Chapitre 3

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Je descends les marches quatre à quatre et déboule dans la cuisine. Hier, nous avons acheté presque tous les meubles dont nous avions besoin. Je n'ose pas imaginer combien ma mère à dû payer pour tout ça. Nous avons mis un temps fou à monter les meubles de nos chambres, il reste encore pas mal de travail mais nous sommes sur la bonne route. 

-J'espère que je ne suis pas en retard, dis-je en attrapant une pomme rouge dans le saladier

-Nous partons dans dix minutes, me répond simplement Lisy

Je m'assois sur un tabouret et mords dans ma pomme. Ma mère arrive en finissant de boutonner son chemisier et s'exclame :

-Bonjour les filles ! Avez vous bien dormi ?

-Trop bien ! déclare Lisy, le nouveau lit que tu m'as acheté est super confortable.

Un sourire rempli de tendresse se dessine sur les lèvres de ma mère. Elle lève ensuite les yeux vers moi avec un air intrigué.

-Et toi Elona ?

-Très bien aussi ! je la rassure

Ma mère consulte sa montre et s'écrie avec un air affolé :

-Mince, je n'ai pas vu l'heure ! Il faut y aller, où nous allons arriver en retard.

Elle prend son sac à main sur le bar et sort de la maison. Je jette ma pomme à la poubelle et me recoiffe vite fait avant de rejoindre ma mère et ma sœur. Après cinq minutes de voiture, ma mère se gare sur le parking enneigé et coupe le moteur.

-Vous êtes prêtes ? nous questionne-t-elle

-Oui, répond Lisy faisant mine d'être sûre d'elle, après tout ce n'est qu'une petite piqûre de rien du tout.

J'ai horreur des piqûres, cela me terrifie. Plus l'aiguille est longue, plus j'ai tendance à paniquer. Ma mère croise mon regard dans le rétroviseur et me fait un sourire encourageant. Je vais y arriver, ce n'est qu'une petite piqûre comme l'a dit Lisy, c'est juste pour vérifier que je ne suis pas porteuse du virus.

-Oui, je suis prête, je réplique finalement

Je claque ma portière et nous nous dirigeons vers la mairie. Le grand bâtiment gris se dessine au dessus de nous, la façade est enduite d'un crépi blanchâtre et cela contraste avec les bordures des fenêtres qui sont en bois. Une petite foule se dessine au devant de la porte. Je ne savais pas qu'autant de personnes avaient emménagé dans cette ville ces derniers jours. Sont-ils là pour la même raison que nous ? Nous nous mélangeons à la foule et je perds de vue ma mère et ma sœur. Je serre les poings en les cherchant du regard. "Tout va bien, je me dis, elles sont quelque part, tu les retrouveras à la fin de la prise de sang."  J'inspire et ferme les yeux, les gens autour de moi m'oppressent, je me sens soudain toute petite. Si quelqu'un a le virus dans cette foule, nous pouvons tous être contaminé en une seconde.

-Votre attention s'il vous plaît !

Je sursaute en entendant sa voix et sors de mes pensées. Je lève les yeux et découvre un homme debout sur un balcon. Il est vêtu d'un long manteau noir corbeau et d'un pantalon gris. Une cravate rouge habille sa tenue et lui donne un air sévère. Il a un masque chirurgical sur la bouche, ce qui me fait de suite penser aux méchants docteurs dans les films.

-Si vous êtes réunis ici c'est pour effectuer un test sanguin. Pour commencer je vous prie de vous séparer. Ecartez vous tous les uns des autres. Nous allons former trois catégories. Les moins de quinze ans à ma droite s'il vous plaît.

De nombreuses personnes se détachent de la foule pour venir se placer où le monsieur l'a demandé. Je me hisse sur la pointe des pieds et aperçois ma sœur parmi eux. Ses petits yeux gris inspectent la foule. Elle est inquiète. Je fais de grands signes avec les bras pour tenter d'attirer son attention et de la rassurer mais elle ne me voit pas. Je suis trop petite.

ImmuniséeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant