Chapitre 23-2

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Une violente douleur lui vrilla la tête. Dans un gémissement, Aurore papillonna des yeux. Où était-elle ? Son cerveau semblait complètement embué, elle avait l'impression de patauger dans une eau trouble et gluante. 

Les yeux embués par une lumière forte qui l'aveuglait presque, elle voulut s'en protéger d'un bras, mais jura en constatant avec horreur qu'elle était attachée. Pire, ses mains et ses pieds étaient ficelés à l'extrême par une corde épaisse et rugueuse qui ceignait sa chaire. 

Dire qu'elle n'avait aucune idée de ce qui se passait était un euphémisme. Elle se souvenait avoir couru dans la nuit, sans toutefois parvenir à se rappeler vers où et pourquoi. Tout en elle paraissait mou, de ses membres dont le sang pulsait violemment sous sa peau, à son esprit qui peinait à lui indiquer que faire. 

Elle ne s'était jamais aussi faible. 

Après que ses yeux se soient accommodés à la lumière, il lui fut enfin possible d'examiner où elle était. Des murs gris et humides l'entouraient et quelques chaises étaient pliées dans un angle. Un verre et une carafe d'eau trônaient au centre d'une table, devant elle, et une bassine vide était calée contre la porte de la pièce. Cette dernière était fermée, mais une légère ouverture dans la partie supérieure, bardée de barreaux, laissait passer quelques rais de lumière. 

Se sentant plus seule que jamais, elle expira longuement à travers ses lèvres tremblantes. 

L'angoisse l'avait saisie de ses serres glaciales et ne semblait pas prête à lâcher prise sur le nœud qui enserrait sa poitrine. Que se passait-il ? Elle avait l'impression de vivre une seconde fois son réveil après son bannissement tant la confusion s'était emparée d'elle. 

La respiration haletante, elle tournait la tête en tous sens pour tenter d'y voir plus clair, ou au moins trouver un moyen de s'échapper. Sa tresse vint lui fouetter la joue, puis glissa le long de son cou dans une légère caresse. Sous l'effet du choc, elle en oublia de respirer. La bouche de Nikola, le garde qu'elle avait en horreur depuis qu'il avait posé ce regard malsain sur elle, avait parcouru sa peau de ses lèvres horripilantes juste avant qu'elle ne perde connaissance. Il l'avait touchée de la pire des manières, et elle n'avait rien pu faire...

Un violent frisson la saisit et elle dut se faire violence pour ne pas vomir. Quel genre de malade pouvait faire ça ? Comme si elle dévalait une colline sans pouvoir s'arrêter, les souvenirs de cette soirée affluèrent à une vitesse prodigieuse, se propulsant, se cognant même, parfois, contre les murs de son esprit. 

Cette soirée avait tourné au pur fiasco. Voilà ce qu'elle récoltait à être aussi impatiente. Bon sang, elle n'aurait pas pu attendre ne serait-ce qu'une heure de plus avant de se jeter dans la gueule du loup ? Parce que, ironie du sort, Adriel n'y était plus depuis longtemps ! Et bien sûr, il avait fallu qu'il se cache dieux sait où en omettant de les tenir au courant. Forcément, sinon ce n'était pas marrant.

Un rire sec lui échappa. Voilà qu'elle se retrouvait attachée dans cet endroit horrible, complètement à la merci de Nikola, où elle n'osait même pas imaginer ce que l'on faisait subir à ces pauvres hommes. C'en était presque risible, si ce n'était pas aussi effroyable. 

L'air était humide et froid et le soleil ne s'était pas encore levé. Au moins pourrait-elle compter sur ce détail si elle parvenait à s'enfuir. Mais comment ? Il l'avait si bien attachée qu'elle aurait eu du mal à défaire ses liens si elle en avait eu la possibilité. Et puis, son état l'inquiétait. Se pourrait-il qu'elle soit tombée malade ? Après tout, son corps avait affronté un nombre incalculable d'épreuves. Elle était d'ailleurs presque étonnée qu'il tienne encore la route après toutes ces péripéties. Mais alors pourquoi avait-elle le sentiment que, malgré toutes ces bonnes raisons, c'était autre chose ? 

La Terre des oubliésOnde histórias criam vida. Descubra agora