Chapitre 2-2 : Adriel

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Dans un soupir, il reporta son attention sur la foule désormais silencieuse :

— Bien, maintenant que j'ai enfin toute votre attention. 

Son regard parcourait l'assemblée avec sévérité. Peut-être allait-il pouvoir parler, désormais. Et surtout ils n'avaient pas d'autre choix que de l'écouter, cette fois-ci.

— Les habilités dont je dispose se doivent d'être partagées au sein de ce camp. Je n'en suis pas le seul détenteur, mais il est vrai que je demeure le seul à disposer de deux pouvoirs. Je sais que cela dérange une grande partie d'entre vous, et je m'en excuse. Cependant s'il y a bien une chose que je ne peux pas tolérer, c'est la discrimination envers un de vos comparses pour quelque chose qui est pourtant si prometteur. C'est une fille, et alors ? Elle pourra mettre sa détermination et sa force au service du camp ! Elle est intelligente et efficace. Croyez-moi, ça ne ferait pas de mal à certains.

Sa voix, claire et suffisamment forte pour couvrir même la clameur du vent qui sifflait entre les arbres, s'accompagnait de regards menaçants qu'il lançait aux Anciens et à leurs larbins.

— Si quelqu'un souhaite s'opposer à la participation de Nayati ici présente, qui je le précise, a été formée par mes soins, qu'il se manifeste, déclara-t-il avec un regard de défi envers les Adohis.

À l'évocation de ce dernier détail, tout le monde laissa échapper un hoquet de surprise, et très vite, la crainte s'installa. Rien de bien étonnant, en somme. 

— Personne ?

Elan baissa la tête, et il ne put s'empêcher de sourire sournoisement. 

— Bien, alors que ce rituel commence ! s'exclama-t-il avec jubilation après avoir frappé dans ses mains avec vigueur.  

La terre crissa sous ses pieds lorsqu'il recula de quelques pas en adressant un sourire confiant à Nayati. Elle hocha la tête avec reconnaissance, et s'avança vers le centre de la place. Suivirent rapidement les quatre autres garçons, que l'appréhension faisait trembler les mains qu'ils gardaient devant eux d'une façon tout sauf naturelle. 

Bientôt, un cercle se forma et Adriel, bien qu'en retrait, resta à l'affut, les bras croisés. Sa petite démonstration avait fait mouche, pour sûr, mais ce n'était pas pour autant qu'Elan et sa bande n'essaieraient pas de tenter quelque chose. 

Restait à savoir quand. 

Pour ce qui était des habitants, la peur qui s'était lue dans leurs yeux s'était peu à peu retirée ; mais elle laisserait des traces. Très calmes et plus immobiles que les arbres centenaires contre lesquels les combattants s'entraînaient chaque matin, ils avaient rejoint leurs sièges et conservaient le silence. Certains, plus pâles que jamais, fuyaient son regard. D'autres tremblaient même, leur peau constellée de gouttelettes de transpiration plus pâle que jamais. L'un d'eux aurait pu s'évanouir à ses pieds qu'il n'aurait rien ressenti. Après tout, ils l'avaient bien cherché. 

Des actes aussi puérils se devaient d'être punis en conséquence.

On entendit bientôt des coups rythmiques provenant des tambours sur lesquels de jeunes hommes tapaient avec vigueur. Une légère mélodie monta entre les rangs, accompagnant la pulsation des percussions. Tous les regards étaient désormais rivés vers le centre du cercle, là où se tenaient fièrement les jeunes gens. 

Les bras le long du corps, ils affichaient un regard concentré. Ce fut d'abord le tour d'un jeune garçon à la chevelure flamboyante qui démontra avec succès la puissance du feu qui coulait dans ses veines. Il avait intelligemment utilisé son pouvoir, enflammant une à une les torches disposées en cercle autour de la place ; puis des tonnerres d'applaudissement avaient retenti après qu'il ait fait tournoyer de petites boules enflammées dans les airs.

La Terre des oubliésWhere stories live. Discover now