Je t'attendrai.

XXXII.

Le brun soupira, le chemin jusqu'à cette vie qu'ils recherchaient allait encore être long. Et Tom était fatigué par leur combat.

[...]

- Billouuu !

Solange avait appelé le brun, le cherchant dans la cour et dans l'atelier, où elle ne le trouva pas. Elle se précipita de ses petits pas jusqu'à l'intérieur de la petite maisonnette, et réitéra son appel.

- Billouuu !

Une nouvelle fois, pas de réponse. La petite se creusa la tête, il ne pouvait pas avoir disparu, et il devait bien être quelque part. Tom était sorti pour faire elle-ne-savait-trop quoi, alors Bill devait sûrement se reposer. La rouquine grimpa les escaliers et arriva à l'étage, essoufflée comme jamais. Elle porta timidement trois coups à la petite porte, et appela une nouvelle fois.

- Billou ? C'est Solange. Tu es là ?

Elle entendit des pas se rapprocher de la porte, et se recula un instant pour ne pas se la prendre sur la tête, bien qu'elle s'ouvre de l'intérieur. On n'était jamais trop prudents. La petite vit l'ange qui se dessinait dans l'encadrement de la porte, un vieux pantalon de Tom et une de ses chemises en guise de vêtements. Il avait l'air endormi, comme s'il sortait de sa sieste. Elle se blottit contre ses jambes maigres, manquant de le faire vaciller, tant son corps était encore fragile. Avec toute la force qu'il possédait, il souleva alors son poids plume et la prit dans ses bras. Solange était l'une des rares choses qu'il pouvait se permettre de porter sans sentir ses os se disloquer.

- Bah alors ? Qu'est-ce qu'il se passe ma puce ?

- Tom il est sorti et moi je veux prendre un bain !

Le brun ouvrit grand ses yeux et éclata d'un rire que Tom aurait certainement voulu entendre lui aussi.

- Toi ? Mais tu détestes prendre ton bain !

- Oui mais je veux prendre un bain maintenant. Je veux que toi tu me donnes mon bain.

- Bon, d'accord, si tu me montres ce que je dois faire.

Bill n'était plus très doué avec les enfants, et donner son bain à la petite résultait d'une certaine épreuve pour lui. Mais il ne pouvait rien lui refuser et elle le savait bien puisqu'elle en jouait. L'enfant lui ordonna alors de se rendre dans la cuisine, où le jeune homme, grâce aux instructions de sa cadette, fit chauffer de l'eau pour la verser dans la grande bassine qui servait de baignoire à la petite. Ils attendirent un instant que l'eau bouillante refroidisse, et Bill s'approcha de Solange pour l'aider à se déshabiller. Ni une ni deux, elle se retrouva en petite culotte rose et en chaussette blanches plus du tout blanches. L'ancien déporté voulut l'aider à retirer son dernier vêtement, mais elle le stoppa net.

- Nah. Tu vas voir mon zizi après. Y'a que moi et Tom qui a le droit.

- Ma puce, tu n'as pas de zizi." rit doucement le plus âgé des deux, se rappelant où ledit "zizi" l'avait emmené.

- Ah bon ? Mais j'ai quoi alors ?" demanda-t-elle bien intriguée par la révélation de son père.

Père qui d'ailleurs, se trouva démuni, et dépourvu de toute réponse. Il n'avait jamais su comment agir avec les enfants, et n'avait rien à répondre à cette gamine. Il ne voulait pas lui répondre clairement, cela casserait bien trop son insouciance. C'était curieux que Tom ne lui ait jamais expliqué. Peut-être fallait-il préserver cette naïveté encore un peu.

- Bon, pour cette fois, on va dire que tu as un zizi, d'accord ? Si tu veux je me retourne le temps que tu enlèves ta culotte et que tu rentres dans l'eau, ça te va ?