Espoir de Rédemption (tome 2) - Les Yeux du Corbeau - sasusaku

Chapitre 8

VIII.

- Sasuke arrête-toi ! s'exclama Karin qui le poursuivait.

S'arrêter... Comment le pourrait-il ? Cette femme, Emiko, lui avait tout raconté. Itachi était venu ici soixante-douze heures plus tôt. Et Sakura avait été défaite. Tout s'était déroulé exactement comme dans son rêve qui n'en était désormais plus un. Itachi avait pu entrer dans sa tête par le biais d'un corbeau pour délivrer directement son message, mais il n'avait pas été suffisamment crédule pour y croire. A présent, Itachi avait pris de l'avance sur lui. Il détenait Sakura, et Sasuke ignorait ce que ce frère honni avait l'intention de lui faire subir s'il tardait trop à se rendre au lieu du rendez-vous.

Karin tenait difficilement le rythme mais elle devait à tout prix arrêter Sasuke. Il fonçait tête baissée dans un piège. Nul doute qu'il en avait conscience, et c'était cela qui l'inquiétait le plus. Il se sentait responsable de cette fille. Pourtant c'était elle qui s'était laissée prendre. Elle n'avait pas vendu assez chèrement sa peau. L'aubergiste avait supplié Sasuke de la ramener. Karin avait eu un pincement au cœur en l'entendant répondre par l'affirmative. « C'est moi qui l'ai mise en danger », avait-il osé répondre faisant sans doute référence à ce moment de faiblesse qu'il avait eu cette nuit-là lorsqu'il avait embrassé cette inconnue. Mais comment Itachi aurait-il pu être au courant ?

La Kunoíchi parvint enfin à sa hauteur et lui saisit le bras. L'instant d'après, la douleur la força à lâcher prise. Sasuke avait immédiatement riposté en lui tordant le bras. Au moins il avait arrêté sa course. Il la transperça de son regard noir comme s'il était prêt à lui sauter à la gorge.

- Ecoute au moins ce que j'ai à te dire, implora Karin la voix déformée par la souffrance.

Après quelques instants il daigna la relâcher. Elle s'accorda un soupir de soulagement avant d'entamer sa plaidoirie.

- Tu ne peux pas te précipiter comme ça à la rencontre de ton frère. Il te tend un piège.

- Si c'est tout ce que tu as à dire, tu aurais mieux fait de ne pas t'interposer, ton bras t'en aurai remercié, répondit-il froidement avant de se remettre en marche.

- Je n'ai pas terminé ! s'écria-t-elle en colère.

Surpris, il fit volte-face. Karin ne lui laissa pas le temps d'ouvrir la bouche et le rejoignit en deux enjambées.

- Tu veux te rendre là-bas, soit ! Tu n'as jamais été aussi près de ton but. Mais ne laisse pas Juugo et Suigetsu en arrière.

- Nous n'avons pas le temps de faire un détour.

- Nous le prendrons ce temps. Si ce que nous a dit Emiko est vrai, Itachi la gardera en vie tant que tu ne seras pas là. Nous sommes à cinq jours de marche du lieu de rendez-vous. Quelques heures supplémentaires ne lui porteront pas préjudice.

Il allait répliquer à nouveau mais elle poursuivit.

- Itachi ne sera certainement pas seul. Des sous fifres le précèderont. Même si tu les vaincras sans aucun doute, tu perdras du temps et de l'énergie à les affronter. Juugo et Suigetsu seront là pour les retenir et te permettre de poursuivre ta route. Et moi je serai là pour te soigner ou pour la soigner elle, si les choses tournent mal, termina-t-elle à contrecœur.

Sasuke plongea son regard sans fond dans le sien, cherchant à déceler la moindre trace d'hésitation chez elle. Mais Karin tint bon, plus résolue que jamais.

- Très bien, concéda-t-il finalement les dents serrées. Mais je te préviens, il est hors de question que nous perdions du temps, nous ferons moins de pauses, moins longtemps pour compenser. Et, je ne veux pas, t'entendre te plaindre.