Chapitre 34-2

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Un cri strident retentit. La panique l'étouffa de ses doigts glacés.

— Ces putains d'enfoirés, cracha-t-il en donnant un coup de pied rageur dans la porte.

Une ouverture grand d'un demi mètre crachait son contenu dans le couloir. Et ce, dans chaque boyau, se rendit-il compte avec horreur.

Depuis le début, ils avaient tout manigancé. Comment avaient-ils pu être aussi bêtes pour s'imaginer pouvoir s'en sortir aussi facilement ?

Les filles le rejoignirent, apeurées. Même la petite Anna, qui ne cessait de faire preuve d'un grand courage depuis qu'ils l'avaient retrouvée, semblait terrorisée. Aurore la serrait contre elle, sa tête tournant en tous sens pour tenter de trouver une issue.

— Toutes les portes sont encore fermées ? demanda-t-il avec empressement, même s'il connaissait déjà la réponse. 

Ashley acquiesça, des frissons la saisissant pendant qu'elle entourait ses frêles bras autour de son corps.

— L'eau monte vite, il va falloir qu'on trouve une solution. Et rapidement.

Aurore semblait paniquée. Mais pas pour elle, se rendit-il compte rapidement ; pour sa soeur. Il n'osait imaginer à quoi elle pensait, coincée sous terre pendant que l'eau léchait désormais leurs chevilles.

— Pourquoi font-ils ça ? Je croyais qu'ils avaient besoin de toi pour leurs foutues analyses, marmonna-t-elle.

Adriel rigola sèchement.

— Je suppose que leur instinct de préservation l'emporte. Ils ont dû voir ce que j'ai fait, ou plutôt ce que nous avons fait, et auront pris peur, répondit-il.

— Quand bien-même, c'est lâche de leur part, cracha-t-elle.

La tête d'Anna reposait contre sa poitrine et son petit corps tremblait de peur.

— On a encore du temps, tentons de trouver une solution.

Ils passèrent les minutes suivantes à tâcher de se frayer un passage à travers l'eau qui arrivait désormais à hauteur de genoux, mais rien n'y faisait. Sous le poids de cette lourde nappe miroitante, il leur aurait été encore plus difficile d'ouvrir les portes, et à moins que le débit de l'eau ne s'arrête complètement, jamais ils ne pourraient emprunter les ouvertures par lesquelles elle se déversait.

Adriel ne s'était jamais senti aussi inutile.

Allaient-ils les conduire à se noyer, ici même ? Tous ces efforts qui leur avaient tant couté... Tout ça pour arriver à cet instant précis, où la mort les faucherait aussi cruellement ? Qu'en était-il de leur rêve de liberté ? De leur futur ensemble ? Et Ethan, qu'adviendrait-il de lui ?

Il se passa une main sur le visage. Ça ne pouvait pas se finir ainsi, ce n'était pas possible. Non, il ne laisserait pas cela arriver. Il lui restait encore un peu de pouvoir. Pas beaucoup, mais suffisamment pour tenter quelque chose.

L'eau avait toujours chanté pour lui, alors pourquoi ne pas essayer de la dompter une dernière fois ?

Le corps soudain tendu, comme pour se préparer au choc, il laissa la concentration l'emplir jusqu'à se tendre comme un arc. Les conditions étaient loin d'être réunies, mais il ferait avec. C'était presque comme si cette étendue froide et austère réagissait à son appel, léchant et caressant la lisière de son esprit. Son pouls se calma, adoptant un rythme doux et paisible : il pulsait en coeur avec les vagues qui caressaient son corps. Il lui sembla entendre comme de très loin la voix d'Aurore, mais il l'ignora d'un pincement de lèvres.

La Terre des oubliésWhere stories live. Discover now