi inviter tout plein de monde et faire le mur chaque soir.

— Edgar bosse cet été et pour Issa, je crois qu'il part en colo', répond Ina avec une petite moue.

La discussion se dilue, mais retrouve sa vigueur instantanément.

— Sinon Ina t'as pas répondu à ma question, t'as demandé à ton père ?

Ina regarde ses amis un instant. Peut-être qu'elle peut leur en parler en détails désormais. Ça fait des mois qu'elle a appris à leur faire confiance, à les découvrir et enrichir leurs amitiés.

— Je parle plus à mon père, avoue-t-elle en grimaçant.

Florence, très proche de ses parents et de sa sœur dernièrement, fronce les sourcils.

— Comment ça ? questionne Théodore, confus également.

— Ça fait un an que mes parents ont divorcé, que ma sœur a quitté la maison et que je vis seule avec lui. Et le truc, c'est que mon père m'a énormément déçue et j'arrive plus à le trouver légitime ou lui faire confiance. Donc je lui parle plus.

Mathilde l'interroge un peu plus du regard. La blonde a l'air de vouloir creuser dans les mots de la brune. Ina poursuit :

— Mon père a trompé ma mère. Et ma mère est partie. Et mon père trompe aussi sa petite-amie de dix ans depuis quelques mois. Et je le déteste, vraiment.

Florence réplique :

— On peut pas détester un parent.

— Laisse-la finir, coupe Mathilde. Et t'en sais rien Florence...

— Non, je comprends ce que tu veux dire Flo', mais mon père, plus je grandis et fais face à ses erreurs, plus je m'éloigne de la figure paternelle aimante qu'on pourrait avoir. Avant on mangeait encore ensemble, mais c'était juste... atroce. Et là, à la maison, je le croise à peine. Parfois, il rentre pas. Et je sais pas ça me soulage presque.

La bande de jeunes reste silencieuse une longue minute.

— Mais, toi ça te dérange pas cette situation, tu veux pas arranger ça ? demande Flo' naïvement.

La rousse a une famille quasi-idéale la plupart du temps. Elle n'arrive pas à imaginer un problème familial sans solution.

— Si je lui reparle, je l' « autorise » entre guillemets à faire du mal à la famille. À travers le silence, je le punis. Mais ça marche pas, parce qu'il est égoïste.