Chapitre 15-2

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Ils attendaient maintenant depuis cinq bonnes minutes l'arrivée de ces fameux gardes. Aurore, fatiguée par cette longue journée, s'était assise en tailleur à même le sol dallé du camp. Rien ne l'interdisait de faire ça ici, de toute façon. Enfin, elle l'espérait.

Adriel jetait des coups d'œil méfiants à chaque personne qui passait à leur hauteur, les bras tendus le long du corps. Il n'avait vraiment pas bien pris la nouvelle. Depuis qu'elle le connaissait elle ne l'avait jamais vu sans armes, mais elle espérait qu'il finirait par se laisser faire. Pour la survie de leur plan, il fallait faire le moins de vagues possible. Même si cela revenait à se séparer de leur bien le plus précieux. Et puis, cela leur serait rendu après la rencontre avec les membres du conseil. Ce n'était pas la fin du monde, pensa-t-elle. 

Samuel tapait du pied à ses côtés. Il fouillait du regard la route qu'ils venaient d'emprunter et soupirait en regardant sa montre toutes les trente secondes. 

— J'aurais mieux fait de me taire, ça les aurait rameutés plus vite. 

Aurore pouffa, amusée par son changement d'humeur. Mais elle comprenait qu'il soit à cran, il venait d'apprendre qu'il allait se faire arrêter et c'est les personnes qui avaient ordonné sa capture qu'il allait voir. Heureusement, ils avaient encore dix jours devant eux et ils avaient l'avantage de savoir dans quelles conditions cela serait effectué. Il ne risquait donc rien. C'est du moins ce qu'elle espérait. 

Soudain, un sifflement la fit sursauter. Cherchant des yeux l'origine de ce bruit, elle ne mit pas longtemps à comprendre qu'il s'agissait de deux gardes armés qui marchaient dans leur direction. Des insignes, cousus à leur vêtement sur l'épaule, laissaient deviner qu'ils appartenaient à une sorte d'ordre. L'un deux attira tout particulièrement son attention. Il était très grand, presque autant qu'Adriel. Le tissu de sa tenue, ajustée près du corps, semblait sur le point d'exploser vers la région de sa poitrine. Il avait autour de la ceinture un étui noir qui semblait dissimuler une arme. Sans trop savoir comment elle le comprit, elle savait qu'il s'agissait d'une arme à feu. Son regard, quant à lui, était à peine discernable sous d'épais sourcils noirs qui conféraient à son visage un air austère et inhospitalier. 

Son compagnon n'avait rien à lui envier non plus. Plus petit, il compensait sa taille par des muscles fins et noueux qu'elle pouvait deviner sous son fin chandail. Il avait un regard très arrogant, comme s'il avait conscience du pouvoir qu'il détenait. Elle était même convaincue qu'il en usait plus que nécessaire. Ils étaient peut-être frères, à en juger par le nez épais et bosselé qu'ils avaient en commun ; sans compter leur longue chevelure bouclée, aussi noire que le pelage d'un corbeau.

Ils lui firent tout de suite mauvaise impression. Se redressant, elle se posta par réflexe à côté d'Adriel. Il lui jeta un bref coup d'oeil, mais elle eut le temps de voir dans son regard qu'il était à cran. Sa mâchoire n'avait jamais paru aussi contractée et il se tenait désormais dans une position plus souple, comme s'il se préparait mentalement à se battre. 

— Vous voilà enfin ! Ça fait presque dix minutes qu'on vous attend, leur dit Samuel après qu'ils soient arrivés à leur hauteur, un sourire arrogant aux lèvres. 

— Désolé, on était à l'autre bout de la ville. Et puis on savait pas que vous seriez là, heureusement qu'on a croisé le jeune Ethan et qu'il nous a expliqué la situation, répondit le plus grand en croisant ses bras puissants sur sa poitrine. 

Aurore était tendue. Elle espérait qu'ils ne s'étaient rien imaginé s'ils avaient croisé Ethan avec Théodore. 

— Je pensais qu'il devait toujours y avoir des gardes, ici ? demanda innocemment Samuel en lui souriant. 

La Terre des oubliésWhere stories live. Discover now