Chapitre 2

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La tête appuyée contre la vitre froide de la voiture, j'observe une dernière fois ma maison. Toutes les lumières sont éteintes, il ne reste plus que les vieux lampadaires qui éclairent la route. Ecouteurs dans les oreilles, je me laisse bercer par la douce musique de Shawn Mendes. Ma sœur dort à côté de moi et je peux discerner par dessus la musique sa respiration irrégulière. Ma mère est au volant, elle allume les phares et fait vrombir le moteur avant de s'engager sur la chaussée. Ma maison disparaît de mon champ de vision et je ferme les yeux. Où allons nous atterrir ? Au milieu des montagnes dans un village perdu ? Qui va donc déposer des fleurs tous les dimanches matins sur la tombe de père pour honorer sa mémoire ? Des tulipes rouges, voilà ce que j'achète à chaque fois, ce sont les fleurs qu'il offrait toujours à maman. L'écran de mon téléphone s'allume et je lis le message :

23:07

Coucou Elo,

Ce repas est d'un ennui à se morfondre, j'ai l'impression que les minutes passent au ralenti. J'ai regardé les actualités et je dois t'avouer que j'ai peur, dans toutes les villes que ce virus a touché, il n'y a eu aucun survivant. Les agents de police disent qu'il y aura des mesures de prises mais j'en doute fort. Nous serons bien un jour obligé de sortir pour aller acheter à manger. J'espère te revoir bientôt !

Thalya

Et Thalya, quand vais-je la revoir ? Elle ne sait même pas que je pars, je m'empresse de lui rédiger une réponse :

23:09

J'ai une mauvaise nouvelle, ma mère a décidé de fuir la ville, nous déménageons. J'aurai tellement aimé te dire au revoir mais nous sommes déjà partis. Je ne pense pas que partir soit la meilleure solution, bientôt toute l'Amérique sera contaminée, où que nous soyons. En clair, il n'y aura plus d'Amérique, ce continent sera effacé de la carte du monde, oublié. En tout cas c'est ce que je pense. Je dois aussi t'avouer que je suis morte de trouille, comment ce virus a t-il pu se propager, d'où est-il sorti ? Tu me manques déjà, je t'embrasse.

Elona

Je verrouille l'écran et me laisse aller contre le siège. L'obscurité retombe et je m'endors inquiète.

*

Je me frotte les yeux en baillant et m'étire, le soleil est déjà haut dans le ciel.

-Bien dormis ma puce ? me questionne ma mère

-Très bien, merci.

Ma sœur est occupée à dessiner sur son carnet de croquis, elle tire la langue quand elle est concentrée et cela me fait éclater de rire.

-Nous allons nous arrêter pour prendre une pause et manger quelque chose, ça vous va ?

-Oui ! s'écrie ma sœur avec enthousiasme

-Je meure de faim ! je m'exclame

Ma mère tourne à droite et se gare sur une large place de parking. Je saute de la voiture et me secoue les jambes.

-Cette ville n'a pas encore été touchée, nous rassure maman

Ma sœur acquiesce son carnet serré contre elle.

-Allons-y !

Nous traversons la rue et pénétrons dans le petit café, ma mère achète trois croissants et des jus de fruits et nous nous installons sur une table. Je mords à pleine dents dans la brioche et savoure ce goût magique. Les français sont vraiment les meilleurs cuisiniers ! En regardant ma mère, je m'aperçois que son visage est blême. Elle a un teint cireux et de grosses cernes noires soulignent ses petits yeux bleus.

ImmuniséeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant