Chapitre 28-1

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— Et toi, Adriel, c'était comment ton enfance ? demanda Samuel entre deux bouchées.

Ils avaient préparé un grand repas, histoire de profiter une dernière fois du calme que leur offrait cette petite maison. Elle avait le mérite de leur conférer quelques instants de paix avant la tempête. Littéralement. Ici, rien ne pouvait les atteindre, pas même la colère des membres. Au fil de la conversation, tout le monde avait fini par partager quelques souvenirs de son passé à l'exception de lui et Aurore, qui ne paraissait toujours pas prête à se confier.

Adriel fronça les sourcils en sauçant son assiette, pas très sûr de quoi répondre à cette question. Son enfance aurait pu paraître plus heureuse que la leur, mais en réalité il n'en était rien.

Il haussa les épaules.

— J'ai eu une enfance morne et solitaire. J'ai grandi sans mes parents et à cause de mes pouvoirs je suis rapidement devenu la bête noire du camp. Il n'y a pas grand-chose d'autre à dire, déclara-t-il avec un sourire bref.

L'atmosphère changea du tout au tout. Samuel se racla la gorge, gêné, et Ethan parut tout à coup très intéressé par son assiette. Adriel fixa le vide, mal à l'aise. Il n'avait pas voulu jeter un froid, mais mentir n'était pas vraiment dans ses habitudes.

Aurore lui donna un coup de coude, le sortant de ses pensées.

— Laisse-les, ils sont trop dramatiques. Tu as eu une enfance de merde, et alors ? Tu n'en n'es pas mort ! Au contraire, je trouve que tu t'en es particulièrement bien sorti étant donné le contexte, murmura-t-elle avec un sourire enjoué.

Il ricana. Il n'en était pas si sûr, mais au moins n'était-il pas mort si c'est ce qu'elle insinuait. Sentant le besoin de lui retourner l'appareil, il se pencha pour lui chuchoter à l'oreille :

— Toi aussi tu t'en es bien sortie. Et regarde, j'ai même eu la chance de te rencontrer.

Enivré par son odeur, Adriel s'attarda quelques secondes de trop et finit par se reprendre en reculant vivement. Aurore se contenta de lui sourire, puis ramena une mèche de cheveux derrière son oreille. Commençant à bien la connaître, il savait qu'elle faisait ça quand elle était nerveuse et un sourire en coin le gagna. S'il lui suffisait de lui murmurer quelques mots dans l'oreille pour qu'elle réagisse comme ça, il n'osait imaginer l'effet que son contact pourrait avoir sur elle.

Mais il divaguait, se dit-il en se raclant la gorge bruyamment, soudain très conscient du feu qui coulait dans ses veines. Ils avaient plus important à penser, comme cette maudite forteresse dans laquelle ils allaient s'introduire.

En se redressant dans sa chaise, il chercha le regard de Samuel.

— Dis-moi, je suis curieux de savoir où se trouve ce fameux camp des Omégas. Tu pourrais nous en dire un peu plus ?

Apparemment tout le monde mourrait d'envie de le savoir, parce qu'ils tournèrent tous la tête vers Samuel, le regard brillant. Ce dernier hocha la tête et posa ses couverts délicatement.

— Les données que j'ai relevées m'indiquent qu'une forte concentration humaine est massée à dix kilomètres de la forêt, à l'Est, vers cet endroit qui se perd dans un trou naturel composé principalement de roches. Sur la carte, ça ressemble un peu à la structure d'un morceau de gruyère. Si on y réfléchit, c'est plutôt ingénieux. Cela leur permet de récupérer l'eau et d'avoir une température agréable tout au long de l'année. Et puis la roche est plus facile à détruire, de nombreuses structures peuvent être ajoutées au fil du temps. C'est aussi un excellent moyen de se protéger des divers aléas de la nature et d'éloigner les animaux, expliqua-t-il avec admiration.

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