Chapitre 19

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Le réveil n'est pas facile, je me lève et passe cinq bonne minutes à regarder par la fenêtre en silence. Je finis par m'étirer et je m'habille, Arthur m'a fais parvenir des vêtements de son royaume et j'admets que même si c'est des habits qui sont bien en retard sur la société de laquelle je viens, j'aime bien ces habits. Je pose la cape sur mes épaules en rangeant mes poignards dans des poches cachés à l'intérieur. Je ne sais toujours pas vraiment m'en servir mais je pense mieux réussir qu'Eléa avec la fine lame de sa rapière. Enfin habillé et prêt je sort pour aller me trouver quelque chose à manger dans les «cuisines» et je dois bien admettre aussi que j'apprécie de plus en plus la nourriture zalénienne, bien que parfois les plats sont assez curieux. Je me déniche un bout de viande que je recoupe pour pouvoir le manger, bon d'accord le régime dragon n'est pas adapté pour moi, je devrais manger plus de légumes, mais moi ça me plaît comme ça. Je me met à marcher dans les couloirs que je connais désormais par coeur, lorsque je rencontre Goriar qui avançait d'un pas pressé. À ma vue, son visage se fend d'un léger sourire et il m'interpelle :

«-Emerick !!

-Goriar, que voulez vous ?

-J'ai quelque chose à te dire, suit moi en salle de conseil, les autres nous attendent. »

Son ton est ferme et malgré son sourire cela sonne peu amicalement. Je le suit et nous nous empressons d'entrer dans la si grande salle du conseil. Tous ont les yeux fuyants et Thoolan n'est pas là, ainsi que Tareph qui est resté au front aux côtés de ma sœur.

«-Bien, nous voila. Nous pouvons commencer, annonce Goriar de sa grosse voix, Emerick le conseil a pris une décision...

-A propos de quoi ?! M'exclame-je.

-Pour ta 'mission'... Nous avons décidé de la modifier. Explique Glael.

-Tu vas pouvoir rejoindre ton peuple, enchaîne Ael, mais sous certaines contraintes.

-Tout d'abords tu devras passer par le royaume des hommes pour délivrer un message au seigneur Arthur le Bon, ensuite tu continueras par la forêt-mère car nous avons des directives pour maître Aeros et ta sœur. Enfin tu rejoindras tes loups et tu exécuteras les ordres que nous allons te donner, énonce Flar, as-tu compris ? »

Je hoche légèrement la tête, les choses s'accélère énormément il semblerait, et j'ai quelques questions à poser mais je les garde pour moi pour l'instant...

«-Donc voici le plan...

D'un bond je me lève, comment pourrais-je faire cela ?! Je serre les dents et acquiesce puis sort de la salle en vitesse. Je fonce vers ma chambre et m'assois sur le bord de mon lit en soupirant, s'il me le propose c'est que je peux le faire... Je commence à me déshabiller, il faut que je parte au plus tôt ! Une fois nu, je respire un grand coup et appelle cette autre partie de moi, l'animal. Comment expliquer ce que je ressent ? C'est un peu comme si c'est naturel mais en même temps quelque chose de tout sauf moi, je suis parfaitement moi quand je suis en Moro mais ce n'est pas mon corps, pas ma force... En tout cas je me transforme et m'étire, j'adore cette sensation d'être un loup, mes sens sont décuplés et j'ai l'impression de redécouvrir le monde. Je ressort en précipitation de ma chambre et quitte le château en vitesse. Le conseil a pris une décision qui ne peut attendre et c'est pas bon. Heureusement que pendant que je restais au château j'étudiais, je connais donc le chemin à suivre. Je n'emporte rien avec moi, j'ai tout laissé au château... Je fonce vers le royaume des humains sans croisé le moindre dragons sur mon chemin. Et je ne croise quelqu'un qu'une fois que je pénètre dans les terres d'Arthur, des paysans affolés regardent ma course folle à travers les routes terreuses de leur royaume. Le trajet jusqu'à la capitale ne me prend peu de temps mais je fais attention a rester caché dans les forêt quand je me repose, pour éviter de faire paniqués ces hommes déjà préoccupé par la guerre commençant. Je finis par m'arrêter face aux grandes portes de la capitale, une rangée d'un demi-douzaine de gardes me bloquant la route. Que faire ? Si je reprends forme humaine cela sèmerais le trouble et l'agitation, mais j'ai des affaires tellement urgentes. Je me campe bien sur mes pattes et m'aplatis un peu contre le sol, j'inspire et hurle en montrant les crocs. Les gardes en sont figés d'effroi ainsi que tous les autres hommes autour, les autres gardes affluent sur les rempart et je me dépêche de passer les portes, je court dans la cour à la recherche du donjon principale quand soudain je vois Arthur sortir d'une des tours et se précipiter vers moi. Un vingtaine de gardes sortent de toutes les tours et m'encerclent, lance en avant, attendant un geste de ma part ou un signal de leur seigneur. Ce dernier leur fais signe de baisser leur armes et comprenant mon urgence il envoie chercher la sirène qui se trouve dans le donjon. En effet, pour des raisons diplomatiques et de facilité, chaque royaume possède entre une à trois sirènes en permanence dans sa capitale. Dès son arrivée je lui délivre mon message :

