XXVII.

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« Besoin de te dire,

Te souffler d'une brise

Qui se transforme en vent

Que je t'aime sans regrets

Que je t'aime sans retenues

Besoin que tu saches,

Que cet ouragan

Que j'héberge loin en moi

Dans le bleu de mon sang

Est incontrôlable et tristement violent

Besoin que tu comprennes

Que je te rêve encore

Que j'ai senti des corps transpirer pour le miens

Que cette vie tranquille dont j'espère le droit

Est encore si fragile, battante entre mes doigts,

Sans que je ne puisse la prendre

Besoin que tu m'expliques

Comment vivre après ça

Comment me détacher de l'acier dans mon ventre

Comment te donner ce que tu désirerais

Comment me faire aimer si je ne m'aime pas moi-même

Comment sécher ces larmes qui ne cessent de couler

Comment ne plus pleurer dans le fond de ton cœur qui s'affole en mon nom et hurle de douleur chaque fois que j'offre un son

Je t'aime et te chéris mais je ne peux que fuir, pardonne moi pour cette vie que je n'ai pu t'offrir et ces mots maladroits que je t'écris maintenant.

Bill »

Tom serrait le papier fin entre ses doigts, qui sentait encore le parfum de son âme, cette odeur si sucrée qui en devenait presque acide lorsqu'ils se détestaient. Il tenta de prendre la mesure des mots du plus jeune, en vain. Il n'arrivait pas à se rendre compte du déluge qu'il avait déclenché la veille, à travers ses simples reproches. Mais le pas que venait de faire Bill vers lui était inestimable. Bien 4 ans que le jeune homme ne lui avait pas écrit, et qu'il ne lui avait rien écrit en retour. Mais il lui avait écrit un poème. Pas une lettre d'excuse, un mot gentil ou une simple chanson. Bill avait choisis l'art le plus délicat qui soit et bien entendu par-dessus tout le préféré de Tom. Le soldat en tremblait, touché par chacune des formulations que le plus jeune avait cherchées pour lui. Mais l'histoire en sous-texte le bousculait plus encore, tant elle dégageait de détresse. Une phrase en particulier perturbé Tom, qu'il avait relevé malgré sa tête encore pleine de sommeil ; « Que j'ai senti des corps transpirer pour le miens ». Si elle voulait dire ce que Tom soupçonnait, il ne saurait pas comment vivre après ça. Il était maintenant en colère, une colère noire et violente pour ceux qui lui avait volé son Bill heureux. Et surtout pour ces chiens qui avaient osé poser leurs mains ou leurs regards sur lui. Tom se sentait mal, coupable, de ne pas avoir compris l'origine de ce mal-être avant. Il aurait dû réaliser à quel point sa présence pouvait chambouler l'ancien déporté. Il aurait dû le rejoindre dans ce camp et tuer chacun des monstres qui auraient ne serait-ce que penser à... Le jeune homme ne pouvait même pas prononcer ces mots. L'horreur d'un Bill abusé était bien trop nette, et la jalousie maladive ainsi que le dégout prenait part de tout son être. Comment une personne aussi belle douce et adorable que son amant avait pu être corrompue à ce point, et surtout, comment avaient-il pu lui faire autant de mal et de cette façon, à lui ? Il était sa lumière et ils l'avaient ternie et ça Tom ne le pardonnerait à personne. Il réclamait justice et ne voulait qu'une chose ; revenir en arrière et sauver son homme de ces enfoirés. Cette vision lui revenait en tête, faisant couler quelques sanglots. Il n'y croyait pas, pas Bill, pas lui.

Je t'attendrai.Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