«-Seigneur Arthur le Bon, le conseil des chefs de clans dragons, qui prend la tête de la guerre, a décidé d'accélérer nos plans, de devancer l'ennemi. Vous devez impérativement finir la construction des navires de guerres, transformer les soldats de votre armée en ouvrier et avancer impérativement car les navires doivent être prêt à accueillir les armées de walkyries et d'amazones qui arriveront a vos frontières dans quelques semaines. Je part délivrer un message à vos voisins de la forêt-mère, ils viendront d'ici quelques jours, avec leurs armées mais aussi des matières première car le conseil sait que vous en manquer. D'autres messagers me suivront dans les jours et semaines à venir pour vous tenir au courant de la marche à suivre. Ael reviendra avec ses dragons d'eau pour se joindre à la flotte et vous guider. Avez vous compris ?

-Je t'ai bien compris, j'exécuterais la demande du conseil dès maintenant, répondit Arthur avant de se tourner vers ses soldats, vous tous avez entendu les ordres ? Séparez vous et prévenez toute l'armée, faites venir tous les haut-gradés je leur donnerais des ordres ! »

C'est vrai qu'il est fait pour diriger, nul ne conteste et tous les soldats quittent la place après m'avoir regarder une dernière fois. Je fais demi-tour, tout le monde s'écarte sur mon passage, tout ceux qui s'étaient arrêtés pour écouter me font de la place pour que je passe. Je me met donc à courir jusqu'à la forêt-mère, espérant que cette dernière s'ouvrira pour me laisser entrer... Il me tarde de revoir Louna, et rien qu'à l'idée de la revoir mes pas s'accélèrent. Courir en loup est tellement différent que quand on est humain, je n'ai plus l'impression de courir mais plutôt de flotter légèrement au dessus du sol, et sentir le vent contre ma fourrure est juste génial. Malheureusement ma mission me ramène à la réalité, nous sommes en guerre et nous pourrons tous mourir, je suis loin d'Eléa qui est déjà au front et depuis longtemps, elle peut mourir n'importe quand sans que je puisse la secourir. Ma course se fait lourde et je frissonne en repensant à mes ordres, pour quand j'aurais rejoins mes loups... Je secoue la tête et finis par m'arrêter pour la nuit dans une forêt. Je me dirige vers le centre, la partie la plus vieille de la forêt, la nature y est très forte et je ne dérangerais personne, et personne ne devrait me déranger. Je me roule en boule au pieds d'un arbre plusieurs fois centenaires, et essaye de m'endormir. Malgré mon pelage qui me tiens chaud, la nuit est très froide ce qui m'empêche de dormir. Ce n'est qu'au bout de quelques heures que je finis par sombrer dans le sommeil, sans m'en rendre compte. Ce qui me déplaît un peu, car quand je dort sous ma forme de Moro je fais de nombreux cauchemars, que j'ai attribué à des souvenirs de Moro qui existait avant moi alors il doit avoir des souvenirs et c'est cela qui provoque mes cauchemars à mon avis...

***

Tout est sombre autour de moi, c'est la nuit. Nuit qui est éclairée seulement par le reflet de la lune et des étoiles dans les yeux des loups m'entourant. Le silence n'est troublé que par le vents qui se glisse sur l'herbe de la plaine. Soudain, une explosion retentit au loin derrière la colline devant nous, suivit de rugissement effroyable. Un loup apparaît sur le sommeil de la colline, éclairé par la lumière qui baigne le champs de bataille derrière lui. Il est couvert de blessure et peine à nous rejoindre, finissant par s'effondrer quelques mètres devant moi et mes frères. La peur nous traverse et un terrible champs de guerre résonne derrière la colline, un fracas se fait entendre puis je croise le regard de la première créature qui passe le sommet de la colline...

***

Les secrets  de l'autre mondeWhere stories live. Discover now